Les commerçants ce vendredi à Abidjan

Les commerçants du marché Gouro d’Adjamé-Roxy continuent de manifester leur mécontentement face à l’opérateur chargé de la construction de leur nouveau marché, la société Dipimo.

Lors d’une conférence de presse tenue le 24 janvier 2025 à la mairie d’Adjamé, les membres de la coopérative des marchés Gouro d’Adjamé-Roxy (Comagoa) ont exprimé leur colère, exigeant un changement d’opérateur pour achever les travaux et résoudre la situation qui les met dans une position difficile.

Les souscripteurs ont déploré les sommes importantes qu’ils ont investies dans le projet, sans voir de résultats concrets à ce jour. 

Thou Diakité, vice-présidente du marché Petit Lomé et représentante des souscripteurs, a souligné que plus de 2 milliards de F CFA ont été versés à l’opérateur Dipimo, dont 485 millions F CFA qu’elle-même a mobilisés auprès des commerçantes. 

« Nous avons été grugés. Les commerçants viennent chaque jour pour réclamer le remboursement de leurs fonds, mais l’opérateur refuse de les restituer », a-t-elle dénoncé.

Léonie Coulibaly, présidente du Forum des marchés, a également exprimé son mécontentement, rappelant que de nombreux commerçants ont payé des sommes élevées pour des pas-de-porte dans l’espoir de voir leurs magasins construits. Certains ont versé jusqu’à 16 millions F CFA, et ceux du secteur vivrier ont payé 600 000 F CFA chacun. 

« Nous avons payé d’importantes sommes, mais aujourd’hui, nous constatons que nous avons été floués », a-t-elle déploré.

Viviane Boué, vice-présidente de Comagoa, a ajouté que la situation est d’autant plus grave que les commerçantes sont déprimées par les promesses non tenues de l’opérateur. Elle a appelé le président de la Fédération nationale des acteurs du commerce de Côte d’Ivoire (Fenacci), Farikou Soumahoro, à soutenir les commerçantes du marché Gouro, en difficulté à cause de la gestion défaillante du projet.

Pour sa part, le Directeur général de Comagoa, Youan-Bi Alexis, a révélé que le conseil d’administration de la coopérative a décidé de rompre le contrat avec Dipimo à la suite de son non-respect des engagements. « Nous ne pouvons plus continuer avec cette entreprise. Au lieu de remplir ses engagements, l’opérateur préfère multiplier les promesses et faire des conférences de presse avec seulement huit femmes sur les 43 membres de notre coopérative », a-t-il déploré.

Le Secrétaire administratif de Comagoa, Irié Bi Bartez, a rappelé que le contrat avait été signé le 21 août 2021 pour la construction d’un marché moderne avec deux sous-sols, et que l’opérateur avait promis de verser 1 milliard F CFA à la coopérative pour son fonctionnement. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, Comagoa n’a rien perçu et même le premier sous-sol n’a pas été achevé. 

« Nous ne pouvons plus tolérer cette situation », a-t-il martelé.

Karim Sanogo, Directeur général de la Fenacci, a exprimé son soutien aux commerçants de Comagoa et a assuré qu’il n’abandonnerait pas ses membres dans cette épreuve. 

« La Fenacci prendra toutes les mesures nécessaires pour que justice soit rendue aux commerçants victimes de cette situation », a-t-il affirmé.

De son côté, Koffi Yao Richard, le Directeur général de Dipimo, a expliqué que les travaux avaient pris du retard pour des raisons diverses, notamment à cause du déplacement du réseau d’assainissement de la Sodeci, qui a duré plusieurs mois.

Il a également indiqué que Comagoa avait refusé de remettre le dossier technique à l’entreprise et que celle-ci avait intenté une action en justice contre Dipimo, ce qui avait conduit à une perte de confiance de leur partenaire financier initial. 

Toutefois, Koffi Yao Richard a assuré que l’entreprise avait désormais un nouveau partenaire financier et que les travaux progressaient. Il a insisté sur le fait que les fonds des souscripteurs n’avaient pas été détournés et a invité ceux qui souhaitaient un remboursement à se rendre auprès de l’entreprise pour récupérer leur argent.

Le conflit entre Comagoa et Dipimo est loin d’être réglé, et la frustration des commerçants continue de croître. Pour ces derniers, la seule issue possible semble être de changer d’opérateur afin de garantir l’achèvement du marché et la récupération de leurs fonds.

Wassimagnon