Des magistrats de la chambre des comptes (Ph)

Le gouvernement camerounais fait face à une critique sévère de la Chambre des comptes, qui a récemment transmis deux rapports accablants à l'Assemblée nationale. Ces documents révèlent de nombreuses irrégularités dans la gestion des finances publiques, pointant du doigt des pratiques opaques et des manquements significatifs.

Le 27 novembre dernier, l'Assemblée nationale a adopté la loi portant règlement de la République pour l'exercice 2023. Malgré l'approbation de la majorité, les députés de l'opposition ont vivement contesté le texte, s'appuyant sur les rapports critiques de la Chambre des comptes.

Irrégularités flagrantes

Les magistrats de la Chambre des comptes sont sans concession. Ils affirment que les états financiers présentés ne sont ni réguliers ni sincères, ne reflétant pas fidèlement la situation financière réelle de l'État. Parmi les principales critiques, on retrouve une modification irrégulière des états financiers de l'exercice 2022, le non-respect de la nomenclature des comptes du Trésor et une évaluation parcellaire du patrimoine étatique.

Le rapport révèle également des anomalies troublantes concernant le recouvrement des recettes. Certaines taxes apparaissent comme dérisoires : la taxe sur le conditionnement du bois n'aurait rapporté que 8 000 F CFA en une année, celle sur les jeux de hasard seulement 18 430 F CFA.

Des dépenses problématiques

La Chambre des comptes relève également plusieurs irrégularités dans les dépenses. On observe une augmentation des dépenses de fonctionnement au détriment des investissements, une diminution des transferts aux collectivités territoriales, une hausse de la dette garantie et des dépenses exécutées sans l'habilitation réglementaire.

Cabral Libii, député d'opposition, n'hésite pas à parler de gabegie et de mensonge au sein des services financiers de l'État. De son côté, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze n'a pas encore réagi aux conclusions des rapports.

Cette critique sans précédent de la Chambre des comptes révèle des soucis sur la transparence et la rigueur de la gestion publique.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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