Les 29 et 30 juillet 2024 s’est tenu à Abidjan plateau, un forum de dialogue politique sur l’intégration de l’enseignement des Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématique (STIM) et les pédagogies basées sur le jeu dans les pays africains.

Ce forum, organisé par le ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA), à l’initiative de l’Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique (ADEA) avec le soutien financier et logistique du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), a été présidé par Anastasie Kacou Sepou, Directrice de cabinet adjoint, représentant la ministre de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation.

Au cours de cette rencontre de deux jours, les participants ont présenté les résultats de recherches, afin de susciter une prise de conscience de l’état actuel de l’enseignement des STIM en Afrique, favoriser le dialogue sur les possibilités, les défis et les stratégies de mise en œuvre de l’intégration de l’enseignement des STIM et des pédagogies centrées sur l’apprenant et ont obtenu des engagements des parties prenantes en vue de collaborer à la mise à l’échelle de l’intégration de l’enseignement des STIM et des pédagogies centrées sur l’apprenant, telles que la pédagogie ludique.

Lors de la cérémonie d'ouverture qui a eu lieu le 29 juillet 2024, la Directrice de Cabinet adjoint du MENA a au nom de la ministre Mariétou Koné, salué les actions d'accompagnement des partenaires techniques que sont l’UNICEF et l’UNESCO et leur présence aux côtés du ministère de l’éducation Nationale et de l’Alphabétisation.

Anastasie Kacou Sepou a rappelé l’importance des sciences dans tous les domaines de la vie moderne et a réitéré que le ministère attend des partenaires un engagement pour la réussite de cette réforme.

Jean François Basse, représentant résident de l’UNICEF présent à cette cérémonie d’ouverture a relevé qu’il existe un consensus large sur le fait que l’enseignement des sciences ne peut pas se limiter à l’apprentissage de faits et de théories, mais doit nourrir la curiosité, l’esprit critique et les compétences en matière de solutions aux problèmes. Cet enseignement doit procurer aux générations futures les moyens de comprendre le monde qui les entoure et de s’y engager, d’innover et de faire avancer les choses.

Il a exprimé son espoir de voir la situation changer grâce à une approche à multiples facettes comprenant le développement et la distribution des ressources de qualité, la formation des enseignants et l’innovation, approche à laquelle l’UNICEF a toujours participé.

Jean François Basse a rappelé, les efforts faits par l’UNICEF pour aider à lever les obstacles qui empêchent les filles à s’intéresser aux STIM, grâce aux programmes ciblant les filles.

Depuis quinze (15) ans l’ADEA analyse la situation de l’enseignement des sciences, de technologie, d’ingénierie et des mathématiques et a constaté l’existence d’embuches et de nombreux goulots d’étranglement en particulier dans les localités éloignées, sur le chemin de l’enseignement scientifique inclusif.

Albert N’sengiyunya, Secrétaire exécutif de l’ADEA a présenté le cadre stratégique du Pôle de Qualité Inter-Pays sur l’Enseignement des Mathématiques et des Sciences (PQIP-EMS).

Il a exprimé sa joie de voir des femmes enseignantes de mathématiques, alors que la tendance en Côte d’Ivoire est l’insuffisance de professeurs de mathématiques. Selon lui, l’ADEA est une plate-forme continentale d’activités auxquelles la Côte d’Ivoire a toujours participé et elle fait la promotion de l’enseignement de qualité depuis de nombreuses années.

« L'ADEA organise des triennales pendant lesquelles des points sont faits et des perspectives dégagées. La dernière triennale s’est tenue en 2022 à Ile Maurice avec la participation de la Côte d’Ivoire. L’enseignement de base est l’une des préoccupations de l’ADEA à laquelle s’ajoute la prise en compte des nouvelles technologies de l’enseignement tout comme l’approche genre. L’ADEA est basée en Côte d’Ivoire. C’est à la dernière rencontre qui a eu lieu au Kenya que l’idée des forums de dialogue politique a été lancée. Ces forums ont déjà eu lieu dans certains pays et après la Côte d’Ivoire, le Sénégal organisera ce forum dans le mois d’août 2024. Au niveau de l’enseignement des sciences en Afrique, des lacunes ont été décelées. Les forums comme celui organisé en Côte d’Ivoire sont des moments d’échanges d’expériences en matière d’enseignement des sciences et particulièrement l’enseignement des STIM. Certains pays sont en avance après avoir adopté d’énormes réformes au niveau des programmes et de la manière d’enseigner », a-t-il expliqué, présentant au passage, les objectifs stratégiques de l’intégration des STIM dans les systèmes éducatifs et rassurant la Côte d’Ivoire de l’appui assuré de l’ADEA.

