L'hémorragie des enseignants s'intensifie au Cameroun. C’est le cas de l'Université de Douala qui fait face à une situation préoccupante alors que 80 enseignants sont actuellement absents de leurs postes. Dans un communiqué-radio daté du 21 octobre 2024, le Recteur de l'institution leur a lancé un ultimatum de quinze jours à 80 enseignants pour rejoindre leurs fonctions, sous peine d'être placés en position d'absence irrégulière.

Un phénomène qui s'étend à tout le système éducatif

Cette situation à l'Université de Douala n'est que la partie visible d'un problème plus vaste qui touche l'ensemble du système éducatif camerounais. Le 17 janvier 2024, Nalova Lyonga, ministre des Enseignements secondaires, révélait que pas moins de 2.326 personnels de son ministère étaient en situation d'absence irrégulière.

Plusieurs facteurs expliquent cette hémorragie du personnel enseignant : Des conditions salariales peu attractives qui poussent certains à abandonner leurs postes. Une vague d'émigration importante, particulièrement vers le Canada. Des grèves à répétition qui, depuis trois ans, perturbent régulièrement l'année scolaire. Et, une lassitude générale face à l'absence d'amélioration des conditions de travail.

Le Canada, terre d'accueil privilégiée

Le phénomène d'émigration vers le Canada prend une ampleur particulière. En 2023, plus de 2.500 enseignants camerounais se sont installés dans ce pays nord-américain, attirés par de meilleures conditions de vie et des perspectives professionnelles plus prometteuses.

Cette situation qui a un grave impact sur le système éducatif camerounais, soulève de graves inquiétudes quant à, la continuité pédagogique dans les établissements. La qualité de l'enseignement dispensé aux étudiants, la stabilité du système éducatif camerounais dans son ensemble et la capacité à maintenir un niveau d'excellence académique.

Face à cette crise, qui menace directement l'avenir de la jeunesse camerounaise, des mesures structurelles s'imposent. L'amélioration des conditions de travail et de rémunération des enseignants apparaît comme une priorité pour enrayer cette fuite des cerveaux qui fragilise le système éducatif national.

La menace de sanctions administratives, comme celle brandie par le Recteur de l'Université de Douala, ne peut constituer qu'une réponse à court terme. Une réflexion plus profonde sur l'attractivité du métier d'enseignant au Cameroun et sur les moyens de retenir les talents semble incontournable.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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