Un rapport conjoint de Global Initiative Against Transnational Organized Crime et Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), publié en septembre 2024, révèle une hausse inquiétante des enlèvements contre rançon dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

Selon ledit rapport, en 2023, près de 450 cas d’enlèvements ont été recensés, plus du double des 200 cas enregistrés en 2022. Cette tendance à la hausse est observée depuis 2020, contrastant avec les chiffres plus bas de 2018 (environ 40 cas) et 2019.

Les analystes attribuent cette augmentation à la diminution du soutien financier de la diaspora aux groupes séparatistes. Face à ce manque de ressources, ces groupes se sont tournés vers les enlèvements et les pillages pour financer leurs activités.

L'évolution du conflit a également vu un changement dans la dynamique des violences. Si en 2017, 89% des attaques contre les civils étaient imputées aux forces gouvernementales, les séparatistes ont progressivement accru leur part, atteignant 48% des violences politiques en 2020.

Les cibles des enlèvements sont variées : personnalités influentes, individus fortunés, mais aussi citoyens ordinaires. Le montant des rançons varie selon le profil de la victime. Les membres des forces de sécurité et de l'armée sont également visés.

Cette stratégie, bien que financièrement efficace pour les séparatistes, a eu des conséquences négatives. Elle a entraîné une baisse significative du soutien de la diaspora et des populations locales, affectant la légitimité du mouvement séparatiste.

Le rapport souligne ainsi le paradoxe auquel font face les groupes armés : leurs actions pour obtenir des fonds à court terme compromettent leur soutien populaire à long terme, mettant en péril la pérennité de leur mouvement.

- Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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