Visite d’information de Mme Mémounatou de la CEDEAO, en bleu, à Mme Nyonblee Karnga-Lawrence, la présidente du Senat, près du drapeau (ph)

La mission parlementaire de médiation et de diplomatie de CEDEAO n’a pas réussi à réconcilier les deux blocs opposés au Chambre des Représentants (Assemblée nationale) du Liberia et s'est engagée à poursuivre les discussions avec les deux factions afin de parvenir à une solution.

Cette déclaration est contenue dans un communiqué rendu public le 16 novembre 2024 à Monrovia par le parlement de la CEDEAO et signé par sa présidente, Hadja Mémounatou Ibrahima.

Nœud de la crise

La crise actuelle au sein Chambre des Représentants divisée en deux blocs paralyse le les activités de l’Assemblée et entrave le fonctionnement de l'État dans son ensemble.

Le « bloc majoritaire » composé de 43 députés sur 73 fait pression pour obtenir la démission du président de la Chambre des Représentants, Jonathan Fonati Koffa et a juré de ne pas s’asseoir sous son marteau.

Pour sa part, le président de la Chambre qui est soutenu par le « bloc minoritaire » maintient qu’il ne démissionnera pas de son poste et a exhorté ses collègues à se conformer à la Constitution.

La Chambre connait une crise de leadership après que 43 députés ont quitté la salle des plénières pour aller tenir des sessions séparées dans une salle conjointe de l’Assemblée nationale. La controverse a débuté le 17 octobre 2024, lorsque 47 membres de la 55e Chambre des représentants ont signé une résolution citant les articles 33 et 49 de la Constitution de 1986 du Liberia pour émettre un vote de défiance à l’égard du président.

Recommandations aux parties

La mission s’est rendue du 11 au 16 novembre 2024 à Monrovia sur instructions du Président en exercice de la CEDEAO, le nigérian Ahmed Bola Tinubu, aux fins de conduire une mission de diplomatie parlementaire auprès des autorités et institutions compétentes du Liberia pour trouver une solution à l'amiable entre les parties concernées.

Après les différentes entrevues eues avec les parties, la mission de la CEDEAO a déduit que « les parties n'ont pas été en mesure de parvenir à une conclusion favorable dans le délai imparti à la mission ». De ce fait, elle a exhorté les parties à rechercher dans le cadre juridique consacré par la Constitution de 1986 de la République du Libéria et par le Règlement intérieur de la Chambre des représentants en ce qui concerne l'élection et la révocation du Président de la Chambre des représentants. Elle a prié les deux blocs à œuvrer ensemble afin d'unifier le pays et de le maintenir sur la voie du développement et du progrès.

La mission a par ailleurs souligné l’engagement de la CEDEAO à préserver la paix et la stabilité au Liberia et dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest. L’organisation s’est engagée à rester activement impliquée jusqu’à ce que l’impasse politique soit résolue conformément aux principes de démocratie et de bonne gouvernance.

Réactions opposées des deux blocs

De sources proches de l’affaire, nous apprenons que la CEDEAO a proposé une feuille de route en six points visant à rétablir l’ordre et à permettre à la Chambre de poursuivre ses activités sans heurts. En retour, le président de la Chambre devra répondre par écrit et se récuse de présider les sessions pendant l'enquête. Le vice-Président de la Chambre devra présider les travaux pendant la période de l'enquête, soit un délai de deux semaines.

Le bloc majoritaire de la 55e législature, présidé par le député Samuel G. Kogar, a exprimé sa reconnaissance pour les efforts de la CEDEAO pour résoudre la crise mais a rejeté la principale recommandation, laquelle vise à résoudre l’impasse actuelle au sein de l’Assemblée. Si le bloc a accepté cinq des six recommandations de la médiation, il rejette tout retour à la salle des plénières sous l’autorité du président Koffa qui est contesté.

Pour sa part et pour le compte du bloc minoritaire, le président Koffa a accueilli favorablement la proposition en six points élaborée par l’équipe de médiation de la CEDEAO pour résoudre l’impasse actuelle au sein de l’Assemblée nationale.

Dans une lettre adressée à la présidente du Parlement de la CEDEAO, Koffa a exprimé son engagement envers la résolution, soulignant son importance pour rétablir l’ordre et l’unité au sein de la Chambre. Il a assuré que les dirigeants de la Chambre des représentants ont fait des concessions substantielles pour assurer une résolution rapide de la crise.

Au même moment, Koffa a rejeté les actions du bloc majoritaire et a rappelé que le président de la Chambre est élu tous les six ans avant de rappeler qu’il est inconstitutionnel que le vice-président préside la Chambre lorsque le président est présent et disponible.

Mensah,

Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria

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