Tehfour

La classe politique ivoirienne est en émoi après des déclarations intrigantes de l’ancien député Koné Tehfour, longtemps associé à Guillaume Soro, concernant son éventuel ralliement au RHDP.

Alors qu’une réunion du parti au pouvoir tenue le lundi dernier à Abobo a laissé entendre son retour, l’intéressé a adopté un discours à demi-mot, alimentant les spéculations à quelques mois de la présidentielle.

Interrogé par des confrères pour clarifier les propos de la maire Kandia Camara – membre influente du RHDP –, Tehfour a répondu avec emphase :

« Je suis un homme politique. À mon niveau, il est normal qu’on parle de moi à l’approche d’une échéance majeure. À Abobo, mon poids est indiscutable. Elle a annoncé ce qui est bien pour elle et pour leur parti. Si certains souhaitent m’associer à leur projet, cela prouve simplement la valeur des cadres qu’ils ont perdus. Quand le moment sera venu, je m’exprimerai officiellement. »

Des mots interprétés comme un aveu indirect, bien que l’ancien député évite de confirmer catégoriquement son adhésion.

Plus tôt dans la journée, la maire Kandia Camara avait pourtant assuré que « Koné Tehfour est revenu à la maison », évoquant son accueil chaleureux lors d’un rassemblement à Lakota aux côtés des dirigeants du RHDP. Une affirmation renforcée par la présidente du Sénat, qui a salué son « retour » tout en précisant que l’intéressé préparait une déclaration publique « avec son équipe ». Ces annonces cadrent avec la stratégie du parti au pouvoir de séduire les figures influentes de l’opposition, à l’image des récents ralliements de personnalités du PDCI-RDA, du PPA-CI ou du FPI.

Si Tehfour joue l’ambiguïté, son rapprochement avec le RHDP semble toutefois se préciser. Observateurs et militants s’interrogent sur l’impact de ce virage dans son bastion d’Abobo, où sa base électorale pourrait influencer les équilibres locaux.

Reste à savoir si cette manœuvre renforcera le camp présidentiel ou alimentera les critiques sur un parti accusé de récupération politique à l’approche des urnes. La suite dépendra de la « déclaration officielle » promise par l’intéressé, dont la date reste mystérieuse.

Jean Chresus, Abidjan