Tiamaoui Bi Tra, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale, Coordonnateur pédagogique chargé de l’enseignement secondaire général a au nom du comité d'organisation, révélé que ce forum va présenter les résultats de recherches, afin de susciter une prise de conscience de l’état actuel de l’enseignement des STIM en Afrique. Et favoriser le dialogue sur les possibilités, les défis et les stratégies de mise en œuvre de l’intégration de l’enseignement des STIM et des pédagogies centrées sur l’apprenant.

Plusieurs recommandations ont été faites à l'issue des travaux. Les participants ont demandé au ministère de l'Éducation nationale et de l'alphabétisation d'assurer la disponibilité et l'accès équitable aux ressources éducatives, y compris les laboratoires, les kits de sciences et les technologies nécessaires pour une éducation pratique et engageante en STIM, d'encourager les technologies accessibles et l'utilisation de matériel local pour rendre l'enseignement des STIM plus pertinent et applicable au contexte africain, d'encourager les partenariats entre les établissements éducatifs, les industries et les centres de recherche pour promouvoir l'innovation et la recherche appliquée dans les STIM, de soutenir les initiatives de projets comme le centre ivoirien de robotique, les projets de recherche locale qui abordent les défis spécifiques de l'Afrique et qui peuvent contribuer au développement durable du continent, d'élaborer des politiques éducatives avec des financements accrus dédiés aux programmes de STIM au niveau national et continental, de collaborer avec les gouvernements, les ONG et les partenaires internationaux pour mobiliser des ressources et des investissements dans l'éducation en STIM et de créer des réseaux de collaboration et d'échange entre enseignants pour partager les meilleures pratiques et les ressources pédagogiques au niveau national et international.

A l'inspection générale de l'Éducation nationale et de l'alphabétisation, ils recommandent l'établissement des mécanismes de suivi et d'évaluation pour mesurer l'impact des initiatives STIM et assurer l'amélioration continue des programmes éducatifs, la collecte des données et des retours d'expérience pour ajuster les stratégies et les interventions en fonction des besoins réels des enseignants et des élèves et l'établissement d'une cartographie des initiatives et pratiques basées sur le jeu.

Les participants ont également fait des recommandations à la Direction de la pédagogie et de la formation continue. Ils demandent à cette Direction d'organiser régulièrement des ateliers et des formations continues pour enseignants, afin de les familiariser avec les pédagogies innovantes et les outils technologiques nécessaires pour l'enseignement des STIM, d'intégrer les STIM de manière transversale dans les différents niveaux et disciplines scolaires pour encourager une approche holistique de l'apprentissage et d'intégrer les STIM dans les programmes de formation initiale.

A la Direction de l'égalité et de l'équité du genre, ils recommandent la mise en œuvre des programmes spécifiques pour encourager la participation des filles et des groupes sous-représentés dans les STIM, y compris des bourses, des mentorats et des modèles de rôle, la sensibilisation des communautés et des familles à l'importance de l'éducation des filles en STIM pour briser les stéréotypes de genre.

Enfin, à la Direction de l'alphabétisation des adultes, des jeunes et des enfants, à la Direction de la vie scolaire, les participants recommandent respectivement, l'encouragement de l'utilisation des langues locales dans l'enseignement des STIM pour rendre l'apprentissage plus accessible et pertinent pour les élèves, l'encouragement des STIM dans les activités de vie scolaire pour stimuler l'intérêt et la curiosité des élèves en dehors des salles de classe traditionnelles et souhaitent, la création de clubs de STIM.

Wassimagnon