Une délégation du PPA-CI chez Affi (Ph KOACI)



Dans un contexte politique marqué par des tensions et des divisions internes, une rencontre symbolique a eu lieu hier soir, mardi 8 octobre 2024.

Une délégation de haut rang, conduite par le professeur Hubert Oulaye, vice-président du Parti des Peuples Africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI), s'est rendue au domicile de Pascal Affi N'guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), pour lui exprimer les condoléances de Laurent Gbagbo, ancien président de la République et fondateur du PPA-CI. Affi N'guessan, en proie à un deuil personnel, a accueilli cette visite dans un moment chargé d'émotions.

Mais au-delà du simple geste de réconfort, cette rencontre portait un message lourd de sens, particulièrement dans un contexte où la gauche ivoirienne semble plus fragmentée que jamais.

En effet, le FPI, autrefois unifié derrière Laurent Gbagbo, s’est divisé au fil des années en raison de divergences politiques profondes, notamment après la crise post-électorale de 2010-2011. Pascal Affi N'guessan, devenu le leader d’une branche du FPI, a entretenu des relations tendues avec Gbagbo, qui, de son côté, a fondé le PPA-CI après sa libération par la Cour pénale internationale. Toutefois, hier, dans la maison d'Affi, une porte s'est ouverte, symbolisant peut-être une volonté de réconciliation.

Le professeur Hubert Oulaye, porte-parole de cette délégation envoyée par Gbagbo, n'a pas manqué de saisir l'occasion pour souligner l'importance de la réunification de la gauche ivoirienne.

Son discours, sobre, a mis en lumière le besoin urgent de surmonter les querelles passées pour affronter ensemble les défis futurs. "Nous savons toujours que notre lutte a été motivée par des querelles", a-t-il déclaré, dans une référence claire aux divisions internes qui ont miné la cohésion de la gauche depuis plusieurs années.

Mais, au-delà de ce rappel historique, Oulaye a insisté sur la nécessité de regarder vers l'avenir.

« Au nom du président Gbagbo, nous sommes venus vous dire qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’être ensemble», a-t-il ajouté, réitérant ainsi l’appel lancé récemment par Laurent Gbagbo depuis Bonoua en faveur d’une union des forces progressistes en Côte d'Ivoire.

Cet appel à l’unité ne se limite pas à une simple rhétorique politique. Pour Oulaye, il s'agit d'une véritable nécessité, dans un contexte où les élections de 2025 se profilent à l'horizon et où la droite, incarnée par le parti au pouvoir, continue de dominer la scène politique.

"Nous souhaitons qu'après les pleurs nous puissions nous asseoir pour réfléchir sur ce qui nous a toujours rassemblé", a-t-il conclu, exprimant ainsi l’espoir que ce moment de deuil pourrait être l’occasion de cicatriser les blessures du passé.

Bien que cette visite ait été organisée dans des circonstances douloureuses, elle marque néanmoins un tournant potentiel dans les relations entre le PPA-CI et le FPI.

Si la politique ivoirienne est souvent imprévisible, ce geste de Laurent Gbagbo, à travers Hubert Oulaye, pourrait bien être le signe avant-coureur d'une tentative de rapprochement entre les deux factions rivales. Reste à savoir si Pascal Affi N'guessan, fort de son héritage politique au sein du FPI, sera prêt à tendre la main en retour pour reconstruire une coalition de gauche capable de rivaliser avec le pouvoir en place.

En attendant, cette rencontre est un rappel que, même au milieu des querelles politiques, il existe des moments où les hommes et les femmes de pouvoir doivent mettre de côté leurs différends personnels pour faire face à des enjeux plus grands.

Pour la gauche ivoirienne, cette visite de condoléances pourrait bien marquer le début d’un nouveau chapitre, où les rivalités du passé laisseraient place à une nouvelle ère de coopération. Mais pour l’instant, seul le temps dira si cet appel à l’unité trouvera un écho favorable au sein du Front populaire ivoirien.

Jean Chresus, Abidjan