Côte d'Ivoire : Maitre René Bourgoin (Haca) aux promoteurs de radios : « Il n'y a plus de fréquence disponible dans le Grand Abidjan, orientez-vous vers la RNT »
« Il n’y a aucune fréquence disponible dans le Grand-Abidjan, vraiment aucune. Il ne reste plus que ce que l’on appelle les fréquences de sécurité qui doivent servir à titre d’exemple ». Ces propos sont de Maitre René Bourgoin, président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA). Il les a tenus, ce lundi 30 septembre 2024 à Abidjan, à l’occasion du tout premier numéro du « Rendez-vous de l’Union des Radios de proximité de Côte d’Ivoire (URPCI) », dont il était l’invité.
Cette information lâchée par le président de la HACA, sonne comme une réponse adressée aux promoteurs du secteur de la radio qui, depuis plusieurs années pour certains, attendent d’obtenir une fréquence dans le Grand-Abidjan pour pouvoir émettre. L’invité de l’URPCI, a par ailleurs, fait savoir que « le fait de demander une fréquence ne veut pas dire qu’on a droit à une fréquence. La demande peut être faite depuis même peut-être 4 voire 5 ans, mais cela ne veut pas dire que vous y avez droit ».
Maitre René Bourgoin a également révélé que même dans les localités hors du Grand-Abidjan, il est de plus en plus difficile d’obtenir des fréquences. « Même les autres régions commencent à être saturées. Il faut donc aller dans une autre démarche. A partir du moment où les ressources externes deviennent de plus en plus rares, il faut se tourner vers ce qui s’est passé au niveau de la télévision. Je veux parler de la Radio Numérique Terrestre ou RNT. Vous savez, avec une fréquence numérique, on peut, par le jeu de la distribution de la segmentation des fréquences, obtenir 20 chaines de télévision en définition instantanée. La même chose est faisable au niveau de la radio et dans ce domaine, on peut avoir 30 à 40 chaines de radio. Donc l’avenir, c’est la radio numérique terrestre et bientôt, la HACA va organiser une mission en France pour aller s’inspirer de l’exemple français qui a déjà implémenté la Radio Numérique Terrestre. En Afrique, nous serons les premiers à implémenter cette solution en Afrique », a-t-il expliqué.
Répondant à la préoccupation de certains acteurs des radios privées non commerciales qui trouvent trop élevée la caution de 3.000.000 fcfa, donnant droit à la création d’une chaine de radio et les 500.000 fcfa à verser chaque année à titre de redevance, René Bourgoin s’est voulu on ne peut plus clair. « Les 3.000.000 fcfa, on paye une fois et on ne paye plus. A titre de comparaison, les radios commerciales doivent s’acquitter de la somme de 400.000.000 fcfa pour le cautionnement et plus de 10.000.000 pour la redevance annuelle. Les radios commerciales ont la liberté d’obtenir la publicité qu’elles souhaitent. Pour les radios de proximité, c’est 25%. Si on fait une règle de trois, vous verrez que tout l’avantage, c’est pour les radios de proximité. 3.000.000 fcfa, ce n’est vraiment pas la mer à boire », a-t-il démontré.
Concernant le rôle de la HACA, son premier responsable a indiqué qu’on peut effectivement considérer cette institution comme le gendarme du domaine de l’audiovisuel. Cependant, il n’est pas que gendarme. « Il est également un conseiller, un partenaire, qui oriente, qui redirige. Il n’y a pas de vraie régulation sans sanction. La régulation suppose la capacité de sanctionner », a-t-il précisé.
Le président de la HACA s’est tout de même dit « absolument satisfait du fonctionnement des radios de proximité de Côte d’Ivoire, totalement satisfait. Il peut arriver de façon isolée qu’il y ait quelques manquements surtout en période électorale ; mais en règle générale, il n’y a absolument rien à redire sur le fonctionnement des radios de proximité », a-t-il félicité.
Au niveau des avancées obtenues par les radios de proximité, le conférencier a fait noter des acquis comme la publicité qui, auparavant n’était pas autorisée à ces radios. Elle est maintenant autorisée à hauteur de 25% du chiffre d’affaires. En outre, il était impossible pour les radios de proximité de produire des émissions à caractère politique. Toute chose qui est maintenant possible à condition pour ces radios de disposer d’un journaliste professionnel en leur sein. Autant d’acquis qui font du président de la HACA, « l’ami des radios de proximité », comme aiment l’appeler les acteurs de ce secteur.
Eric Gohou, le président de l’URPCI, a pour sa part, rendu un vibrant hommage au président de la HACA, pour toutes les avancées obtenues. Une reconnaissance qui s’est matérialisée par l’institution d’un prix René Bourgoin de la meilleure radio, dont la deuxième édition est prévue au mois de novembre prochain.
Pour le président de l’URPCI, cette nouvelle trouvaille qui est « Les Rendez de l’URPCI », se veut un espace d’échange au service de la proximité. Ce premier numéro s’est déroulé en présence de Bamba Karamoko, PCA de l’URPCI et de Namizata Sangaré, présidente du Comité National des Droits de l’Homme (Cndh).
Wassimagnon
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