Côte d'Ivoire : Séguélon, les acteurs et leaders sociaux instruits sur les méthodes à adopter pour éviter les affrontements communautaires
En proie à des conflits communautaires depuis quelques années, la localité de Séguelon dans le nord de la Côte d’Ivoire, a abrité, du 16 au 18 juillet dernier, un Atelier de renforcement des capacités (ARC) des acteurs et leaders sociaux sur les mécanismes de prévention et de gestion pacifique des conflits.
Cet atelier initié par le Ministère de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté (MCNSLP), à travers la Direction de la Prévention et de la Gestion des Conflits (DPGC), fait suite aux recommandations issues de la mission d’écoute et d’imprégnation organisée le 16 juin 2023, dans le but de ramener le calme et l’apaisement des tensions entre les populations, aux lendemains des conflits ayant opposés en 2017 et 2023, le village de Karabiri, dans la Sous-préfecture de Gbongaha (département de Séguélon) et celui de Notou dans la Sous-préfecture de Morondo (département de Kani), avec leurs corolaires de dommages matériels et corporels.
Ces recommandations ayant relevé l’impérieuse nécessité de renforcer les capacités des acteurs sociaux du département de Séguélon, afin d’éviter d’autres situations conflictuelles, il était de bon aloi pour le département ministériel dirigé par Myss Belmonde Dogo, de tenir cet atelier.
Ainsi, trois jours durant, les acteurs et leaders sociaux de Séguélon, notamment les guides religieux, les chefs traditionnels, les chefs de communauté, les représentants des agriculteurs et éleveurs, les responsables des communautés étrangères, les opérateurs économiques, les cadres, les jeunes, les femmes et les organisations de la Société Civile ont été instruits sur deux (02) modules principaux. Il s’agit d’une part, des méthodes modernes de prévention des conflits à savoir, l’alerte précoce et le cadre permanent de dialogue et d’autre part, les mécanismes endogènes de gestion pacifiques des conflits que l’on retrouve dans les proverbes, les totems, les contes, les masques, les alliances ethniques à plaisanterie
Les participants ont été édifiés sur l’importance d’user des méthodes de prévention des conflits et des mécanismes traditionnels dans le règlement pacifique des conflits. Aussi, ils ont été exhortés à promouvoir et prioriser leurs valeurs propres à leurs traditions (us et coutumes) pour anticiper, éviter ou circonscrire tout type de tensions.
Réunis en atelier, les participants venus de différents villages (Karabiri, Lilé et Gbongaha) du département de Séguélon ont fait ressortir les causes internes et les méthodes de résolution de toute sorte de conflits dans la localité.
Au terme des travaux, cinq recommandations majeures ont été retenues. Il s’agit de la tenue de dialogues intergénérationnels, l’implication davantage des femmes dans la prévention et le règlement pacifique des conflits, la résolution définitive du conflit Karabiri et Notou, l’inscription du département de Séguélon dans le futur programme de délimitation de l’Agence Foncière Rurale (AFOR) et un meilleur usage des alliances dans la prévention et la gestion pacifique des conflits.
Le Directeur de la Prévention et de la Gestion des Conflits (DPGC) au ministère de la cohésion nationale, Professeur Bamba Abdoulaye a remercié tous les participants pour tout l’intérêt qu’ils ont accordé aux messages véhiculés sur les thématiques de prévention et de gestion des conflits. Il a salué par la suite, la qualité des échanges et la marque de sagesse des anciens, l’engagement des femmes et la détermination des jeunes à œuvrer pour la paix. Le Représentant du Ministre en charge de la cohésion Nationale, a insisté sur les engagements pris les participants dans la résolution des conflits dans leur localité. « Vous devez vous approprier et respecter les enseignements. Nous devons les ressentir dans votre quotidien. Vous devenez désormais des ambassadeurs du Ministère auprès de toute la population quel que soit les couches sociales », a-t-il exhorté.
Le Sous-Préfet du département de Séguélon, Jean-Louis Gogbeu, en procédant à la clôture de cet atelier de renforcement de capacités, a remercié l’initiative du Ministère pour le choix porté sur Séguélon. « L’organisation de cet atelier est un bon qualitatif qui contribuera inéluctablement à renforcer encore plus la cohésion sociale à Séguélon », s’est-il réjoui.
Aux participants de l’atelier, il a traduit toute sa reconnaissance : « Nous tenons à vous féliciter pour la qualité de vos interventions et la pertinence de vos interventions. Cela nous donne de croire qu’ensemble, nous pouvons réaliser de grandes choses pour le retour du vivre ensemble entre toutes les communautés de Séguélon », a-t-il félicité.
Pour sa part, Coulibaly Yacouba, chef du village de Kayéré (S/P de Gbongaha) dans le département de Séguélon, s’est dit ravi de la tenue de cet atelier. « Vu les réalités que nous vivons sur le terrain, nous sommes ravis de la tenue de ces séances de renforcement de capacités qui nous rassure davantage. Nous avons plusieurs fois vécus des situations conflictuelles liées à la terre qui ont malheureusement entrainé des pertes en vie humaine. Avec les enseignements tirés à travers les modules de formation, nous aurons à charge d’accompagner le Gouvernement dans sa tâche en continuant la sensibilisation de nos communautés et en appliquant à la lettre les engagements que nous avons-nous même pris pour éviter de telles tensions », a-t-il promis.
Quant à Koné Kalil, notable de Séguélon, il a dit avoir beaucoup appris durant les trois jours de travaux. « Durant ces trois jours d’échanges, nous avons été enseignés surtout sur les notions de pardon, la patience dans le règlement de conflits et aussi sur la promotion de paix dans notre localité. Nous sommes le plus souvent confrontés aux conflits fonciers, cet atelier de formation nous donne de nouvelles approches de résolution de conflits liés à la terre en nous basant sur nos acquis que sont les alliances inter communautaires et nos valeurs propres à nos traditions », s’est-il félicité.
Il faut noter qu’au mois d’avril dernier, les populations issues des localités de Notou, Morondo et Djibrosso dans le département de Kani, ont pris part à un atelier de renforcement de capacités sur les mêmes thématiques. Dans la même dynamique, la délégation du Ministère de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté s’est rendue le 19 juillet dans la Sous-Préfecture de Kagbolodougou (Département de Sinématiali / Région du Poro) pour sensibiliser les populations de la localité sur les valeurs du vivre ensemble, de tolérance, de dialogue, de paix et de cohabitation pacifique entre les habitants.
Cette sensibilisation fait suite à un conflit ayant opposé les candidats d’une fête initiatique du Poro aux enseignants du collège Moderne Amadou Gon Coulibaly de ladite localité le 16 juin dernier.
L’on a déploré lors de cet incident, le saccage de la résidence du Sous-Préfet, deux enseignants blessés et leurs motos endommagées, un gendarme blessé grièvement et la moto du gardien du Sous-Préfet détruite.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire