Affi N'guessan

À l'approche de son 5e congrès ordinaire, Pascal Affi N'Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), a effectué des changements au sein de son parti.

Ces décisions au moment où le FPI est traversé par une crise interne.

Cette volonté de réorganisation stratégique découle des tensions internes qui secouent cette formation politique.

Au centre de ces désaccords majeurs, la question de la rupture du partenariat du FPI avec le RHDP, parti au pouvoir et la volonté de Pascal Affi N'Guessan de répondre à l'appel de Bonoua lancé par l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.

Le député de Bongouanou qui tente de consolider son leadership fait donc face à des fractures au sein de son entourage, et plusieurs figures clés ont exprimé leur mécontentement face à ses méthodes.

Dans un communiqué parvenu ce lundi 23 septembre 2024 à KOACI, la première grande décision d'Affi concerne la nomination de Gnépa Iré Barthélémy en remplacement d'Issiaka Sangaré au poste de secrétaire général et porte-parole.

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Issiaka Sangaré, nommé à cette fonction en 2021 et qui est opposé à la rupture du partenariat FPI-RHDP, a vu ses responsabilités révoquées, une décision qui traduit sans aucun doute une divergence entre lui et le leader du parti. Gnépa Iré Barthélémy, vice-président du FPI et administrateur général civil de grade A7 avec le rang de préfet hors grade, est désormais à la tête du secrétariat.

La nomination de Gnépa Iré pourrait être interprétée comme une tentative d'Affi N'Guessan de resserrer son emprise sur le parti, tout en renforçant son équipe avec des personnalités ayant une profonde connaissance du terrain. Outre ses responsabilités en tant que secrétaire général, Gnépa Iré est également chargé de l'implantation et de l'encadrement des structures du parti, ainsi que de la politique d’aménagement et d’administration du territoire. Ces missions s'inscrivent dans une logique de maillage territorial plus dense, un atout indispensable en vue des prochaines batailles politiques.

En parallèle, Affi N'Guessan a procédé à d'autres nominations stratégiques au sein du FPI. N'da Edoukou Bernhardt devient vice-président chargé du protocole et de l’organisation des manifestations du parti, tout en endossant la fonction de directeur de cabinet du président. Lia Gnan Ferdinand prend quant à lui la vice-présidence de la région Abidjan-Lagunes (Cocody-Bingerville) et devient porte-parole adjoint du parti. À ces changements viennent s'ajouter les nominations de Konin Adou Jean-Marie, Soro Kelefohoua, Kouadio Raphaël Valera, Faiphout Xavier Randal, Boidou Blaise Noël, et Ouattara Karmon Zie Arsene à différents postes de vice-présidence en charge des régions d'Abidjan et d'autres localités stratégiques comme l’Indénié-Djuablin ou le Poro. Ces remaniements montrent la volonté du président Affi N’Guessan de confier des zones politiquement sensibles à des personnalités fidèles à sa ligne.

Cependant, cette réorganisation intervient dans un climat tendu pour le président du FPI. Affi N'Guessan fait face à une contestation croissante au sein de son propre camp. Si certains cadres, comme Issiaka Sangaré, Dago Godé Pierre et leurs proches se montrent réticents à suivre la voie tracée par le leader, notamment concernant la récente polémique autour de "l'Appel de Bonoua", d'autres voix s'élèvent pour dénoncer des dysfonctionnements internes.

L’Appel de Bonoua, une initiative visant à rassembler les partisans autour de Laurent Gbagbo, ne semble pas faire l'unanimité au sein du FPI. En effet, Issiaka Sangaré a publiquement exprimé sa désapprobation en affirmant que le parti n’était pas concerné par cet appel au ralliement derrière Gbagbo.

Ce positionnement crée des dissensions entre les partisans d’un rapprochement avec l’ancien président et ceux qui souhaitent maintenir une certaine distance.

Le climat est devenu encore plus électrique à l'approche du congrès ordinaire, qui semble cristalliser les frustrations des cadres. Le vice-président Pierre Dagbo Godé, adjoint au maire de Yopougon, a exprimé sa volonté à se porter candidat pour prendre la tête du FPI.

Les accusations contre Affi ne s'arrêtent pas là. Nicolas Lasme, secrétaire national chargé des relations avec la société civile et les représentations en Europe et des autres partis, a ouvertement demandé des explications concernant un don présumé de 100 millions de francs CFA qu’Affi aurait reçu de M. Ahondjon lors des dernières élections régionales. Lasme, comme d'autres, estime qu’après 23 ans à la tête du FPI, il est temps pour Affi N'Guessan de passer le flambeau. Cette demande d'alternance au sein du parti traduit un malaise profond, avec plusieurs cadres envisageant de quitter la formation s'ils ne sont pas entendus.

Ainsi, à deux mois du 5e congrès ordinaire, le FPI se retrouve à un carrefour décisif de son histoire. D’un côté, Pascal Affi N’Guessan tente de redéfinir la direction du parti à travers des nominations stratégiques. De l’autre, une opposition interne grandit et elle met en péril l’unité de la formation qui risque d’affaiblir davantage le leadership d'Affi.

Jean Chresus, Abidjan