

Côte d'Ivoire : Litige foncier Akoupé-Zeudji, les organisateurs des squats illégaux auditionnés font des aveux
À Akoupé-Zeudji, une affaire d’occupation illicite de terrains appartenant au Fonds de prévoyance militaire (FPM) révèle les tensions entre développement urbain et respect des droits fonciers.
Placés au cœur d’une enquête judiciaire, plusieurs individus soupçonnés d’avoir orchestré ces installations frauduleuses ont été entendus par la gendarmerie. Au fil des interrogatoires, des aveux troublants ont émergé, mettant en lumière un système organisé de spéculation et de tromperie.
Les premiers éléments de l’enquête indiquent que certains suspects ont reconnu avoir vendu des parcelles sans détenir d’Arrêté de Concession Définitive (ACD), un document indispensable pour légitimer de telles transactions.
Pire, ils auraient tenté d’obtenir ce sésame administratif avant de découvrir que le terrain était déjà attribué au FPM. Cette révélation ouvre la voie à des accusations d’escroquerie foncière, voire d’association de malfaiteurs, tandis que des acheteurs, lourdement endettés pour construire sur ces lots, se retrouvent piégés dans une spirale judiciaire.
L’enquête a aussi mis en cause une société baptisée accusée d’avoir loti illégalement des zones protégées par l’ACD du FPM. Cette entreprise, désormais dans le collimateur de la justice, aurait profité de la confusion entre droits coutumiers, pratiques informelles et lenteurs administratives pour monter un réseau lucratif.
Les gendarmes, déterminés à démanteler ce schéma, ont confronté les responsables des occupations à cinq questions-clés restées sans réponse : autorisation d’aménagement du site, approbation du plan de lotissement, détention de l’ACD, permis de construire et acte notarié d’achat. Face à ce mutisme, les suspects ont finalement été relâchés tardivement, mais demeurent sous surveillance.
Au-delà des procédures pénales, cette affaire soulève un défi structurel. Le projet de lotissement de 910 hectares, censé dynamiser l’urbanisation et attirer les investisseurs, se heurte à une réalité : la porosité du système foncier ivoirien. Entre chevauchements de droits, corruption et méconnaissance des lois, l’État tente de reprendre le contrôle. Le Code foncier et le Code pénal, instruments de cette reconquête, prévoient des sanctions sévères pour les contrevenants, mais leur application butte contre des pratiques ancrées.
La zone d’Akoupé-Zeudji, stratégique pour le développement économique, cristallise ces enjeux. Les autorités insistent : il s’agit d’éviter que cette région ne sombre dans l’illégalité, menaçant la crédibilité des projets d’aménagement.
Pour les victimes de ces arnaques, souvent des familles ayant investi leurs économies, l’espoir réside dans un règlement équitable. L’État, quant à lui, doit désormais prouver que la lutte contre l’anarchie foncière n’est pas un slogan, mais une priorité pour protéger à la fois les droits légitimes et l’avenir économique du pays.
Jean Chresus, Abidjan


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