Côte d'Ivoire : Querelle de paternité devant le tribunal, une bataille judiciaire entre anciens amants
Au tribunal d’Abidjan, une affaire de paternité complexe a mis face à face monsieur Yapi Jean-Marie et son ancienne compagne, originaires de la région de la Mé, dans le département d’Adzopé.
Les deux protagonistes, qui ont partagé leur vie sous le même toit à Koumassi entre 2014 et 2021, sont aujourd’hui au cœur d’un conflit judiciaire autour de l’identité légale des enfants issus de leur vie commune. M. Yapi est accusé d’avoir frauduleusement reconnu comme siens deux enfants, tandis que N.D. conteste cette paternité et revendique une autre vérité familiale.
Devant le juge, le vendredi 25 octobre 2024, la dame a expliqué que lorsqu’elle avait rencontré Yapi, elle entretenait déjà une relation avec un homme marié dans son village d’Agou, une union désapprouvée par son père.
Selon ses dires, elle avait décidé de rejoindre Yapi à Abidjan tout en continuant à faire des allers-retours entre Agou et Koumassi. Lors de son installation chez lui, elle portait déjà en son sein son premier enfant, qu’elle affirme ne pas être celui de Yapi, a expliqué la dame à la barre, ajoutant que bien qu’elle ait accouché chez lui, elle l’avait formellement interdit de les enregistrer sous son nom.
Cependant, elle n’aurait découvert qu’en 2023 que son ex-conjoint avait effectué les déclarations de naissance avec son propre patronyme. Après cette découverte, elle a entrepris de refaire les actes de naissance des enfants à Agou, cette fois avec le nom du père biologique.
De son côté, Yapi Jean-Marie réfute ces accusations et présente une version diamétralement opposée. Selon lui, lorsqu’il s’est engagé dans cette relation en 2012, et que son ex-compagne lui aurait affirmé qu’elle avait déjà un enfant d’une précédente liaison avec un gendarme, mais qu’elle était libre de toute attache sentimentale.
Yapi affirme que cette dernière n’était pas enceinte lorsqu’ils ont décidé de vivre ensemble, et qu’il est bien le père des deux enfants, nés en 2014 et 2017.
Pour Yapi, ces enfants ont toujours été reconnus comme les siens, sans contestation, tant à la maison qu’à l’école, où son nom figurait sur tous leurs documents administratifs. Il soupçonne que cette remise en question soudaine de sa paternité est liée à la nouvelle situation de la femme, aujourd’hui mariée à un planteur aisé, qui, selon lui, voudrait le remplacer.
L’audience a révélé plusieurs zones d’ombre. Le juge a interrogé la dame sur sa décision de refaire les actes de naissance à Agou, plutôt qu’à Koumassi, et sur son choix de ne pas annuler officiellement les premiers extraits de naissance avant d’en produire de nouveaux. Elle a répondu qu’elle n’était pas informée des procédures à suivre. Le tribunal avait également ordonné la comparution de M. N’Cho, le supposé père biologique des enfants, mais celui-ci ne s’est pas présenté à l’audience.
Avant de lever la séance, le juge a exigé que l'ancienne compagne fournisse les carnets de naissance originaux des enfants, puisque Yapi a déclaré détenir une copie où figure son nom. Le verdict de cette affaire sensible a été repoussé au 22 novembre 2024, laissant entrevoir une décision qui pourrait profondément affecter le lien entre les enfants et celui qui se considère toujours comme leur père.
Jean Chresus, Abidjan
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire