Côte d'Ivoire : Yopougon-Siporex, une route rénovée, mais envahie par le désordre urbain, à qui la faute?
Malgré les efforts considérables du gouvernement pour moderniser les infrastructures routières, certaines réalités sur le terrain suscitent colère et indignation.
À Yopougon Siporex, une voie récemment élargie dans le cadre des travaux d’amélioration du réseau routier est aujourd’hui méconnaissable.
Conçue pour fluidifier la circulation et offrir un meilleur cadre de vie aux habitants, cette route s’est transformée en marché improvisé, où vendeurs et commerçants ont envahi trottoirs et chaussées.
Par endroits, la voie 2x2 est rétrécie à tel point qu’il devient difficile pour les véhicules de circuler.
Des étalages débordent des trottoirs jusqu’à occuper la chaussée, réduisant l’espace destiné aux automobilistes, comme constaté sur place par Koaci ce mardi 7 janvier 2025.
« C’est déplorable. Les contribuables ont payé pour ça, et maintenant c’est inutilisable », s’indigne Parfait Koffi, un habitant de Yopougon. Ce dernier pointe du doigt la mairie et la police municipale, incapables, selon lui, de maintenir l’ordre et de faire respecter les règles d’occupation de l’espace public.
D’autres habitants expriment un profond ras-le-bol face à la situation. Guy Youzan, visiblement exaspéré, affirme : « Je me demande à quoi a servi l’élargissement de cette route. On a investi des milliards pour finir avec une ‘merde totale’. »
Les accusations envers la municipalité sont nombreuses. Certains estiment que les autorités locales ferment les yeux sur le désordre, voire y participent en octroyant des autorisations tacites d’occupation de l’espace public.
Pour d’autres, la problématique va au-delà de la simple incivisme. « Les gens doivent nourrir leur famille. Qu’est-ce qu’on leur propose d’autre ? », s’interroge un riverain.
La précarité économique pousse de nombreux habitants à transformer les trottoirs en moyens de subsistance, rendant ainsi difficile l’équilibre entre développement urbain et survie quotidienne.
Cependant, cette situation a aussi des conséquences désastreuses pour les infrastructures elles-mêmes. Les caniveaux, essentiels pour éviter les inondations, se transforment en dépotoirs à ciel ouvert. La chaussée, régulièrement encombrée, montre déjà des signes de dégradation prématurée, compromettant la durabilité des investissements réalisés.
Certains habitants rappellent qu’une brigade spéciale avait été mise en place pour lutter contre l’incivisme dans les communes d’Abidjan. Mais depuis, cette brigade semble avoir disparu.
« Ils ont cassé des tables à Abobo, mais après ça, plus rien. La voie Siporex jusqu’au nouveau goudron est aujourd’hui impraticable », déplore Jules César, un usager quotidien.
Face à ces critiques, le silence des autorités locales et des structures comme l’Ageroute alimente davantage la frustration. Pour les riverains, il est urgent que des mesures concrètes soient prises afin de restaurer l’ordre et préserver les infrastructures.
« Ce n’est pas seulement une question de circulation, c’est une question de respect des citoyens et de l’argent public investi », conclut un habitant.
À Yopougon Siporex, l’heure est grave. La volonté d’offrir des infrastructures modernes semble contredite par un manque criant de gestion et de responsabilité sur le terrain.
Jean Chresus, Abidjan
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