Face à l'accumulation de déchets dans les principales métropoles camerounaises, la mobilisation sans précédent du ministère de l’Habitat et du développement urbain a permis d'évacuer plus de 53 000 tonnes d'ordures en moins d'un an.

En l'espace de dix mois seulement, les autorités camerounaises ont orchestré une série d'interventions baptisées « Opérations Coup de Poing ». Ces actions, initiées par le ministère de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu), ont ciblé prioritairement les axes stratégiques de Yaoundé et Douala, étouffés par l'omniprésence de dépotoirs sauvages.

L'ampleur de la mobilisation témoigne de la gravité de la situation, le ministre a dû plaider auprès du ministère des marchés Publics et du ministère des Finances pour déclencher des procédures exceptionnelles. Cette démarche a permis de réactiver Hysacam, opérateur historique de collecte des déchets au Cameroun depuis quatre décennies, et de mobiliser un second acteur, Tchycloff.

Opération en trois phases

La campagne d'assainissement s'est déployée en trois temps stratégiques : Du 18 juillet au 24 août 2024 : évacuation de 12 000 tonnes de déchets. Du 15 janvier au 21 février 2025 : collecte de 33 000 tonnes supplémentaires. Du 27 mars au 4 avril 2025 : retrait de 8 300 tonnes additionnelles

Si le bilan chiffré de 53 300 tonnes évacuées impressionne, il met également en lumière l'ampleur du défi quotidien. À Yaoundé uniquement, la production de déchets augmente d'environ 20 000 tonnes annuellement, avec une génération quotidienne estimée à 3 000 tonnes. Pourtant, à peine 45% de ces déchets sont effectivement collectés dans le cadre contractuel habituel.

Au-delà de l'urgence, repenser l'économie des déchets

Malgré l'amélioration visible de la situation, les autorités reconnaissent que l'équilibre reste fragile. Le véritable enjeu dépasse largement le cadre des interventions d'urgence et appelle à une transformation profonde de l'approche même de la gestion des déchets.

L'avenir semble désormais s'orienter vers un changement de paradigme : considérer les déchets non plus comme une charge pour la collectivité, mais comme une ressource potentielle intégrée dans un écosystème économique viable. Cette vision circulaire nécessitera des investissements ciblés, une implication renforcée des collectivités locales et une participation active des citoyens.

Les « Opérations Coup de Poing », si elles ont permis de respirer momentanément, constituent surtout un laboratoire grandeur nature pour élaborer une stratégie durable face à un problème qui, sans transformation structurelle profonde, ne fera que s'amplifier avec l'urbanisation croissante des métropoles camerounaises.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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