Plus de 250 ressortissants camerounais ont été refoulés entre lundi et mardi à la frontière de Kye-Ossi, dans le Sud du Cameroun, à la suite d’un incident survenu entre commerçants des deux nationalités.

Selon plusieurs sources locales, cette mesure, orchestrée par les autorités équato-guinéennes, a ciblé aussi bien des personnes en situation irrégulière que des Camerounais parfaitement en règle avec la législation locale. Des témoins évoquent une opération expéditive, menée sans distinction ni respect des statuts administratifs.

Un responsable camerounais, contacté par téléphone, confirme que l’origine de cette crise remonte à une rixe violente entre commerçants camerounais et guinéens. Ce différend, d’apparence banale, aurait dégénéré en affrontement physique, poussant les autorités locales à prendre des mesures de rétorsion généralisées.

Ce n’est pas la première fois que la Guinée équatoriale procède à des expulsions de grande ampleur. En 2024 déjà, plusieurs vagues similaires avaient provoqué l’indignation à Yaoundé, d’autant que les opérations étaient souvent menées de manière arbitraire, sans respect des droits fondamentaux. Le statut légal des expulsés semble systématiquement ignoré par les forces de sécurité équato-guinéennes.

Plus inquiétant encore, plusieurs témoignages recueillis auprès des expulsés font état de pillage et de confiscation de biens personnels. Des commerçants affirment avoir perdu argent, marchandises et effets personnels au cours de l’opération. Certains parlent même de violences physiques et d’humiliations.

Ces pratiques soulèvent de sérieuses interrogations quant au respect des conventions bilatérales et au traitement réservé aux ressortissants étrangers en Guinée équatoriale. Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée du côté des autorités de Malabo, mais à Yaoundé, des voix s’élèvent déjà pour exiger des explications et appeler à une riposte diplomatique ferme.

Alors que les relations entre les deux pays s’étaient quelque peu apaisées ces dernières années, cet épisode pourrait bien raviver des tensions anciennes, sur fond de nationalisme économique et de xénophobie latente.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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