L’endettement public est un sujet souvent abordé avec inquiétude dans les débats économiques, notamment en Côte d'Ivoire, où certains le considèrent comme une menace pour la stabilité financière du pays. Pourtant, selon Docteur Alioune Bakayoko, conseiller municipal à Abobo, une gestion prudente et stratégique de la dette peut se transformer en un levier puissant pour la croissance économique et la modernisation des infrastructures.

À l’instar de nombreux pays émergents qui ont utilisé l’endettement comme un outil pour accélérer leur développement, la Côte d'Ivoire adopte une démarche similaire. Des pays comme les Émirats Arabes Unis, la Chine, ou encore le Brésil ont démontré qu’une gestion judicieuse de la dette publique, surtout lorsqu’elle est investie dans des projets structurants, peut propulser un pays vers une croissance soutenue.

Dr Alioune Bakayoko insiste sur le fait que l’endettement public n’est pas intrinsèquement nuisible. Ce qui en détermine la portée, c’est l’utilisation des fonds empruntés. En effet, la Côte d'Ivoire, avec un taux d’endettement estimé à 55 % du PIB en 2024, reste bien en deçà de la limite des 70 % recommandée par la CEDEAO.

Cette situation est à comparer à des économies plus développées comme la France et les États-Unis, qui affichent des taux de 112 % et 123 % respectivement. D'autres exemples comme celui de Singapour, avec un taux d’endettement de 128 %, montrent que l’endettement peut être une voie vers la prospérité, à condition d’investir judicieusement.

Pour Dr Alioune Bakayoko, ce qui distingue la Côte d'Ivoire est la manière dont le pays gère sa dette. L’investissement dans des projets d’infrastructure et la modernisation des services publics permettent non seulement de soutenir l'économie à court terme, mais aussi de créer des bases solides pour un développement à long terme. 

Le financement de grandes infrastructures, telles que l’extension du Port d’Abidjan, les nouveaux barrages hydroélectriques et la construction de routes et de ponts, sont des exemples de la façon dont le pays transforme sa dette en investissements productifs.

En outre, le gouvernement ivoirien privilégie des financements concessionnels, en obtenant des prêts à des taux préférentiels auprès d’institutions internationales comme la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement. Cette approche réduit les risques liés à la dette tout en permettant de financer des projets stratégiques.

Les résultats de cette politique sont déjà visibles : la Côte d'Ivoire connaît une croissance économique soutenue, avec un taux moyen de 7 % depuis 2012. Cette performance se traduit par une réduction notable du taux de pauvreté, qui est passé de 55 % en 2011 à 39,5 % en 2023.

En outre, des projets d’infrastructure emblématiques, tels que l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké et le métro d’Abidjan, contribuent à renforcer l’attractivité du pays et à attirer des investissements directs étrangers, faisant de la Côte d'Ivoire le premier récipiendaire de ces investissements en Afrique de l’Ouest.

Docteur Alioune Bakayoko souligne que l’endettement, s’il est bien géré, peut ainsi devenir un catalyseur de la transformation économique du pays. L’exemple des Émirats Arabes Unis, de la Chine et de Singapour montre que l’endettement peut être une stratégie efficace, à condition que les fonds soient utilisés pour financer des projets qui génèrent une valeur ajoutée à long terme.

Le véritable enjeu, selon lui, n’est pas l’endettement en soi, mais bien l’utilisation qui en est faite. Si la Côte d'Ivoire continue sur cette voie avec une gestion rigoureuse, elle pourrait se positionner comme un modèle économique en Afrique de l’Ouest.

En conclusion, loin de constituer un fardeau, l’endettement bien maîtrisé est un levier stratégique pour la transformation économique de la Côte d'Ivoire. 

Grâce à une gestion prudente de la dette et à des investissements ciblés dans les infrastructures et la production, le pays est en bonne voie pour consolider sa croissance et devenir un acteur majeur de l’économie mondiale.

Wassimagnon