Côte d'Ivoire : Entrée en vigueur de l'ADU, les Chefferies traditionnelles appellent à un report et à plus de concertation
Nangui Magès
Face à l’évolution des réformes foncières en Côte d’Ivoire, le Collectif des Chefs traditionnels Atchan, Akwié, Alladjan et Kroumen, conduit par l'Honorable Nangui Gnaba Magès, exprime un appel pressant pour un report d’un an de l’Attestation de Droit d’Usage (ADU). Bien qu’une note ministérielle datée du 30 décembre 2024 ait repoussé au 31 mars 2025 la date limite initialement prévue pour la mise en application de cette réforme, les Chefs estiment que ce délai reste insuffisant pour garantir une mise en œuvre efficace et inclusive.
Lors de sa présentation de vœux à la nation le 31 décembre 2024, Nangui Gnaba Magès, également Chef du village de Songon-Dagbé et Président de la Chambre des Chefs Atchans, a réaffirmé cette position. Il a salué les efforts du gouvernement et le leadership du Président de la République, tout en louant les initiatives du Premier ministre, Son Excellence Robert Beugré Mambé, et de son équipe. Cependant, il a insisté sur la nécessité d’une période transitoire plus longue afin de mener des concertations approfondies.
Selon lui, le report d’un an permettrait de constituer une équipe mixte incluant des représentants des chefferies traditionnelles et des experts du ministère de la Construction. Cette collaboration garantirait que les intérêts de toutes les parties prenantes soient respectés, tout en veillant à la protection des populations locales, souvent vulnérables face aux complexités des réformes foncières.
Cette demande s’inscrit dans une volonté plus large de revoir certains aspects clés de l’ADU. Les Chefs traditionnels avaient déjà, lors d’une rencontre le 12 décembre 2024 avec le ministre de la Construction, exprimé leurs inquiétudes et formulé des recommandations. Parmi celles-ci figurent la mise en place de l’Attestation Villageoise de Propriété Coutumière (AVPC) comme alternative à l’ADU, l’inclusion obligatoire de documents fonciers locaux dans les procédures officielles, et l’accès facilité des Chefs aux archives foncières pour prévenir toute tentative de fraude.
En adressant un message d’unité et de responsabilité à ses pairs, Nangui Gnaba Magès a appelé l’ensemble des autorités traditionnelles à intensifier leur rôle de protecteurs des populations et à s’impliquer activement dans ces réformes cruciales. Pour lui, la réussite de ces initiatives dépend d’une approche inclusive et respectueuse des coutumes locales.
Si la mesure du report de trois mois constitue un premier pas vers l’écoute des préoccupations des Chefferies, elle ne répond pas entièrement aux attentes d’un dialogue approfondi. En attendant une réponse officielle du ministère, le plaidoyer des Chefs reste centré sur la recherche d’une réforme équilibrée, adaptée aux réalités socioculturelles ivoiriennes et protectrice des droits des communautés locales
Jean Chresus, Abidjan
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