Côte d'Ivoire : Depuis Bonoua, 15 partis de l'opposition dont le PDCI, le MGC et le COJEP, appellent le gouvernement à l'ouverture d'un dialogue politique inclusif pour des réformes électorales
Les représentants des partis signataires (Ph KOACI)
Le samedi 21 septembre 2024, à Bonoua, Simone Gbagbo, présidente du Mouvement des Générations Capables (MGC), a prononcé une déclaration au nom du Groupement des Partis Politiques de l’opposition ivoirienne.
Cette déclaration, signée par une quinzaine de formations politiques dont le Cojep, le PDCI et le MGC, a appelé à l’ouverture d’un dialogue politique avec le gouvernement ivoirien, dans le but de réformer le système électoral du pays.
L’absence des organisations de la société civile à cette rencontre a été justifiée par une ordonnance, jugée restrictive, qui impose des règles perçues comme une ingérence excessive de l'administration publique dans la gestion de ces entités.
Les partis politiques de l’opposition ont dénoncé cette ordonnance en estimant qu'elle constitue une entrave à la liberté d’expression de la société civile, laquelle a préféré s’abstenir de participer afin de se protéger de potentielles sanctions.
Les signataires de la déclaration ont réaffirmé que le système électoral actuel en Côte d’Ivoire est à l'origine des conflits sociopolitiques qui ont secoué le pays depuis l'an 2000. Ce système, maintenu par le gouvernement, est perçu par les signataires comme incapable de garantir la paix et la stabilité. La liste électorale, élément clé de toute élection démocratique, a aussi été pointée du doigt pour son inadéquation avec la réalité du corps électoral et pour les nombreuses irrégularités qu'elle suscite. La Commission Électorale Indépendante (CEI) a également été critiquée pour sa gestion inefficace des opérations de recensement et pour son incapacité à réviser annuellement le fichier électoral, comme le prévoit l’article 6 alinéa 3 du code électoral.
Les partis d'opposition ont mis en cause l'indépendance de la CEI, qui, selon eux, est sujette à caution et fragilise la légitimité des processus électoraux qu'elle supervise. De plus, le code électoral adopté en 2020 par ordonnance est jugé insuffisant pour instaurer un processus électoral transparent et démocratique. À l'approche des élections de 2025 et 2026, l'opposition estime que ce code doit impérativement être révisé et refondu.
La violence politique, devenue récurrente lors des échéances électorales, a été longuement évoquée. Elle se manifeste sous diverses formes, selon Simone Gbagbo et les partis signataires, allant des violences matérielles aux violences physiques en passant par les intimidations morales. L'opposition aspire à un futur où la Côte d'Ivoire pourra organiser des élections transparentes, crédibles et pacifiques, sans violence.
Le financement des partis politiques fut abordé, les insuffisances de la loi actuelle de 2004 étant perçues comme favorisant l’injustice. Le manque de transparence dans l’utilisation des fonds, ainsi que l’absence de plafonnement des dépenses de campagne, sont autant de problématiques que les partis d'opposition souhaitent voir réformées.
Par ailleurs, la question de l’accès équitable aux médias d’État a été soulevée. Les partis d’opposition ont dénoncé un monopole exercé par le parti au pouvoir sur le service public de l’information, et appellent à des réformes permettant une meilleure représentativité de toutes les opinions dans les médias nationaux.
Dans leur déclaration, les signataires ont affirmé que les faiblesses du système électoral actuel trouvent leurs racines dans certaines insuffisances constitutionnelles, notamment en ce qui concerne la séparation des pouvoirs et la non-constitutionnalisation de la CEI. Ils rappellent que la Constitution de 2016, modifiée en 2020, n'offre pas les garanties nécessaires à un environnement électoral sain et démocratique.
Le Groupement des Partis Politiques dans l'opposition a réitéré son appel au gouvernement pour l’ouverture d’un dialogue politique inclusif, avec la participation des partis, de la société civile et des autres forces vives de la nation. Ce dialogue doit permettre de faire le point sur l’exécution du dernier dialogue politique de 2022 et d'aborder les réformes électorales urgentes. À cette fin, les partis signataires s'engagent à élaborer un mémorandum commun qui servira de base à leurs propositions lors des discussions avec le gouvernement.
En conclusion, la déclaration de Bonoua du 21 septembre 2024 appelle à un dialogue franc et ouvert avec le gouvernement afin d’assurer la tenue d’élections pacifiques, transparentes et véritablement démocratiques dans les prochaines années.
Jean Chresus, Abidjan
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