

Côte d'Ivoire : Nouvelle ordonnance sur la société civile, les chrétiens évangéliques, protestants et méthodistes craignent une confiscation de la liberté religieuse et appellent au dialogue
L'Église Méthodiste de Côte d'Ivoire, la Fédération Évangélique de Côte d'Ivoire et le Consistoire des Protestants Évangéliques ont exprimé, ce jour, leurs préoccupations concernant l'ordonnance n°2024-368 du 12 juin 2024 relative à l’organisation de la société civile.
Cette ordonnance, qui abroge la loi n°60-315 du 21 septembre 1960 régissant les associations, a récemment été soumise aux représentants du peuple pour ratification. Le débat sur cette ordonnance doit débuter le 10 mars 2025 en Commission Générale et Institutionnelle.
Les trois institutions religieuses, dans une déclaration conjointe, dénoncent plusieurs dispositions de cette ordonnance qu’elles jugent comme une menace sérieuse pour la liberté religieuse en Côte d'Ivoire.
Ces organisations religieuses soulignent que si une révision de la loi sur les associations s'avérait nécessaire après 64 ans d’application, certaines mesures contenues dans l'ordonnance pourraient porter atteinte à un droit fondamental et universel : la liberté religieuse.
Dans leur déclaration, les leaders des Églises protestantes mettent en avant le caractère sacré de la liberté religieuse, soulignant qu’elle est inscrite dans les instruments internationaux tels que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. Ces textes consacrent la liberté de pensée, de conscience et de religion, considérée comme indispensable pour la dignité humaine et pour maintenir la stabilité et le pluralisme au sein de la société.
La Constitution ivoirienne, dans son article 9, garantit également ce droit en affirmant que "la liberté de pensée et d'expression, notamment la liberté de conscience, d'opinion religieuse ou philosophique sont garanties à tous".
Les signataires de la déclaration appellent donc les pouvoirs publics et les élus à veiller au respect de cette liberté essentielle pour le bien-être des citoyens et la paix sociale.
Les trois organisations ont spécifiquement pointé quatre articles de l’ordonnance qu’elles jugent particulièrement problématiques : les articles 47, 48, 77 et 79.
Il s'agit des articles 47 et 48 : Ces articles obligent les communautés religieuses à rendre des comptes à l'État, ce qui, selon les signataires, pourrait entraîner une ingérence excessive de l'État dans les affaires religieuses. Dans un État laïque comme la Côte d'Ivoire, ces articles risquent de remettre en cause le principe de séparation entre l’État et les religions. De plus, la gestion des lieux de culte et des activités religieuses ne devrait pas être soumise à un contrôle étatique, mais rester dans le domaine privé des communautés religieuses.
De l'article 77 : Cet article stipule que toute manifestation cultuelle impliquant une prise de parole publique par un responsable religieux non national doit faire l’objet d’une déclaration préalable à l'autorité compétente. Une telle disposition pourrait, selon les signataires, limiter la liberté de circulation des responsables religieux et interférer avec la gestion interne des cultes.
Et de l'article 79 : Cet article interdit la construction de lieux de culte à moins d’un kilomètre d’un autre lieu de culte d’une obédience ou d’un courant différent, sauf dérogation. Les Églises protestantes estiment qu'une telle mesure pourrait entraîner des restrictions sévères à la pratique religieuse, notamment dans les zones urbaines densément peuplées où l’espace est limité, rendant ainsi difficile l’établissement de nouveaux lieux de culte.
Dans un contexte politique sensible, marqué par des élections à venir, les Églises Méthodiste, Évangélique et le Consistoire des Protestants exhortent les élus de la nation à s'abstenir de ratifier cette ordonnance dans sa forme actuelle.
Elles appellent à un dialogue constructif entre les autorités publiques et les communautés religieuses, afin de trouver un terrain d’entente qui renforce la liberté religieuse sans compromettre l’ordre public.
En conclusion, les leaders religieux insistent sur le rôle clé des communautés religieuses dans la société ivoirienne. Selon eux, ces communautés contribuent activement à la paix, à la stabilité sociale, à la préservation des valeurs morales et au bien-être des populations.
Ils appellent donc à la mise en place d'une législation qui respecte pleinement la liberté religieuse et qui permette à la Côte d'Ivoire de rester un modèle de tolérance et de coexistence pacifique.
Notons enfin que cette déclaration a été signée par le Révérend Dr Noël N’Guessan, Président de la Fédération des Églises Évangéliques de Côte d’Ivoire, Bishop Benjamin Boni, Président de l’Église Méthodiste de Côte d’Ivoire. Et le Révérend Dr Robert Dion, Président du Consistoire des Protestants Évangéliques de Côte d’Ivoire.
Wassimagnon


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