Narcisse Mouellé Kombi, ministre des Sports et Samuel Eto’o, président de la Fecafoot (Ph)

Un nouveau bras de fer s'engage au Cameroun entre Samuel Eto'o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), et Narcisse Mouellé Kombi, ministre des Sports et de l’Education physique. Au cœur du conflit : la récente modification des statuts de la Fecafoot, la quatrième depuis qu'Eto'o est aux commandes.

Ces changements statutaires suscitent la controverse, notamment concernant les critères d'éligibilité à la présidence. Désormais, seule une peine de prison ferme rendrait un candidat inéligible - un amendement qui permettrait à Samuel Eto'o, condamné, mais jamais incarcéré pour fraude fiscale en Espagne, de se maintenir à son poste. Plus encore, le nombre maximal de mandats présidentiels passe de deux à trois.

Face à ces modifications que l'ancien attaquant justifie par une volonté de « modernisation », ses opposants se mobilisent. Guibaï Gatama, membre du comité exécutif, et Gérémi Njitap, président du Syndicat national des footballeurs camerounais, ont interpellé le ministère des Sports le 10 décembre. Leur requête : vérifier la conformité des nouveaux statuts avec la loi camerounaise.

Le ministre Mouelle Kombi a répondu en exigeant des explications d'Eto'o. Ce dernier a riposté le 16 décembre, défendant la légalité du processus et rappelant que les modifications ont été adoptées à une large majorité, en présence des commissaires gouvernementaux. Selon lui, le ministère ne peut exercer qu'un contrôle de légalité, et non d'opportunité.

Dans ce contexte tendu, Eto'o vient pourtant de remporter une victoire symbolique : le déblocage par le gouvernement d'une subvention de 350 millions de francs CFA pour les championnats nationaux. Cette somme, longtemps gelée par l'État qui s'interrogeait sur sa bonne utilisation, servira notamment à régler les arriérés de salaires dans les clubs de première et deuxième division.

En fin stratège, l'ancien attaquant des Lions Indomptables a saisi cette occasion pour féliciter publiquement le président Paul Biya, récemment honoré par la Confédération africaine de football (CAF) pour son soutien au football continental. Un geste qui pourrait lui assurer un soutien précieux dans son bras de fer avec le ministre des Sports.

La balle est désormais dans le camp de Narcisse Mouelle Kombi : osera-t-il contester l'interprétation des textes proposée par Eto'o et invalider les nouveaux statuts de la Fecafoot ?

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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