

Cameroun : Scandale au commissariat d'Ekounou, un député dénonce des abus policiers et la torture d'un citoyen
Mindjom Christine Commissaire Centrale au commissariat d'Ekounou (Ph)
Un document transmis émanant de l'Assemblée Nationale du Cameroun révèle une affaire troublante d'abus policiers présumés au Commissariat Central N°4 d'Ekounou à Yaoundé. Dans une lettre datée du 18 mars 2025, un député dénonce le traitement inhumain et dégradant infligé à Hiek Joseph Martial, accusé d'un vol de téléphone qu'il nie fermement.
Des abus policiers systématiques
Le document révèle plusieurs formes d'abus policiers particulièrement graves. Tout d'abord, l'arrestation elle-même semble s'être déroulée sans mandat ni procédure légale, selon le document. L'inspecteur BEKONO aurait interpellé Hiek Joseph Martial sur la voie publique sur la base d'une simple accusation verbale, sans preuve tangible, lit-on dans la correspondance adressée à Martin Mbarga Nguélé le délégué générale à la sûreté nationale (DGSN, patron de la police).
La violence physique constitue l'abus le plus flagrant dénoncé dans le document. Selon le témoignage, dès son arrivée au commissariat, le jeune homme aurait été « violemment battu par une horde de policiers »- une pratique bien courante au Cameroun-, avant d'être incarcéré.
« Ces violences auraient causé des traumatismes importants, notamment au niveau du tympan et des côtes, nécessitant par la suite l'achat d'anti-inflammatoires pour soulager ses douleurs », poursuit le député Peter William Mandio.
Détention arbitraire
La détention arbitraire représente un autre abus majeur évoqué. Hiek Joseph Martial aurait été maintenu en cellule pendant quatre jours consécutifs sans être auditionné, en violation complète des procédures légales qui exigent une présentation devant un magistrat dans un délai bien plus court. Durant cette période, il a été coupé de tout contact extérieur, sans possibilité de communiquer avec sa famille ou un avocat.
L'obstruction à la défense constitue également un abus significatif mis en exergue. Lorsque la famille a engagé Maître FENDJU MONKE Eric, la Commissaire Centrale aurait refusé de le recevoir, le renvoyant vers un enquêteur. Plus tard, l'avocat se serait vu refuser le droit d'assister à l'audition de son client, en violation directe des droits de la défense.
Des actes de torture caractérisés
Les faits décrits dans le document correspondant à la définition juridique de la torture selon les conventions internationales. La torture se caractérise par l'infliction délibérée de souffrances aiguës, physiques ou mentales, par des agents de l'État dans le but d'obtenir des informations, des aveux, ou d'intimider.
Dans le cas présent, Hiek Joseph Martial aurait subi des violences physiques sévères ayant entraîné des « traumatismes au niveau du tympan et des côtes. » Ces blessures ne sont pas accidentelles mais résultent d'une action délibérée et concertée, qualifiée dans le document de passage à tabac par « une horde de policiers. »
L'isolement prolongé constitue également une forme de torture psychologique. Pendant quatre jours, la victime a été maintenue sans contact avec l'extérieur, sans pouvoir communiquer avec sa famille ou son avocat, dans un état d'incertitude totale quant à son sort. Cette technique d'isolement est reconnue comme une forme de pression psychologique intense.
La question de la torture est directement abordée dans le document lorsque l'auteur interroge la Commissaire Centrale: « Pourquoi a-t-elle autorisé la torture dans ses services? » Cette accusation frontale souligne la gravité des faits reprochés et leur caractère systémique plutôt qu'accidentel.
Plus troublant encore, la tentative présumée de dissimuler les preuves de torture par l'établissement forcé d'un certificat médical contestable suggère une conscience claire de l'illégalité des actes commis. L'extraction « manu militari » du détenu pour cette procédure, sans information préalable de la famille ou de l'avocat, renforce cette impression de manœuvre délibérée pour effacer les traces de sévices.
Une détention illégale aux multiples violations
La détention de Hiek Joseph Martial présente de nombreux aspects d'illégalité au regard des normes juridiques nationales et internationales. D'abord, l'absence de base légale solide pour l'arrestation constitue le premier vice de procédure. L'interpellation s'est faite sur une simple accusation verbale, sans flagrant délit ni mandat d'arrêt.
Le document souligne qu'aucune plainte formelle n'avait été déposée contre le jeune homme, ce qui rend sa détention d'autant plus contestable juridiquement. Ce fait n'aurait été découvert que tardivement, lors de l'intervention de l'avocat, suggérant une détention basée sur des allégations plutôt que sur des faits établis.
La durée excessive de la garde à vue représente une violation flagrante des droits. Quatre jours sans audition dépassent largement les délais légaux camerounais. La question posée dans le document est éloquente: « Comment peut-on garder un citoyen en cellule pendant 4 jours sans l'auditionner? »
L'absence de notification des droits et d'accès à un avocat constitue une autre violation majeure. Le droit à la défense est un principe fondamental qui a été manifestement ignoré dans cette affaire. L'avocat engagé par la famille s'est vu refuser l'accès à son client et n'a pas pu assister à son audition tardive.
La justification avancée par la Commissaire Centrale concernant une supposée « coupure d'électricité à Ekounou pendant 4 jours » pour expliquer l'absence d'audition apparaît comme un prétexte fallacieux qui ne saurait légitimer une détention prolongée sans base légale.
Enfin, l'extraction forcée du détenu pour l'établissement d'un certificat médical sans informer ni la famille ni l'avocat constitue une nouvelle violation des droits de la défense et suggère une tentative de manipulation des preuves.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com


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