Les personnalités du football ont été secouées cette fin de semaine par un incident diplomatique survenu lors des funérailles d'Issa Hayatou, figure emblématique et ancien président de la Confédération Africaine de Football (CAF). Ce qui devait être un hommage solennel à l'un des architectes du football continental s'est transformé en une scène de tension inattendue, mettant au grand jour les défis de gouvernance qui persistent dans le sport roi camerounais.

Au cœur de la controverse : une intervention mal inspirée de Patrice Motsepe, actuel président de la CAF. Alors que famille, amis et dignitaires étaient réunis pour rendre un dernier hommage à Hayatou, Motsepe a choisi ce moment de recueillement pour adresser une requête publique à Samuel Eto'o, président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Le magnat sud-africain a exhorté l'ancien attaquant vedette à "travailler en synergie avec le gouvernement camerounais, plus particulièrement avec le Ministre des Sports".

Les fédérations ne sont plus autonomes ?

Cette déclaration, qui aurait pu passer pour une simple gaffe dans un autre contexte, a été perçue comme une grave entorse au protocole et un manque flagrant de respect envers la mémoire du défunt. « C'était tout simplement déplacé, » confie sous couvert d'anonymat un haut responsable du football africain présent à la cérémonie.

« On ne vient pas aux funérailles d'un homme de cette stature pour régler des comptes ou donner des leçons de gouvernance», ajoute-t-il.

L'incident soulève plusieurs questions pour l'avenir du football africain. Il met au grand jour les tensions latentes entre les différentes instances de gouvernance du sport sur le continent. La relation entre les fédérations nationales, les gouvernements et la CAF semble plus que jamais sur la corde raide.

L'intervention de Motsepe ravive le débat sur la légitimité et le style de leadership au sein de la CAF. Élu en 2021 avec la promesse de moderniser et d'assainir la gestion du football africain, le milliardaire sud-africain fait face à des critiques croissantes sur sa capacité à naviguer les eaux troubles de la diplomatie sportive continentale.

Pour une partie du public, cette situation est symptomatique d'un mal plus profond. « Le football africain a besoin de leaders qui comprennent l'importance du respect, de l'unité et de la vision à long terme », écrit un fan sur X (ancien twitter). « Ce qui s'est passé aux funérailles d'Hayatou est l'antithèse de ce que nous devrions aspirer à être », conclut-il.

L'incident jette également en pâture de Samuel Eto'o qui est en position délicate avec Narcisse Mouellé Kombi le ministre des sports déterminé à avoir la tête de la figure emblématique du football mondial. L'ancien attaquant du FC Barcelone, élu à la tête de la Fecafoot en 2021, se trouve pris entre les attentes de modernisation du football camerounais et les pressions politiques, tant nationales qu'internationales.

L'héritage d'Issa Hayatou, qui a présidé la CAF pendant 29 ans et contribué significativement à l'essor du football africain, méritait mieux que cette controverse. Comme l'a si justement résumé un fan désabusé à la sortie de la cérémonie, « Aujourd'hui, ce n'est pas seulement Hayatou que nous avons enterré, mais aussi une certaine idée de la dignité dans le football africain. »

Alors que le continent se prépare à accueillir la Coupe d'Afrique des Nations en 2025,  et que le ballon rond continue de rouler sur les terrains d’Afrique, les regards sont désormais tournés vers les instances dirigeantes. La question qui brûle toutes les lèvres : le football africain saura-t-il tirer les leçons de cet incident pour rebondir et retrouver le chemin de l'unité et du progrès ? Seul l'avenir nous le dira.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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