Côte d'Ivoire : Crises de 2002 et 2010, les victimes expriment leur amertume face à l'abandon du gouvernement et s'opposent fermement à l'amnistie des auteurs
Les victimes des crises armées de 2002 et 2010, réunies au sein de la Confédération des organisations de victimes des crises ivoiriennes (COVICI), expriment leur profonde amertume. Elles accusent le gouvernement d'avoir suspendu, sans raison valable, le processus d'indemnisation depuis 2021, les laissant ainsi à leur triste sort.
Lundi 16 décembre 2024, à l'occasion de la commémoration de la quatrième édition de la Journée du pardon et du souvenir, décrétée le 5 août 2020 lors d'un conseil des ministres, ces victimes ont fait une déclaration sans concession à l'égard des autorités. En l'absence de Kanté Lassina, Président du conseil d'administration (PCA) de la COVICI, c'est Kady Cissé, conseillère chargée de la cohésion nationale, qui a relayé le contenu de cette déclaration aux médias.
« Aujourd'hui, c'est avec une grande émotion que nous célébrons la quatrième édition de la Journée du pardon et du souvenir. Pour nous, qui avons été touchés par les crises en Côte d'Ivoire, cette journée revêt une signification particulière, car elle souligne le souvenir des épreuves traversées, mais aussi et surtout les leçons que nous en tirons, ainsi que l'importance de la réconciliation nationale. En rendant hommage à ceux qui ont souffert hier et à ceux qui souffrent encore aujourd'hui, nous, victimes, réaffirmons notre engagement envers la justice réparatrice, la paix, l'harmonie et la cohésion sociale », a-t-elle déclaré.
Kady Cissé a également appelé à la mobilisation de toutes les personnes éprises de justice et de paix pour soutenir le combat des victimes des crises ivoiriennes, en vue d'obtenir une réparation complète. « Nous lançons un appel sincère à toutes les Ivoiriennes et Ivoiriens, à ceux qui vivent sur le territoire national, aux amis de la Côte d’Ivoire et à l'ensemble de la classe politique, pour qu'ils se joignent à nous dans cet engagement et qu'ils fassent face aux différents défis. Il est paradoxal qu'aucune cérémonie officielle n'ait encore été organisée à ce jour (16 décembre, Journée Nationale du Pardon et du Souvenir) pour reconnaître les torts causés aux victimes et appeler au pardon », a-t-elle dénoncé.
Elle a poursuivi : « Depuis 2021, la réparation des victimes est au point mort. Plus de 15 000 familles attendent leur chèque d'un million, environ 24 000 blessés souffrent encore de leurs traumatismes, et 2 200 survivantes de violences sexuelles espèrent une réinsertion psychosociale. De plus, des œuvres mémorielles et communautaires construites dans plusieurs localités du pays par le Fonds au Profit des Victimes peinent à être mises à la disposition des populations en raison du calendrier chargé de nos autorités pour leurs inaugurations. »
Face à cette impasse, la COVICI ne nourrit plus qu'un espoir de voir les actions menées par les organisations de défense des droits de l'homme aboutir auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO, en vue de l'annulation de l'ordonnance d'amnistie en faveur des auteurs de ces crises. « Aujourd'hui, l'espoir de la COVICI et des victimes se tourne vers la saisine de la Cour de Justice de la CEDEAO pour un recours en annulation de l'ordonnance d'amnistie de 2018 et de sa loi de ratification, qui absout les auteurs des crimes commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Ce recours a été engagé par la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO), le Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH) et la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) », a précisé Kady Cissé.
La COVICI a également profité de cette déclaration pour « apporter son soutien solennel aux actions menées par ces organisations de défense des droits de l'homme, afin que la reconnaissance et le pardon aient tout leur sens ». Pour la COVICI, il est évident que « la reconnaissance effective des préjudices subis par les victimes et la quête du pardon sont des démarches nobles et essentielles, qui peuvent permettre de tourner la page sur les blessures du passé et d'ouvrir la voie à un avenir plus radieux ».
La structure dirigée par Kanté Lassina est donc déterminée à mener jusqu'au bout le combat pour la réparation des victimes et le triomphe de la justice. « Il est de notre responsabilité de transmettre ces valeurs aux générations présentes et futures, afin que l'histoire ne soit pas perdue, mais qu'elle nous éclaire dans notre quête d'une société pacifique et d'un monde meilleur », a conclu Kady Cissé.
Wassimagnon
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