Niger-Nigeria : Niamey accuse Abuja de « déstabilisation » et convoque la chargée d'affaires du Nigéria
Les Présidents Abdourahamane Tiani et Bola Tinubu (ph)
Les relations entre le Niger et le Nigeria ne se sont pas au beau fixe ces derniers semaines et mois et sur la base de certains griefs, le gouvernement nigérien a convoqué la chargée d’affaires de l’ambassade du Nigéria à Niamey pour protester contre des manœuvres de « déstabilisation ».
La convocation adressée par le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangaré, à la chargée d’affaires de l’ambassade du Nigéria a eu lieu le mercredi 18 décembre 2024. A cette rencontre, le diplomate nigérian a exprimé son inquiétude face à ce qu’il considère comme un soutien continu du Nigéria à des actes visant à déstabiliser le Niger.
Des causes des relations entre le Nigeria et le Niger qui ont pris un nouveau tournant à la baisse, il ressort que les autorités nigériennes accusent, entre autres, l’appareil sécuritaire nigérian de complicité dans des attaques visant le pipeline Niger-Bénin, notamment aux environs des localités de Dioundiou, Lido et Karakara, dans la région de Dosso.
Selon des informations relayées par la télévision nationale RTN, ces actes de sabotage auraient été orchestrés depuis le Nigéria, avec la complicité de « fugitifs de l’ancien régime » nigérien. Ces derniers, « de concert avec certains officiels nigérians », chercheraient à « déstabiliser » le Niger en organisant des « actes subversifs ». Ces manœuvres viseraient à « mettre à feu et à sang les villes et villages du Niger ».
Pour ces griefs, la RTN a déclaré que le ministre des Affaires étrangères a exprimé la ferme désapprobation du gouvernement du Niger, dénonçant un « silence complice » des autorités nigérianes face à ces actes, malgré leurs prétentions à œuvrer pour la normalisation des relations bilatérales.
Au-delà des attaques contre le pipeline, le Niger s’inquiète de la présence de forces étrangères à ses frontières, notamment dans « les camps en construction à Gigani et Gidan Kata », situés du côté nigérian.
En réaffirmant sa volonté de coopérer avec tous les pays, la télévision nationale a rapporté que « le Niger reste déterminé… à coopérer avec tous les pays épris de paix, dans un esprit de fraternité et de respect mutuel ».
Soulignons que cette interpellation intervient dans un contexte de relations fluctuantes entre Niamey et Abuja depuis le coup d’État militaire du Conseil National de Sauvegarde de la Patrie (CNSP) le 26 juillet 2023 au Niger. À la suite de ce renversement, la CEDEAO a imposé des sanctions, suivies à la lettre par le Nigéria, avec notamment la fermeture des frontières et la suspension de l’approvisionnement en électricité au Niger.
Des efforts de réconciliation entrepris en août 2024 le chef d’Etat-major des armées du Nigéria, le Général Christopher Musa, a abouti à une visite de travail à Niamey. En vue de revitaliser la coopération sécuritaire entre les deux nations, marquée par la signature d’un mémorandum d’entente pour renforcer la collaboration militaire.
Le Niger a renforcé ses liens avec le Mali et le Burkina Faso, deux autres pays de la la région sous régime militaire. Ensemble, les trois pays ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES), un partenariat stratégique visant à contrer les menaces régionales, et se sont retirés de la CEDEAO que dirige actuellement le Président nigérian Bola Tinubu.
Lors du 66e sommet de la CEDEAO le 15 décembre 2024 à Abuja au Nigeria, la Commission de la CEDEAO a acté le retrait du Mali, le Burkina Faso et le Niger avec six mois supplémentaires de grâce pour une éventuelle réintégration.
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria - Joindre la rédaction de koaci.com (+228) 98 95 28 38 ou koaci.ghana@gmail.com –
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