Les présumés malfrats (Ph KOACI)

Pendant plusieurs mois, Abidjan a été au centre d’attaques violentes orchestrées par un gang armé. Ces braqueurs ciblaient des personnes venant de retirer de l’argent dans les banques, frappant avec une brutalité glaçante. Leur audace croissante a plongé la ville dans l'inquiétude, avant qu’une opération décisive de la BRI Nord ne mette fin à leur règne.

Tout commence le 5 août 2023, lorsqu’un enseignant-chercheur de l'université d’Abidjan devient la première victime recensée de ce groupe criminel. Pris pour cible à la sortie d’une agence bancaire, il est attaqué et se fait voler un million de francs CFA. Les braqueurs, sans pitié, lui tirent dans la jambe. La blessure, d’abord perçue comme non mortelle, se révèle fatale quelques heures plus tard. Ce drame ne sera malheureusement que le début d'une série d’agressions similaires.

Quelques jours après, le 8 août 2023, les braqueurs frappent de nouveau, cette fois dans une station-service à Azito, dans la commune de Yopougon. Puis, le 13 mars 2024, en pleine journée, une autre victime est attaquée après une opération bancaire dans le quartier d’Angré. Rien ne semble arrêter cette bande, qui agit avec une précision alarmante. Leur audace culmine le 14 octobre 2024, lorsqu’un couple européen est pris pour cible sur le pont Soro. L’épouse, refusant de céder le sac contenant trois millions de francs CFA, reçoit une balle dans la cuisse. Blessée, elle assiste impuissante au départ des agresseurs, qui s’enfuient avec la somme retirée quelques instants plus tôt.

L’attaque du 25 octobre à Treichville renforce encore la pression sur les autorités. Là, un individu se fait dépouiller de sept millions de francs CFA, à peine sorti d’une banque. Face à cette escalade, la BRI Nord décide d’intensifier la traque, multipliant les surveillances autour des établissements financiers. L’objectif : mettre la main sur ces malfaiteurs avant qu’ils ne fassent d’autres victimes.

L’effort finit par porter ses fruits le 26 octobre 2024. Lors d’une patrouille de routine, les agents repèrent un individu suspect, stationné sur une moto non loin de l’entrée d’une banque. Sa posture et son comportement éveillent immédiatement les soupçons des enquêteurs. L’homme, identifié comme O T, un Nigérian de 44 ans, se révèle être un des membres actifs du gang. Reconnu grâce aux caméras de surveillance des lieux précédemment braqués, il avoue sans résistance surveiller l’entrée de la banque sous les ordres d’un certain Pipiro, présenté comme le chef de la bande.

L’interpellation d’O T permet rapidement aux forces de l’ordre d’identifier deux autres complices. M A M, un Nigérian se faisant passer pour maçon, et D O, un Ghanéen sans emploi de 21 ans, sont arrêtés peu après. Les deux hommes confirment leur appartenance au gang et révèlent que leur mission consistait principalement à observer les clients des banques pour repérer des cibles vulnérables et les suivre discrètement jusqu’à des zones isolées.

Toutefois, malgré ces arrestations, l’enquête reste incomplète. Le chef présumé, Pipiro, ainsi qu’un autre membre connu sous le surnom de « Le Gros », sont toujours en fuite. Selon les suspects, ils seraient en possession des armes utilisées lors des braquages et continueraient de coordonner les opérations criminelles.

Tant que les leaders du gang n’auront pas été appréhendés, la vigilance demeure de mise. Pour l’heure, cette opération réussie redonne toutefois un peu de sérénité aux habitants et montre que la traque acharnée des forces de l’ordre peut porter ses fruits, même face à des criminels expérimentés.

Jean Chresus, Abidjan