Un réseau d'escrocs et de traite humaine, qui opérait en utilisant le canal de Qnet, allant jusqu'à séquestrer 160 jeunes, a été démantelé par la gendarmerie nationale au Burkina Faso et présenté à la presse locale.

En effet, selon le lieutenant Justin Bagré, commandant de la section de recherches de la 3ᵉ Légion de gendarmerie à Ouagadougou, ce réseau qui était sur le point de faire une nouvelle victime, notamment un ressortissant malien, a été démantelé dans la nuit du 22 au 23 décembre 2024, suite à une dénonciation d’un citoyen.

Comme mode opératoire, les escrocs appâtaient leurs victimes par des promesses de contrats juteux en Europe ou d’un emploi bien rémunéré.

"Ils font miroiter à leurs frères et sœurs restés au pays, via les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Instagram), des contrats juteux en Europe qu’ils pourraient décrocher à travers un centre de formation de football bien équipé au Ghana et des salles de gymnastique sophistiquées", a déclaré l’adjudant-chef Mohamed Koné, chef de la cellule criminelle de la section de recherches de la 3e légion de gendarmerie à Ouagadougou.

Pour ce faire,a-t-il poursuivi, "des fiches de recrutement de ces centres imaginaires et des photos des infrastructures sportives accompagnent le projet funeste".

"Tantôt c’est la promesse d’emplois ou de métiers bien rémunérés dans le pays d’accueil qui est faite, tantôt ce sont des placements dans des centres de formation de football qui sont proposés aux victimes. Des sommes comprises entre 500 000 francs CFA et 800 000 francs CFA sont transférées sur des numéros de leurs bourreaux par les parents ou leurs enfants convaincus", a-t-il poursuivi.

"Ainsi, les enfants sont mis en route et, une fois à destination, leurs téléphones portables sont retirés pour les empêcher de communiquer avec leurs parents. Ensuite, ils font l’objet d’une séquestration au cours de laquelle les bourreaux commencent à les familiariser avec les outils de QNET", a expliqué l'adjudant-chef Koné.

"Poursuivant le processus de lavage de cerveau, les pensionnaires (victimes) sont conduits dans des stades de football et des gymnases d’où des prises de vue sont réalisées. Après cette séance d’illusions, les images sont envoyées à leurs parents en leur réclamant le versement des sommes comprises entre deux et cinq millions de francs CFA pour leur prise en charge. Une fois ces montants versés, les victimes sont coupées du reste du monde et communiquent sous la surveillance stricte de leurs leaders dans la seule intention d’appâter de nouvelles victimes", a indiqué l’adjudant-chef Mohamed Koné.

Selon lui, "ces jeunes affamés et traumatisés, perdent souvent leurs vies à cause des rudes conditions de vie et de détention".

A l'issue de l'enquête, 14 individus dont un de sexe féminin, tous de nationalités diverses, ont été interpellés respectivement dans six villas dasn un quartier de Ouagadougou.

Auprès d'eux, 20 téléphones portables, deux ordinateurs portables, et divers documents d’identité appartenant aux victimes et divers documents (fiches d’inscriptions, certificat d’identité et de résidence) ont été saisis.

Par ailleurs, a précisé la gendarmerie, 160 jeunes âgés entre 17 et 25 ans, dont 6 Burkinabè, 78 Béninois, 3 Centrafricains, 21 Guinéens, 16 Camerounais, 3 Maliens, 4 Ivoiriens, 6 Nigériens, 15 Togolais, ont été libérés et remis à leurs parents ou à leurs consulats.

La gendarmerie nationale précise que 80 millions de FCFA environ ont été encaissés par ces présumés escrocs auprès des proches de ces différentes victimes.

Poursuivis pour des infractions d’escroquerie, de tentative d’escroquerie, de faux et usage de faux en écriture privée, d’usurpation de titre, de séquestration, les malfaiteurs ont été conduits devant le procureur du Faso, près le tribunal de grande instance de Ouaga-I pour répondre de leurs actes.

Selon la gendarmerie burkinabè, plusieurs jeunes de pays de la sous-région sont toujours entre les mains de leurs bourreaux sur les territoires ghanéen, malien et guinéen.

Boa, Ouagadougou