

Côte d'Ivoire : Digitalisation des économies informelles en Afrique urbaine, la problématique au coeur d'un colloque international réunissant plus d'une cinquantaine d'experts à l'UFHB
L’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan accueille du 14 au 16 mai 2025 un important colloque international et interdisciplinaire sur le thème : « Trajectoires sociales à l’ère de la digitalisation des économies informelles en Afrique urbaine ». Organisé par le Laboratoire des Sciences de la Communication, des Arts et de la Culture (LSCAC) de l’UFRICA, en partenariat avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), ce colloque vise à offrir un cadre d’échange scientifique, institutionnel et pratique autour des mutations socioéconomiques induites par la digitalisation dans les milieux urbains africains.
Alors que l’économie informelle constitue la principale source de revenu pour 50 à 89 % de la population active en Afrique (OIT, 2023), l’essor du numérique redéfinit profondément les dynamiques sociales et économiques.
L'utilisation croissante des technologies mobiles, des réseaux sociaux, des plateformes de paiement et des applications de services crée de nouvelles opportunités pour les citadins, tout en soulevant des défis majeurs : précarisation, invisibilité juridique, ou encore risques de dérives numériques.
Bogui Jean-Jacques, maître de conférences et président du comité d’organisation, a affirmé, ce lundi au cours d'une conférence de presse tenue à l'université Félix Houphouët-Boigny, ce colloque est une « occasion unique de poser un regard empirique et critique sur les façons dont l’usage des technologies redessine les contraintes et les opportunités dans les économies informelles urbaines ».
Plus d’une cinquantaine de chercheurs et praticiens venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord interviendront autour de sept axes thématiques majeurs.
Il s'agit de "Influenceurs et réseaux sociaux numériques", de "Commerce en ligne (biens et services licites ou illicites), de "Jeux d’argent et jeux vidéo en ligne", de "Services affectifs et/ou sexuels via des plateformes" de "Fraude et trafic humain numériques", de "Intelligence Artificielle et économies informelles" et d'"Autres dynamiques émergentes liées à la digitalisation"
Le colloque vise également à établir un état des lieux des connaissances, à favoriser la coopération internationale et à stimuler la recherche appliquée, en particulier sur les formes émergentes de travail informel et les nouveaux métiers liés à la transformation numérique en Afrique.
Présente à cette rencontre, Coumba Diop, Directrice du Bureau pays de l’OIT, a réaffirmé l’engagement de son institution à accompagner les transitions numériques pour une intégration inclusive des travailleurs informels.
Elle a insisté sur l’importance de saisir cette opportunité pour faire avancer l’agenda du travail décent.
« Si neuf travailleurs sur dix sont dans l’économie informelle, alors l’agenda du travail décent doit absolument les inclure. La digitalisation peut être un levier puissant, mais à condition d’être accompagnée de régulations et de politiques publiques adaptées», a-t-elle déploré.
Mme Diop a souligné cinq enjeux prioritaires pour l’OIT dans ce contexte, comprendre l’impact de la digitalisation sur la formalisation, évaluer les opportunités et les risques pour le travail décent, identifier des politiques publiques innovantes, intégrer le numérique dans les stratégies nationales de formalisation et renforcer le dialogue social
Elle a conclu en appelant à la co-construction de solutions locales, africaines et inclusives, à travers des partenariats renforcés entre chercheurs, décideurs et acteurs de terrain.
L’Afrique est aujourd’hui à la croisée des chemins, marquée par une forte pénétration des technologies numériques et une persistance de l’économie informelle.
Ce colloque, soutenu par des partenaires tels que l’UNESCO, l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire, l’ESATIC, l’ISTC Polytechnique, ainsi que les ministères ivoiriens de la Digitalisation et de l’Emploi, ambitionne de renforcer la visibilité des pratiques informelles numériques et de valoriser les innovations locales.
Comme l’a souligné le Président du comité d’organisation, « la digitalisation de l’économie informelle n’est pas une utopie. Elle est déjà en marche. L’Afrique possède les atouts pour devenir un continent leader en matière d’inclusion numérique informelle. »
Ce rendez-vous scientifique se positionne ainsi comme un jalon essentiel dans la réflexion sur le futur du travail, des droits sociaux et du développement inclusif en Afrique à l’ère du numérique.
Wassimagnon


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