Côte d'Ivoire : Fonction publique, l'Anadgi dénonce des pratiques de maintien illégal en activité de certains agents et écrit au chef de l'État
La réforme de la fonction publique, annoncée comme une priorité dans le programme présidentiel, peine à s’appliquer dans certaines administrations. À la Direction Générale des Impôts (DGI), les résistances face à la mise en retraite des agents suscitent indignation et incompréhension au sein des personnels, notamment de la part des jeunes recrues qui peinent à trouver leur place. Un problème qui, selon plusieurs sources, met en péril les objectifs économiques et sociaux du gouvernement.
Tout commence en 2008, avec l’instauration d’un « profil de carrière » pour les agents de la DGI, une réforme devant permettre une gestion plus fluide et équitable des carrières. Pourtant, seize ans plus tard, cette mesure reste lettre morte. Pire, certains agents censés être à la retraite continuent d’occuper leurs postes en usant, selon plusieurs témoignages, de moyens détournés pour contourner les dispositions du Statut général de la fonction publique. Ces pratiques, dénoncées par l’Alliance Nouvelle des Agents de la Direction Générale des Impôts (Anadgi), cristallisent aujourd’hui les frustrations.
« Ces blocages freinent l’intégration des jeunes issus des concours administratifs et créent un sentiment d’injustice parmi ceux qui aspirent à des responsabilités », confie un membre de l’Anadgi.
Au-delà des questions internes, ce statu quo affecte également la performance globale de l’administration fiscale. Des objectifs financiers non atteints, une démotivation croissante des personnels et des retombées négatives sur la capacité de l’État à financer ses engagements budgétaires sont autant de conséquences dénoncées.
Mais l’impact va plus loin. Selon des économistes, les performances de la DGI sont directement liées à la mobilisation des recettes fiscales, pilier essentiel pour soutenir les projets de développement, rembourser les dettes publiques et garantir la stabilité économique. Dans ce contexte, le maintien illégal en poste de certains agents apparaît comme un véritable frein pour les ambitions du pays.
En marge de ce problème organisationnel, la gestion de la Mutuelle des Agents de la Direction Générale des Impôts (MADGI) vient exacerber les tensions. Des accusations de mauvaise gestion et de manque de transparence alimentent les crispations, renforçant le sentiment d’un système à bout de souffle.
Face à cette situation, l’Anadgi a décidé d’interpeller directement le Président de la République, Alassane Ouattara. Dans une lettre ouverte dont copie est parvenue à KOACI, Michaël Dougrou et ses camarades rappellent l’importance de la jeunesse dans le développement national, soulignant que des milliers de jeunes diplômés attendent désespérément des opportunités que ce blocage prive d’existence.
Si les signataires saluent les efforts du Chef de l’État en faveur de l’employabilité des jeunes, ils plaident pour des actions concrètes et rapides pour mettre fin à ces dysfonctionnements. « Il est temps de rétablir l’équité et de garantir un fonctionnement conforme aux textes en vigueur », insiste un responsable de l’Anadgi.
Dans ce dossier, tous les regards se tournent désormais vers la Présidence. Une intervention ferme pourrait non seulement rétablir la confiance des agents, mais aussi donner un signal fort en faveur d’une administration moderne et équitable. Pour les jeunes Ivoiriens, c’est une question d’avenir. Pour le pays, c’est une urgence économique et sociale.
Jean Chresus, Abidjan
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire