L’honorable Christelle Yobo (DR) 

Après Rachelle Kéké élue Députée en France en 2022, une autre ivoirienne s’est illustrée en remportant un siège au parlement sur le vieux continent lors des élections Législatives de Juin 2024 en Allemagne. Il s’agit de l’Honorable Christelle Yobo.

Originaire du département d’Oumé, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, diplômée en gestion d’entreprise de l’université de Hambourg est devenue aujourd’hui une personnalité influente à Hambourg, après 20 ans de présence sur le sol Allemand.

Elle a été élue Députée du parlement de Hambourg, précisément Hambourg-centre lors des élections Législatives de Juin 2024 pour le compte du Parti Social-Démocrate (SPD) Allemand.

Dans un entretien accordé à KOACI.COM via internet, la Fondatrice et présidente de l’ONG NaJe et du NaJe Festival, revient sur circonstances de sa candidature et de son élection.

Ci-dessous l’intégralité de l’Interview de l’Honorable Christelle Yobo, du Parti Allemand SPD (Parti Social-Démocrate) ...

KOACI : Bonjour l’Honorable Christelle Yobo, pouvez-vous revenir sur votre parcours pour nos internautes ?

Christelle Yobo : Bonjour, je m'appelle Christelle Yobo, née en Côte d’Ivoire il y a 46 ans. Mon parcours scolaire s'est déroulé en Côte d'Ivoire avant que je ne m'installe en Allemagne. J'ai commencé par apprendre la langue allemande, puis j'ai poursuivi des études en sciences économiques, obtenant une maîtrise spécialisée en marketing industriel.

Parallèlement à mes études, j’ai dû exercer divers métiers pour les financer. Actuellement, je travaille comme cadre à Job Center, et je suis aussi présidente du parti social-démocrate (SPD) à Hambourg. J'ai même été candidate aux élections législatives de juin dernier. Mon engagement politique se reflète aussi dans les commissions où je siège, notamment celles qui valident des projets pour les associations de migrants et le développement durable.

Je suis également présidente de l'ONG NaJe, qui signifie amour et prospérité. Notre organisation se concentre sur quatre axes : l'éducation, la migration, la culture et le développement durable. Par exemple, avec NaJe, nous organisons le NaJe Festival, qui met à l’honneur la culture africaine, en particulier celle de la Côte d’Ivoire. Nous avons aussi construit cinq écoles en Côte d’Ivoire, offert des kits scolaires et des cadeaux de Noël aux enfants dans le besoin.

KOACI : Comment êtes-vous entrée en politique en Allemagne ?

Christelle Yobo : J'ai toujours été attirée par la politique. En Côte d'Ivoire, je ne pouvais pas m'y investir pleinement en raison des réticences de ma mère. En Allemagne, après avoir terminé mes études et fondé ma famille, j’ai finalement décidé de me lancer. Mon entrée officielle dans la vie politique s'est faite juste avant la pandémie de COVID-19.

J'ai d'abord créé mon ONG pour apporter un soutien concret à la société civile, puis j’ai compris que la politique était le meilleur moyen de participer aux décisions influençant nos vies. C’est ainsi que je me suis rendue au bureau du SPD et ai manifesté mon intérêt pour rejoindre leurs rangs. Depuis, je m'y suis engagée activement, notamment pour le bien-être des populations de Rothenburgsort et du centre de Hambourg. Mon engagement politique est également une manière de redonner à ce pays qui m’a accueillie, en mettant mes compétences au service de la communauté.

KOACI : Vous êtes présidente du parti SPD dans le district de Rothenburgsort. Quelle stratégie avez-vous adoptée pour gagner la confiance des habitants ?

Christelle Yobo : Je pense que mon authenticité, mon pragmatisme et mon empathie ont joué un rôle clé. À travers mon ONG, j'ai toujours été proche des habitants, que ce soit par mes actions culturelles, éducatives ou sociales. Mon engagement s’est aussi manifesté par ma proximité avec les personnes âgées et les jeunes, grâce notamment au NaJe Festival. Mon implication dans le développement local a permis de créer une véritable relation de confiance avec les riverains.

KOACI : Vous avez été élue députée au parlement de Hambourg en juin 2024. Pouvez-vous nous parler des circonstances de votre élection ?

Christelle Yobo : Ma candidature est venue à la demande de mon parti, qui souhaitait formaliser l’engagement que je mène sur le terrain. Après réflexion, j'ai accepté de me lancer. Nous avons mené une campagne de proximité, avec une équipe formidable que je remercie encore aujourd'hui pour leur soutien inébranlable. Nous avons utilisé tous les moyens de communication possibles pour partager notre programme, en restant à l’écoute des préoccupations des citoyens. Grâce à Dieu, nous avons remporté les élections au soir du 10 juin 2024.

KOACI : Comment votre élection a-t-elle été perçue par la communauté ivoirienne et les diplomates en Allemagne ?

Christelle Yobo : Ma victoire a été chaleureusement accueillie, notamment par l’ambassade de Côte d’Ivoire. À l'époque, l’Ambassadeur Philipe Mangou et tout son personnel m'ont félicitée. J’ai aussi reçu de nombreux messages de soutien des communautés ivoirienne, africaine, turque, et d'autres groupes de migrants. C'était un moment de grande fierté pour moi, et je remercie tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à cette réussite.

KOACI : Quels sont les liens entre votre parti politique en Allemagne et les formations politiques en Côte d'Ivoire ?

Christelle Yobo : Pour le moment, il n’y a pas de collaboration directe entre le SPD et les partis socialistes ivoiriens. Ici en Allemagne, les membres de mon parti ne sont pas forcément au courant de la politique ivoirienne. Bien que le SPD soit socialiste, nous n'avons pas encore de partenariats avec la Côte d'Ivoire.

KOACI : Votre mot de fin pour les KOACINAUTES…

Christelle Yobo : Merci pour cette opportunité. Je tiens à encourager tous les Ivoiriens à être ambitieux, résilients et à toujours croire en leurs rêves. Il est essentiel de rester concentré sur ses objectifs, d’agir concrètement pour les réaliser tout en étant une source de bénédiction pour son entourage. Soyez la lumière du monde, et continuez à avancer avec détermination. Merci à tous !

Interview réalisée via internet par Donatien Kautcha, Abidjan