Photo montage Thiam et Billon

La bataille pour l’investiture du PDCI-RDA s’intensifie à mesure que la convention approche. Après la sortie virulente de Jean-Louis Billon sur le plateau de la NCI, Tidjane Thiam, son principal rival dans la course, a répondu avec fermeté dans une vidéo diffusée en ligne. Ce duel à distance illustre la profondeur des divisions internes au sein du plus vieux parti politique ivoirien, où la quête de leadership devient une guerre d’influence.

Dans sa vidéo, Tidjane Thiam n’a pas mâché ses mots pour répliquer aux critiques de Billon, qui avait remis en question son ancrage en Côte d’Ivoire et sa légitimité à briguer la présidence. « Ils disent, j’ai peur de la compétition ? Peur de qui ? J’ai affronté les meilleurs cerveaux de ce monde... Je les attends à la convention et je les battrai », a-t-il lancé avec assurance, mettant en avant son expérience internationale comme un atout indéniable.

Cette réponse fait écho aux propos de Billon, qui avait affirmé être « le seul à connaître le pays » et avait suggéré que l’éloignement de Thiam l’éloignait aussi des préoccupations des Ivoiriens. Mais pour Tidjane Thiam, le véritable enjeu dépasse ces querelles : « Les Ivoiriens ont besoin de quelqu’un qui peut les aider, une personne qui a une vision, pas un concours de présence. » Une réplique cinglante à ce qu’il perçoit comme une focalisation inutile sur les origines ou les parcours personnels.

L’une des piques les plus tranchantes de Thiam, de retour au Pays après une série de dévoires en occident, vise directement Jean-Louis Billon, sans le nommer explicitement, en évoquant la question de la filiation.

« Les postes que j’ai eus dans ma carrière, je les ai eus par mérite, pas par filiation ! », a-t-il déclaré. Une attaque subtile mais claire, visant à décrédibiliser son rival en suggérant que ce dernier doit son ascension à son héritage familial plutôt qu’à ses compétences personnelles.

Ces échanges musclés entre les deux hommes reflètent les tensions qui traversent le PDCI à l’approche de la convention. Officiellement, les dirigeants du parti appellent à l’unité et tentent de minimiser ces rivalités, mais sur le terrain, les partisans des deux camps s’activent pour consolider leurs positions. Jean-Louis Billon s’appuie sur une base militante fortement ancrée dans les régions et sur son expérience locale, tandis que Tidjane Thiam mobilise un soutien international et une partie de la jeunesse séduite par son parcours exceptionnel.

Cette guerre interne pose un défi majeur au PDCI. Le parti, deja très affaibli après le décès de Bédié et par le nombre important de ses cadres ayant rejoint le RHDP au pouvoir, risque de sortir affaibli de cette lutte fratricide. Une fois désigné, le candidat devra non seulement rassembler les bases divisées, mais aussi affronter un RHDP solidement implanté et une opposition qui ne cache pas ses ambitions.

Pour l’instant, les hostilités entre Billon et Thiam ne font que renforcer l’attention autour de cette convention décisive. Au-delà des mots et des postures, il reste à savoir si le PDCI pourra transcender ces querelles pour présenter une candidature forte et unie, capable de faire face aux enjeux cruciaux de 2025.

Jean Chresus, Abidjan