Du 10 au 11 décembre dernier, Bertoua à l’Est du Cameroun, a accueilli le troisième Forum national sur la Cybersécurité et la Lutte contre la Cybercriminalité, sous la présidence du ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom LI Likeng. Cet événement annuel visait à évaluer les risques pesant sur l'écosystème numérique national et à élaborer des stratégies de protection contre les menaces cybernétiques.

Placé sous le thème « Cyberespace national et protection des données stratégiques », le forum s'est inscrit dans la continuité de la politique gouvernementale de sécurisation des réseaux et systèmes d'information. Dans son allocution d'ouverture, Minette Libom LI Likeng a souligné la transformation profonde induite par la révolution numérique : « Nous sommes à l'aube d'une ère où la technologie bouleverse tous les aspects de notre vie quotidienne. Si cette évolution offre de nouvelles opportunités, elle soulève également d'importants défis en matière de protection des données. »

Enjeux

Les travaux, organisés autour de trois panels, ont abordé des thématiques diverses, notamment l'état des lieux de la protection des données stratégiques, les enjeux du profilage à l'ère de l'intelligence artificielle, ainsi que les opportunités et menaces des technologies émergentes. Les experts ont notamment discuté des mécanismes de protection, des initiatives de conformité juridique, et des stratégies de remédiation, à l'image du Privacy Sandbox de Google.

Les statistiques présentées durant le forum sont éloquentes. En 2018, pas moins de 3 388 cas d'usurpation d'identité ont été répertoriés. L'année suivante, 2 050 plaintes pour spamming et phishing ont été enregistrées, représentant environ 11 milliards FCFA de pertes financières. De surcroît, 11 617 vulnérabilités ont été détectées sur les sites web publics, révélant l'ampleur des défis cyber sécuritaires.

Stratégie nationale

Le Cameroun a développé une Politique Nationale de Sécurité des Réseaux et des Systèmes d'information, articulée autour de trois axes principaux : le renforcement du dispositif légal et réglementaire, le développement d'infrastructures de cybersécurité, et la sensibilisation et formation des usagers. Une campagne nationale a été menée dans les écoles et universités, démontrant que la cybersécurité représente non seulement un défi technique, mais aussi une opportunité économique pour la jeunesse camerounaise.

Pour Minette Libom LI Likeng, la cybersécurité dépasse la simple protection technique : « Le Cameroun se doit d'assurer la sécurité de son cyberespace. Les défis que nous affrontons touchent directement à notre souveraineté et à notre développement. »

Le forum de Bertoua a ainsi marqué une étape de plus dans la construction d'un cyberespace national plus résilient, à l'heure où les données sont devenues un enjeu stratégique majeur.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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