

Cameroun : Un sursis qui choque la nation, l'indignation gronde après la libération du meurtrier d'une enseignante
La victime Diane Yango et son époux (ph)
L'affaire Diane Yango soulève une vague d'indignation sans précédent au Cameroun. Le 1er avril 2025, le Tribunal de Grande Instance du Wouri a rendu un verdict qui laisse la population et la communauté éducative sous le choc : Éric Bekobe, reconnu coupable du meurtre de son épouse, enseignante au lycée bilingue de Nylon Ndogbassi à Douala, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis et une amende dérisoire de 52.000 FCFA.
Cette décision signifie que l'homme, après avoir passé seulement 16 mois en détention, retrouve sa liberté, tandis que Diane Yango, victime de violences conjugales ayant entraîné sa mort en 2023, laisse derrière elle trois enfants désormais orphelins de mère.
Réactions
Le Syndicat National des Enseignants du Supérieur (Synes) a réagi avec véhémence à travers une déclaration officielle publiée le 4 avril 2025. « Le Synes est fortement préoccupé par le message renvoyé par cette décision de justice", peut-on lire dans le document signé par le Secrétaire National aux Affaires Juridiques » le Professeur Patrick Juvet Lowé G.
De nombreux camerounais pensent que cette affaire révèle les défaillances du système judiciaire au Cameroun face aux féminicides et aux violences conjugales. Le syndicat souligne qu'il est « de devoir des autorités judiciaires de s'expliquer et communiquer au peuple » sur un verdict considéré comme symptomatique d'une « justice molle, non crédible et favorable aux féminicides ».
L'opinion publique gronde
Dans les médias comme sur les réseaux sociaux, la colère est palpable. « Une vie brisée, une famille en deuil, une société indignée... et un assassin libre », résument de nombreux commentaires. Le cas Diane Yango est devenu le symbole d'un système judiciaire perçu comme défaillant face aux violences faites aux femmes.
« Il n'y a qu'au Cameroun qu'on peut tuer quelqu'un et s'en sortir avec juste cinq ans avec sursis et une amende de 52.000 FCFA », s'indignent de nombreux citoyens, rappelant la célèbre phrase : « ce qu'il faut pour triompher du mal n'est pas de faire mais encore que faire soit un et se faire ».
Des menaces de grève
Face à ce qu'il considère comme une injustice flagrante, le Synes envisage des actions concrètes, allant jusqu'à menacer de recourir à la grève. Le syndicat exprime « une attention particulière à cette affaire » et promet de suivre avec vigilance les suites qui seront données.
Cette mobilisation témoigne de l'importance symbolique que prend cette affaire, dépassant le cadre d'un simple fait divers pour questionner fondamentalement le rôle de la justice et la protection des femmes victimes de violences conjugales dans le pays.
Un appel à l'action
« Aujourd'hui, nous élevons nos voix pour elle, pour toutes celles qui ont perdu la leur sous les coups de leur bourreau », déclarent les défenseurs des droits des femmes. Le message est clair : la justice doit être équitable, ferme et protectrice, non pas complice d'impunité.
L'affaire Diane Yango pourrait marquer un tournant dans la prise de conscience collective concernant les féminicides au Cameroun, alors même que le pays a adopté en 2023 la Convention de l'Union Africaine visant à mettre fin à la Violence à l'égard des Femmes et des Filles. Pour beaucoup, ce verdict interroge directement la capacité du système judiciaire camerounais à protéger les personnes vulnérables et les femmes en particulier.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com


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