Côte d'Ivoire : Gnagna Zady à propos des primes : « Nous sommes convaincus qu'elle trouvera une issue heureuse car nous avons pleinement confiance au président de la République »
Gnagna Zadi (Ph KOACI)
Le front social était en ébullition la semaine dernière suite à la grève déclenchée par des secteurs publics afin de réclamer la prime trimestrielle pour tous fonctionnaires et agents de l’Etat.
Dix jours après la grève diversement interprétée par le Gouvernement et les syndicats, le président de la Confédération syndicale, plate-forme nationale des travailleurs de Côte d'Ivoire, M. Théodore Gnagna Zady, revient sur l’épineuse question de la prime, ainsi de l’illégalité de la grève selon le Gouvernement , tout en invitant ses camarades syndicalistes à faire confiance aux acteurs que nous sommes et aux différents cadres de discussions.
Ci-dessous l’intégralité de l’Interview accordée par M. Théodore Gnagna Zadi à KOACI.COM.
KOACI.COM : M. le Président, après des années d’accalmie suite à signature de la trêve sociale, le monde syndical était en ébullition avec les grèves dans plusieurs secteurs de la Fonction Publique les 15, 16 et 17 octobre derniers, quels commentaires faites-vous ?
Théodore Gnagna Zady : Je vous remercie pour cette opportunité que vous nous offrez. Pour nous, cette grève montre que la trêve sociale n'est pas un acquis, c'est une interpellation forte aux acteurs pour qu'ils soient en éveil permanent. Ils ne doivent donc pas dormir sur leurs lauriers d'hier. Cela commande que tous les cadres de discussion de la base au sommet soient mis en place et fonctionnent correctement pour apporter des solutions aux préoccupations majeures des fonctionnaires. La trêve sociale ne doit pas être un chiffon rouge qu'on secoue pour éviter de résoudre les problèmes. Bref, cette grève est un accélérateur du processus de consolidation de la trêve sociale. En outre la grève montre également que les fonctionnaires et surtout les enseignants attendent beaucoup du gouvernement pour améliorer leurs conditions de vie.
KOACI.COM : Le gouvernement ivoirien a jugé ces grèves d’illégales arguant n’avoir jamais rompu le dialogue, qu’en dites-vous ?
T.G.Z : La loi de 1992 sur les modalités de grève rend illégale toutes les grèves qui ont eu lieu depuis cette date. Selon cette loi une grève ne peut être déclarée légale que si et seulement si elle respecte les 4 étapes que sont, la conciliation dans le ministère technique, en cas d'échec, la Fonction publique rentre en ligne et s'il n'y a pas de solutions le Premier ministre est saisi. En cas d'échec à ce stade, la Fonction publique délivre un certificat autorisant le syndicat à aller en grève. Ce qui n'a jamais été le cas dans notre pays. Cette loi au regard de cette procédure, avait pour objectif d'empêcher toute velléité de grève. C'est une mauvaise loi qui viole la liberté syndicale et le droit syndical. C'est pourquoi même si nos camarades avaient respecté les différentes étapes jusqu'à la Primature avant d'aller en grève, celle-ci aurait été jugée illégale car il n'aurait jamais obtenu ce fameux récépissé. Pour nous cette loi est mauvaise et il faut donc la changer. Le gouvernement dit que le dialogue n'était pas rompu. Oui c'est vrai, mais lorsque le dialogue n'est pas productif il devient inopérant.
KOACI.COM : La principale revendication des grévistes la question de la Prime trimestrielle est-elle justifiée ?
T.G.Z : La demande de la prime est légitime et justifiée pour tous ceux qui n'en possèdent pas mais surtout pour les enseignants dont les conditions se sont dégradées au fil des années entraînant une grande démotivation. Ces derniers ont perdu leur place dans la société ainsi que l'estime de soi. Toute chose qui influence négativement les performances de l'Éducation.
KOACI.COM : Le Gouvernement brandit des sanctions et des ponctions de salaires contre les grévistes, partagez-vous cet avis ?
T.G.Z : Le gouvernement a pris la pleine mesure de la demande et nous sommes convaincus qu'elle trouvera une issue heureuse car nous avons pleinement confiance au président de la République qui a beaucoup fait pour les travailleurs et particulièrement pour les fonctionnaires depuis son avènement à la tête de l’État. Le gouvernement a toujours brandi ou appliqué des sanctions face aux grèves, mais pour cette fois nous souhaitons qu'il fasse preuve de mansuétude pour contribuer à la durabilité de l'accalmie actuelle.
KOACI.COM : Pouvez-vous revenir sur les acquis de l’accord signé en 2022 avec le Gouvernement ?
T.Z.G : Les acquis de 2022 étaient de deux ordres : Au plan financier le gouvernement a revalorisé l'indemnité contributive au logement et l'a attribué à tous les fonctionnaires et il a également attribué la prime de transport ainsi que les allocations familiales. Il a en outre institué une prime exceptionnelle de fin d’année que nous considérons comme notre 13e mois. Au plan législatif, il y'a eu l'adoption du nouveau Statut général de la Fonction publique, la prise d'un décret instituant les cadres de discussion sectorielles et le comité consultatif de la Fonction publique. Ces acquis sont importants et c'est pour cette raison que nous faisons confiance au président de la République dans sa capacité à résoudre nos problèmes.
KOACI.COM : Un dernier mot à l’endroit des syndicalistes...
T.G.Z : Je voudrais demander aux camarades de faire confiance aux acteurs que nous sommes et aux différents cadres de discussions. Mais mieux, il faut que nous préservions le climat social apaisé pour donner une chance au règlement des problèmes posés. Merci.
Interview réalisée par Donatien Kautcha, Abidjan
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