En Côte d’Ivoire, les effondrements d’immeubles, notamment à Abidjan, la capitale économique, ont pris des proportions inquiétantes ces dernières années. Malgré les actions de sensibilisations et même de répressions entreprises par le gouvernement à travers le ministère de la Construction, de l’urbanisme et du logement, à l’effet de freiner ce phénomène, il semble avoir la peau dure.

Pour débattre du sujet et savoir les causes réelles des effondrements d’immeubles devenus trop récurrents, l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) dans le cadre de sa tribune d’échange dénommée le Press Club, a convié, ce jeudi 1er août 2024 à la Maison de la presse au Plateau, Joseph Amon, président du Conseil National de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire.

Face à la presse, l’invité de l’UNJCI qui avait à ses côtés Koupo Gnoléba son vice-président, relativement au thème de cette rencontre à savoir : “ Phénomène des effondrements d’immeubles en Côte d’Ivoire : quel regard des architectes ?”, a dans un exposé méthodique, fait toute la lumière sur ce phénomène qui trouble de plus en plus la quiétude des populations surtout celles habitant dans des immeubles. 

Il a d’entrée expliqué aux médias, ce qu’est l’architecte dans le domaine de la construction. 

“ L’architecte est le maitre d’œuvre, le chef d’orchestre. C’est lui qui va faire articuler autour de lui un certain nombre de personne qui sont les bureaux d’étude technique, les ingénieurs, les entreprises du secteur de la construction. Il y a aussi les engagements administratifs et techniques à respecter. Les engagements administratifs, ce sont d’abord les autorisations de construire qui obéissent à des règles d’urbanisme. Il y a aussi des règles techniques, des normes à respecter et l’architecte, n’est pas seulement le dessinateur, c’est à dire celui qui trace les traits. Il est également un prescripteur. C’est l’ensemble de ces documents qu’il va présenter en vue de donner une assurance à celui qui l’a coopté, que le projet qu’il attend sera réalisé dans le respect des règles techniques et administratives, dans la durabilité et également dans un souci économique et financier. C’est tout cela mis ensemble qui font de l’architecte, le maitre d’œuvre, le maitre d’orchestre. Il articule tout cela et à la fin on obtient un projet qui est réalisé avec un risque zéro”, a-t-il expliqué. 

Poursuivant ses explications, le président du Conseil national de l’ordre des architectes a fait savoir que si l’on assiste ces derniers temps aux effondrements d’immeubles, c’est parce que les règles élémentaires de construction sont foulées aux pieds. 

"On ne construit pas ce qu’on veut où on veut et comment on veut. Tout se fait selon le type de sol et c’est à partir du type de sol qu’on donne les orientations sur le type de fondation qu’on doit réaliser. Il peut s’agir d’une fondation superficielle, d’une fondation isolée, etc. Si tout ces ensembles ne sont pas tous articulés, les risques pouvant conduire à des effondrements vont apparaitre ”, a-t-il dit.

Joseph Amon a également indiqué qu'une zone administrative répond à des règles et il en est de même pour une zone industrielle et c’est la qualité de l’étude de l’urbaniste qui va donner une qualité de cadre de vie, une qualité environnementale, une ville qui marche et qui fonctionne. On ne met pas les routes n’importe comment, on ne choisit pas les places publiques n’importe comment. On préserve l’environnement, on préserve la nature. Un cours d’eau, il doit être utiliser dans le sens de l’embellissement. Tout cela relève du travail de l’urbaniste”, a-t-il poursuivi. 

Le Président a demandé aux personnes désireuses de bâtir une maison de toujours se référer à un architecte professionnel. “ Construire une maison en rez- de chaussée, n’obéit pas aux mêmes règles que construire un bâtiment sur plusieurs niveaux. Ce n’est pas non plus la même chose que construire une tour de plus d’une centaine de niveaux. Il faut connaitre les acteurs et ces acteurs, ce sont les architectes. Il faut que les gens aient la culture architecturale. Chacun de nous doit être pénétré de ce que c’est que l’architecte et l’architecture. Il ne faut pas considérer tous ceux qui ont en main une truelle et un niveau d’eau comme des maçons. De même, il ne faut pas voir celui qui a une tenaille et une pince dans la main pour le prendre pour un ferrailleur et lui demander d’attacher les aciers. Si on continue à voir les choses de cette manière, les catastrophes seront là”, a édifié l’architecte. 

L’invité de l’UNJCI a terminé en appelant encore une fois les promoteurs du domaine de l’immobilier à toujours avoir recours aux architectes.

“ A l’instar des actes médicaux qui relèvent uniquement des médecins, et de la vente des médicaments en officine qui relève de la seule compétence des pharmaciens, l’acte de construire relève de la compétence des architectes. On ne partage pas cela, faites appel à des architectes quand vous voulez construire”, a sensibilisé Joseph Amon.     

Cette tribune de Press Club, il faut le noter, s’est déroulée en présence du président de l’UNJCI, Jean-Claude Coulibaly. 

Wassimagnon