Adama Coulibaly

Dans une initiative pionnière facilitée par le Groupe de la Banque mondiale, la Côte d'Ivoire va procéder à un échange de créances contre des programmes de développement, marquant une étape importante pour améliorer la gestion de la dette publique et libérer des fonds destinés à l’éducation. Cette opération, la première du genre soutenue par la Banque mondiale, vise à alléger le poids de la dette commerciale du pays tout en générant des économies budgétaires substantielles.

L’opération d’échange portera sur environ 400 millions d’euros de la dette commerciale la plus coûteuse de la Côte d’Ivoire, dont l’échéance approche dans les cinq prochaines années. Grâce à un mécanisme de rehaussement de crédit partiel, introduit par la Banque mondiale, le pays pourra racheter cette dette à taux élevé en la remplaçant par un prêt commercial à un taux d’intérêt plus bas, avec une échéance prolongée et un différé d’amortissement.

Le résultat de cette opération sera une libération de près de 330 millions d’euros de ressources budgétaires pour la Côte d'Ivoire au cours des cinq prochaines années. Ces économies budgétaires seront utilisées pour financer des programmes cruciaux, notamment dans le secteur de l'éducation. Le gouvernement estime que cette mesure permettra de réaliser des économies durables d'au moins 60 millions d’euros en valeur actuelle nette, renforçant ainsi les investissements dans le développement humain.

L’une des principales retombées de cet échange de créances sera son impact sur l’éducation. Le gouvernement ivoirien prévoit d’allouer les économies dégagées à des initiatives visant à améliorer l’accès et la qualité de l’enseignement dans le pays. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un programme plus large de réformes éducatives, soutenu par un prêt-programme pour les résultats de la Banque mondiale, visant à renforcer les résultats dans le secteur de l’éducation.

Robert Beugré Mambé, Premier ministre de la Côte d'Ivoire, a souligné l'importance de cet accord : « Nous sommes fiers d'être le premier pays à mettre en œuvre le mécanisme d’échange de dette contre programmes de développement, basé sur l’approche conjointe de la Banque mondiale et du FMI, pour investir dans le capital humain ». Il a également précisé que cette approche innovante reflétait l'engagement du gouvernement à trouver des solutions créatives pour améliorer le bien-être de ses citoyens, tout en contribuant à la protection de l'environnement.

Un mécanisme de financement innovant et durable

Ce mécanisme d’échange se distingue des opérations précédentes en matière de conversion de dette. Contrairement à des structures souvent coûteuses, comme des fonds fiduciaires offshore, cette opération repose sur des systèmes nationaux existants, ce qui permet de réduire considérablement les frais de transaction et administratifs. En outre, la garantie fournie par la Banque mondiale, d'un montant de 500 millions d’euros, permettra de faciliter cette opération tout en élargissant la base d’investisseurs potentiels, notamment ceux axés sur le développement durable.

L’opération d’échange de dette intervient dans un contexte où de nombreux pays, comme la Côte d’Ivoire, sont confrontés à une pression croissante pour honorer leurs dettes, souvent au détriment de leurs priorités de développement telles que l'éducation et la santé. Anna Bjerde, directrice générale des opérations de la Banque mondiale, a commenté cette initiative en déclarant : « Trop de pays sont confrontés à des paiements croissants au titre du service de la dette qui consomment les ressources qu’ils pourraient consacrer à des priorités de développement telles que l’éducation. Cette approche innovante a un fort potentiel de réplicabilité dans d’autres pays ».

Cette opération s'inscrit dans un programme plus large de soutien à la croissance et au développement en Côte d'Ivoire. Il fait partie du troisième financement à l'appui des politiques de développement (DPF) du pays, qui soutient des réformes clés dans des secteurs tels que la concurrence, l'accès aux services publics essentiels comme l'éducation et la santé, ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles.

En résumé, cette initiative d’échange de dette, facilitée par la Banque mondiale, est un exemple concret de la manière dont la gestion de la dette publique peut être optimisée pour favoriser un développement durable et inclusif. En allégeant le fardeau de la dette et en réorientant les ressources vers l’éducation, la Côte d'Ivoire montre l'exemple d'une gestion innovante et responsable des finances publiques.

Wassimagnon