

Liberia : Assemblée nationale, nouvelle impasse malgré l'arbitrage de la Cour suprême, Koffa confirmé président, Koon disqualifié
Fonati Koffa, le président de l’Assemblée, Sie-A-Nyene Yuoh, la présidente de la Cour suprême, et Richard Koon, le député autoproclamé président (ph)
La crise de leadership qui s’est installée à la Chambre des représentants (Assemblée nationale) au Liberia est loin d’avoir révélé toutes ses surprises malgré que la Cour suprême, l'instance suprême du pays en matière de justice, ait rendu sa décision sur le projet de loi d'information relatif à l'impasse actuelle dans l’hémicycle.
L’impasse faite suite à la décision rendue par la présidente de la Cour suprême, Sie-A-Nyene Gyapay Yuoh, le mercredi 23 avril 2025 à Monrovia.
Dans sa décision, la Cour a réaffirmé la légitimité constitutionnelle de Jonathan Fonati Koffa comme étant le président de l’Assemblée nationale et a statué que que toute séance législative ou décisionnelle convoquée sans la présidence du président dûment élu, présent et en pleine incapacité, viole la Constitution du pays.
La décision de la Cour suprême aussitôt rendue a suscité des avis et réactions contraires à la solution jugée conforme aux dispositions de la Constitution. Si en premières réactions, le président confirmé de la Chambre des représentants, Fonati Koffa, a appelé à la réconciliation, à l'unité et la fin de la longue lutte pour le pouvoir législatif, ses adversaires politiques ne comptent ne comptent pas se capituler.
Déclaration ambiguë du Président Boakai
La déclaration du Boakai est intervenue 24 heures après que la Cour suprême ait rendu un avis décisif invalidant l'élection du député Richard Koon à la présidence de l’Assemblée nationale.
Dans une déclaration à la nation le jeudi 24 avril 2025, le Président Joseph Nyuma Boakai a déclaré avoir pris acte de la décision de la Cour suprême mais que « nous devons tous constater que le problème de la Chambre des représentants demeure entier ».
Devant cette impasse, Boakai a déclaré que son « gouvernement a déjà lancé de vastes consultations avec les acteurs nationaux concernés afin de déterminer la voie à suivre la plus appropriée et la plus constitutionnellement viable » et que son administration donnera la priorité au bon fonctionnement du gouvernement plutôt qu'au conflit de leadership qui mine l’Assemblée. En attendant, il a fait connaitre être prêt à collaborer avec tout groupe parlementaire ayant la majorité.
Contestations
Se sentant peut être défavorisé par la décision rendue par la Cour suprême, le député Richard Koon devenu le président de fait de l’Assemblée a rejeté la décision dans son intégralité, accusant la Cour d'excès de pouvoir.
Dans un communiqué publié au nom de l’Assemblée nationale le mercredi peu après l’arbitrage de la Cour, le président Koon a affirmé que la décision constitue « une violation flagrante et audacieuse de la doctrine de la séparation des pouvoirs ». De ce fait, Koon a déclaré que l’Assemblée ne se pliera pas à ce qu'il a qualifié d'« intrusion audacieuse » dans ses affaires internes. Il a prévenu que la plénière ne reconnaîtra pas Koffa en ces termes « En aucun cas, la plénière ne permettra à l'honorable Koffa de présider ».
L'honorable Koon et certains députés de la 55e législature ont déposé une requête en devant la Cour suprême, cherchant à annuler la décision récente qui, selon eux, contient de graves erreurs de droit et de fait.
En plus de cette requête, les plaignants accusent la Cour suprême d'outrepasser son autorité et d'interférer dans les affaires internes du pouvoir législatif, en violation de la doctrine de la séparation des pouvoirs.
Décision de la Cour suprême
La Cour suprême du Liberia a invalidé le 23 avril dernier l'élection du député Richard Koon à la présidence de l’Assemblée et déclaré inconstitutionnelles, non autorisées et sans effet juridique les mesures législatives prises par son soi-disant « Bloc majoritaire ».
La Cour a exprimé sa profonde préoccupation quant à l'existence de deux sessions législatives parallèles, l'une dirigée par le président Koffa et l'autre par le député Koon, qualifiant ce dernier de « bloc majoritaire autoproclamé » opérant en dehors des limites constitutionnelles.
Le député Koon, soutenu par plus de 40 élus à l’Assemblée, revendique sa légitimité grâce à sa force numérique. Cependant, la Cour suprême, citant les articles 33 et 49 de la Constitution de 1986, a statué que le quorum doit non seulement refléter une majorité numérique, mais aussi être présidé par le président dûment élu ou, en son absence, par le vice-président.
Dans sa décision finale, la Cour suprême a annulé les mesures législatives adoptées par le Bloc majoritaire dirigé par Koon. Parmi les principaux actes déclarés nuls par la Cour figure l'adoption du budget national pour l'exercice 2025. Koffa a salué cette décision, la qualifiant de victoire pour l'État de droit.
Appel de Weah à Boakai
Au regard de la décision judiciaire rendue, l’ancien Président George Weah a déclaré sans équivoque que les actions du soi-disant Bloc majoritaire à la Chambre sont inconstitutionnelles et illégales.
De ce fait, Weah a lancé un appel au pouvoir à se plier à la décision de la Cour suprême. Pour son appel, Weah a déclaré que « J'appelle le Président Joseph Boakai et son administration à respecter cette décision et à faire respecter l'ordre constitutionnel. Ignorer ou rejeter l'autorité de notre pouvoir judiciaire porte atteinte à la souveraineté de notre Constitution et met en péril notre paix collective, avec des conséquences désastreuses »
Interrogations et grogne
La déclaration du Président Boakai, après la décision de la Cour suprême qui reconnait la légitimité du président Koffa, suscite un malaise parmi les constitutionnalistes et les politiciens de l'opposition, dont beaucoup estiment que la position du Président pourrait encourager la défiance envers le pouvoir judiciaire.
Ses critiques affirment qu'en choisissant de collaborer avec n'importe quel groupe réunissant le quorum a l’Assemblée, quel que soit le président, Boakai risque de saper l'autorité de la Cour suprême et de créer un précédent en matière d'adhésion sélective à la Constitution. Cette situation doit interpeller la CEDEAO qui avait appelé toutes les parties à soumettre à la décision de la Cour suprême.
Ajoutons que quatre partis politiques de l’opposition, le Congrès pour le Changement démocratique (CDC), le Congrès National Alternatif (ANC), le Mouvement pour l’Autonomisation Economique (MOVEE) et le Mouvement des Citoyens pour le Changement (CMC), ont lancé le vendredi un appel pressant au Président Joseph Boakai à revenir d’ici mardi prochain sur sa déclaration minimisant la décision de la Cour suprême, qui a déclaré illégales les actions du député Richard Koon.
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria
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