Côte d'Ivoire : Filière café-cacao, des acteurs dénoncent le processus de mise en place de l'interprofession et font des recommandations au gouvernement
Les jours ou mois à venir risquent encore d’être mouvementés dans la filière du café-cacao. En effet, des acteurs de la filière réunis au sein du Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire (Synapci) et de l’Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (Anaproci), disent être restés sur leur faim, suite à la suspension de leur mot d’ordre de grève pour donner plus de chance et de temps au gouvernement à travers le Ministère d’État, Ministère de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières, à l’effet de satisfaire à leurs revendications.
Les deux syndicats de la filière, cités plus haut, regrettent ainsi l’absence de mesures allant dans le sens de la prise en charge de leurs préoccupations.
Ce lundi 19 août 2024 au cours d’une conférence de presse tenue, à la Maison de la presse d’Abidjan (Mpa) au Plateau, le président du Synapci, Koné Moussa, et celui de l’Anaproci, Kanga Koffi, ont donné de la voix sur les questions relatives à l’Interprofession de la filière café-cacao, l’avenir des sociétés coopératives, l’état des explorations des cacaoculteurs et la problématique du prix pour la campagne 2024-2025.
Sur la mise en place de l’Organisation interprofessionnelle agricole (Oia), les conférenciers ont dénoncé une volonté de la tutelle, à travers le Conseil du café-cacao (Ccc), de mettre en place « une structure fantoche qui ne reflète pas la légitimité sur le terrain ». Cela, « en violation de l’esprit coopératif ». « Le processus d'informations, de formations, de timing à l'égard des organisations existantes est bâclé, nul ne connaît le contenu de cette Oia que nous avons appelée de nos vœux. L'incohérence du comité technique Oia piloté malheureusement par un ancien commissaire à la retraite qui a une méconnaissance de la filière cacaoyère. Un manque d'objectivité dans la mise en œuvre de l'Oia. Plutôt, on veut nous servir une organisation fantoche de copains qui ne reflète pas les critères objectifs à savoir plus de 50% des producteurs et plus de 50% du poids de produit en ce qui concerne le collège des producteurs. Cette décision unilatérale va nous créer beaucoup plus de problèmes », a martelé Kanga Koffi dans sa déclaration liminaire sous les vivats de producteurs de café-cacaoa venus de l’intérieur du pays prendre part à cette rencontre avec les médias.
Poursuivant, le président de l’Anaproci a fait savoir que « pour nous, il est hors de question d’aller à cette politique qui va encore nous mettre dans la souffrance. Nous sommes sortis du repos, l’heure de l’action est arrivée », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne le prix du kg de cacao, dont la hausse constituait l’une des principales revendications des producteurs, les conférenciers ont exprimé leurs attentes vis-à-vis du gouvernement pour la prochaine grande campagne. Ils ont, en effet, proposé, au regard de la dynamique haussière dans le monde, que des mesures soient prises pour que les producteurs ivoiriens puissent eux aussi profiter de cette embellie. Ils ont ainsi appelé le gouvernement à déduire uniquement du prix de vente, le Droit unique de sortie (Dus) et permettre aux cacaoculteurs de bénéficier du reste de la manne financière.
« Que l’État prenne son Dus et nous donne le reste. Nous avons suspendu notre mot d'ordre de grève durant la campagne intermédiaire 2023-2024. Nous attendons donc avec beaucoup d'intérêt le prix pour la nouvelle campagne. Nos sources nous font savoir que le Conseil du café-cacao a déjà vendu le cacao jusqu'en 2025. Pour une question de transparence, les producteurs voudraient bien savoir à combien les différentes ventes ont été fixées, afin de mieux apprécier le prix qui leur sera donné », a fait savoir Koné Moussa.
En attendant, il a annoncé une grande concertation de tous les producteurs, avant l’ouverture de la grande campagne prévue le 1ᵉʳ octobre prochain, pour se pencher sur la situation de leur filière et prendre les décisions qui s’imposent. « (…) Vu l'urgence, nous lançons un appel à tous les producteurs, les coopératives, les associations, les unions pour une grande concertation pour les jours à venir. L’heure est grave. On n’a pas le temps, il faut qu’on descende sur le terrain. Sensibilisez tous les producteurs. Ce combat-là, personne ne viendra le faire à notre place », a lancé le leader du SYNAPCI.
Wassimagnon
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