Lors d'une conférence jeudi à Yaoundé, Gabriel Mbairobe, ministre de l'Agriculture et du Développement rural (Minader), a révélé une situation alarmante concernant la sécurité alimentaire au Cameroun. Selon les résultats du Cadre harmonisé d'identification des zones à risque, plus de trois millions de personnes, soit près de onze pour cent de la population, sont confrontées à une insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë entre octobre et décembre 2024.

La situation s'est considérablement détériorée par rapport à l'année précédente. Parmi ces personnes, environ deux cent soixante-cinq mille se trouvent dans une situation d'urgence critique nécessitant des interventions immédiates. La majorité, près de deux millions huit cent mille personnes, sont en situation de crise alimentaire.

Selon le Minader, les conditions météorologiques extrêmes sont à l'origine de cette crise, particulièrement dans la partie septentrionale du pays. La sécheresse et les inondations ont gravement perturbé la campagne agricole. Dans les départements de la Bénoué et du Mayo-Louti, une sécheresse sévère a frappé la région, provoquant un arrêt brutal des précipitations pendant vingt-huit jours consécutifs au mois d'août 2024. Ce phénomène a entraîné la prolifération des chenilles légionnaires et causé des pertes importantes dans les cultures céréalières précocement semées.

La situation dans l'Extrême-Nord est tout aussi dramatique. Des pluies torrentielles en septembre ont provoqué des inondations dévastatrices dans plusieurs départements, notamment le Mayo-Danay, le Logone-et-Chari et le Mayo-Kani. Ces inondations ont détruit près de trente-neuf mille hectares de terres agricoles et entraîné la perte de plus de soixante-six mille tonnes de céréales, sans compter la mort de milliers d'animaux.

La détérioration de la situation alimentaire s'étend désormais à treize départements, contre dix l'an passé. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, toujours en proie à une crise socio-politique depuis fin 2016, concentrent à elles seules neuf de ces départements touchés par l'insécurité alimentaire. L'Extrême-Nord, déjà vulnérable aux changements climatiques, subit également les attaques répétées du groupe terroriste Boko Haram depuis 2014, aggravant encore les conditions de vie dans cette région. Sur les six départements que compte cette région, quatre sont actuellement en phase de crise alimentaire.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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