Le Forum sur les marchés du carbone en Afrique de l’Ouest, organisé sous le patronage du ministre ivoirien de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, s’est ouvert ce jeudi 23 janvier à l’Hôtel Pullman d’Abidjan. Ce forum rassemble des délégués venus d'une trentaine de pays, ainsi que des représentants d’organisations internationales, dans un objectif commun : soutenir la mise en place de mécanismes de régulation des marchés du carbone pour lutter contre le changement climatique tout en favorisant un développement conomique durable en Afrique de l’Ouest.

L'Afrique de l'Ouest, riche en ressources naturelles et en potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), est à un tournant stratégique. Alors que les marchés du carbone émergent comme un levier essentiel pour lutter contre le changement climatique, ils représentent également une opportunité unique pour attirer des financements internationaux. Ces marchés permettent de compenser les émissions de GES tout en soutenant des projets de développement durable dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables, l’agriculture durable, et la gestion des déchets.

La Côte d'Ivoire, en particulier, a franchi une étape décisive avec la mise en place du Bureau du Marché Carbone (BMC) et le lancement de projets-climats majeurs, qui serviront de modèles pour d'autres pays de la région. Le pays ambitionne de réduire ses émissions de GES de 30,41 % d'ici 2030, et cet engagement se renforce par des actions concrètes pour établir un cadre juridique et réglementaire robuste pour les marchés du carbone.

Le forum a vu la participation d’acteurs européens majeurs, notamment l’Union Européenne et la France, qui soutiennent activement la transition énergétique en Afrique de l’Ouest. Dans le cadre du Pacte Vert, l’Union Européenne, par l'intermédiaire de projets comme le "Transition Bas Carbone" en Côte d’Ivoire, soutient le renforcement des capacités locales et la mise en place de mécanismes de régulation adaptés aux réalités africaines.

Francesca Di Mauro, Ambassadrice de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire, a souligné l’engagement européen envers les pays d'Afrique de l’Ouest dans la transition bas-carbone, affirmant que "le marché carbone représente une opportunité unique face aux menaces climatiques." 

De son côté, Jean-Christophe Belliard, Ambassadeur de France, a souligné la dimension stratégique de la neutralité carbone, précisant que ce forum incarne "une ambition partagée pour transformer les défis climatiques en moteurs d'innovation et de développement durable."

Les marchés du carbone en Afrique de l’Ouest offrent un terrain fertile pour les investissements internationaux. 

Selon les experts présents, la région dispose d'un potentiel élevé pour des projets générant des crédits carbone, notamment dans les secteurs de l'agriculture durable et des énergies renouvelables.

Ces projets peuvent non seulement générer des revenus tout en réduisant l'empreinte carbone, mais aussi apporter des bénéfices sociaux et environnementaux aux communautés locales.

Ce forum a également permis de mettre en lumière plusieurs projets phares du portefeuille national de la Côte d'Ivoire, qui seront présentés aux investisseurs internationaux dans les jours à venir. L’objectif est d’attirer des financements tout en soutenant des projets qui contribueront à la réduction des émissions de GES et à la création d’une économie résiliente.

Une des grandes ambitions du forum est la mise en place d’un marché carbone régional harmonisé, sous l’égide de la CEDEAO. Cette initiative vise à faciliter les transactions de crédits carbone, à harmoniser les prix, et à garantir la certification des projets carbone, créant ainsi une structure cohérente pour les pays de la région. Un tel marché offrirait un cadre attractif pour les investisseurs et renforcerait la gouvernance des initiatives climatiques à l’échelle régionale.

Le forum a aussi permis d’échanger sur les cadres juridiques et réglementaires nécessaires à la mise en œuvre efficace des marchés du carbone. Un accent particulier a été mis sur le rôle crucial du Bureau du Marché Carbone en Côte d'Ivoire, qui, avec l’appui des partenaires européens, est en train de développer un cadre législatif et réglementaire pour soutenir les projets de compensation carbone dans le pays et au-delà.

La création d'une Task force sur les marchés du carbone en Afrique de l’Ouest, composée d’acteurs publics et privés, est envisagée pour renforcer cette dynamique régionale.

Le Forum sur les marchés du carbone en Afrique de l’Ouest marque une étape importante dans l'intégration des pays de la région dans la transition énergétique mondiale. 

Selon le ministre Jacques Assahoré Konan, en renforçant les régulations nationales et régionales, en facilitant l'accès aux financements internationaux et en favorisant la mise en œuvre de projets durables, cet événement offre un cadre propice à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en Afrique de l’Ouest. 

Pour lui, la Côte d’Ivoire entend jouer le rôle de leader dans ce nouveau processus.

"Notre pays ambitionne, de réduire de 30,41% son émission de gaz à effet de serre à l'horizon 2030. Depuis la mise en place du bureau du marché carbone, notre pays a franchi une étape décisive dans l'élaboration d'un cadre juridique, législatif et réglementaire. C'est ensemble que, nous allons relever le défi climatique avec ambition", a relevé le ministre de l'Environnement 

"Grâce au soutien des partenaires internationaux, notamment l'Union Européenne et la France, la région est bien positionnée pour devenir un acteur clé dans le marché mondial du carbone, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique", a-t-il conclu.

Wassimagnon