

Côte d'Ivoire : Transport Terrestre et TVA de 18 %, une association patronale dénonce une bombe à retardement
Les responsables de l'APETT-CI devant la presse (Ph Koaci)
Quatorze mois après avoir dénoncé l’application d’une TVA de 18 % sur l’achat de billets de transport, l’Association Patronale des Entreprises de Transport Terrestre de Côte d’Ivoire (APETT-CI) a relancé le débat lors d’une conférence de presse tenue hier jeudi 6 mars 2025, à son siège à Dokui. Cette rencontre avait pour but d’exprimer à nouveau les inquiétudes du secteur face à cette mesure fiscale, jugée lourde de conséquences pour l’économie du transport.
Introduite dans l’annexe fiscale de 2024, cette taxe s’applique aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires d’au moins 200 millions FCFA. Depuis son instauration, l’APETT-CI ne cesse d’alerter sur son impact, notamment l’augmentation des tarifs pour les usagers et la pression financière grandissante sur les transporteurs.
Blanche Auxence Assemian, secrétaire à l’information de l’APETT-CI, a détaillé les répercussions de cette TVA. "Un billet Abidjan-Odienné, aujourd’hui à 12 000 FCFA, pourrait grimper à 14 160 FCFA, et le trajet Abidjan-Bouaké passerait de 7 000 FCFA à 8 260 FCFA", a-t-elle expliqué. Elle a souligné que si l’État a besoin de ressources fiscales, une telle flambée des prix risque d’affaiblir le secteur du transport et de peser sur le pouvoir d’achat, surtout pour les populations des zones rurales.
En plus de cette taxe, les transporteurs doivent déjà composer avec la hausse des prix du carburant et des frais réglementaires. Malgré ces charges croissantes, les entreprises du secteur ont maintenu des tarifs stables grâce à des compromis avec les autorités. "Nous souhaitons un dialogue avec le gouvernement pour mettre en place une transition progressive. Nous ne sommes pas contre l’impôt, mais il faut une approche adaptée pour éviter la faillite des entreprises", a insisté Assemian.
Un autre point soulevé concerne l’équité de cette mesure, qui touche uniquement les entreprises au-dessus du seuil de 200 millions FCFA de chiffre d’affaires. Cela pourrait créer une distorsion de concurrence, favorisant les acteurs informels et compliquant encore plus la situation.
Après un conclave de trois jours, l’APETT-CI s’apprête à formuler ses recommandations. Dembélé Brahima, vice-président de l’association, a exprimé sa frustration face aux démarches infructueuses auprès de la Direction Générale des Impôts. "Nous avions demandé une campagne de sensibilisation pour expliquer que la hausse des tarifs est une obligation légale, et non une décision des transporteurs. Mais nous n’avons jamais obtenu de réponse", a-t-il déploré.
Dans l’attente d’une réaction des autorités, l’incertitude demeure. "Nous avons retardé l’application de nouveaux tarifs, mais avec l’imposition de cette taxe en 2025, nous sommes dos au mur", a-t-il conclu.
Face à un secteur déjà en difficulté, les autorités devront trancher rapidement afin de concilier impératif fiscal et viabilité économique. Une absence de réponse pourrait provoquer une crise du transport terrestre en Côte d’Ivoire, avec des répercussions sur l’ensemble de l’économie nationale.
Jean Chresus, Abidjan


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