Le Professeur Tahirou Koné, maître de conférence en sciences de l'information de la communication et Enseignant chercheur à l'Université Alassane Ouattara de Bouaké est à son deuxième ouvrage paru aux éditions les Harmattan. 

Intitulé « Technologies socionumeriques en Côte d'Ivoire : formes d'engagement politique et médiatique », cet ouvrage compte 166 pages, composé d'une introduction, de trois parties de deux chapitres chacune et d'une conclusion.

L'ouvrage a été présenté ce week-end à la presse par le Professeur Bogui Jean-Jacques au cours d'une cérémonie qui s'est tenue à Abidjan. Dans la première partie de l'ouvrage intitulée technologies numériques et campagnes électorales en Côte d'Ivoire, l'auteur propose deux chapitres.

«Le premier sur l'usage des réseaux sociaux numériques lors des campagnes électorales en Côte d'ivoire de 2010 à 2015 où l'auteur présente principalement les formes d'appropriation des technologies numériques que font les équipes de campagnes des candidats Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara (en 2010) et Affi N'Guessan/ Alassane Ouattara (en 2015) et le second chapitre de cette partie s'intéresse à l'usage du « Parallele Voting Tabulation » (PVT) ou comptage parallèle des voix en français, utilisé par une organisation de la société civile (POECI) pour assurer grâce au numérique, la transparence des élections présidentielles en 2015 », a expliqué, le Professeur.

La deuxième partie de l'œuvre qui fait référence à la place du numérique dans les mobilisations citoyennes et les mutations médiatiques est l'occasion pour l'auteur de s'appesantir à la fois dans un premier chapitre sur le concept de citoyenneté numérique et sur les formes de mobilisation collective, favorisée par l'usage des TIC au cours du processus électoral de 2015 en Côte d'Ivoire.

Dans le second chapitre de cette partie de son œuvre, comme l'a indiqué, le Professeur Bogui Jean-Jacques, Koné Tahirou jette un regard sur la mutation et/ou l'adaptation des médias ivoiriens. Ce chapitre permet à l'auteur de mettre en lumière l'organisation de ces nouveaux organes numériques dont se sont dotés les deux groupes médiatiques et d'analyser la viabilité des modèles économiques choisis. L'enjeu de la qualité de l'offre informationnelle et le devoir de protection de l'Etat contre les dérives observées dans l'espace public numérique sont également analysés dans ce chapitre.

Dans la troisième et dernière partie de l'ouvrage consacrée aux agences de presse et à l'open data, Koné Tahirou dans un premier chapitre intitulé "nouvelle mondialisation" s'intéresse à l'impact de la révolution numérique. << La raison d'exister selon l'auteur a été les activités des agences presse fortement remise en cause par les nouveaux acteurs et concurrents » dont regorgent de nos jours le cyberespace. Le sixième et dernier chapitre de l'œuvre de Koné Tahirou est consacré à l'accès à l'information public et à l'open data. Les missions de la CAIDP, organisme devant faciliter l'accès des citoyens à l'information d'intérêt public sont mis en lumière par l'auteur qui relève que malgré de réels progrès accomplis, « le droit d'accès à l'information d'intérêt public reste encore un acquis citoyen fragile, perfectible, dont la CAIDP devra poursuivre la promotion dans une approche à long terme ».

Cette œuvre de Koné Tahirou a le mérite de contextualiser une question d'intérêt mondial. En effet, selon le Professeur, à l'ère du numérique, on observe une transformation profonde des pratiques sociales dans tous les domaines et dans toutes les contrées de la planète et incontestablement, les pays africains n'échappent pas à cette réalité. L'ouvrage "Technologies socionumeriques en Côte d'Ivoire : formes d'engagement politique et médiatique", a le merite à la fois de documenter et d'enrichir la littérature scientifique ivoirienne sur un sujet d'actualité et de grand intérêt scientifique sur lequel les productions livresques locales nous semblent pour l'instant insuffisantes.

Par ailleurs, selon lui, l'approche analytique de l'auteur qui loin de verser dans un techno déterminisme utopique conserve dans ces analyses le recul critique pour mieux appréhender et critiquer la réalité observée, fait de cette œuvre incontestablement, un ouvrage scientifique de belle facture et d'une pertinence scientifique indéniable aussi bien pour les universitaires, les professionnels de la communication que pour tous ceux qui portent un intérêt à la question.

En dépit de la bonne qualité de l'ouvrage, il connait des insuffisances. « Si nous devions faire quelques critiques sur cette oeuvre, cela commencerait par une interrogation sur le titre de l'ouvrage et le choix de préférer le concept de technologie numérique qui, semble-t-il fait plus la part belle à la technique plutôt que celui de communication numérique qui mettrait plus l'accent sur le social, le partage, l'échange, etc. En effet, l'accès à une technologie de qualité ne garantit pas à notre sens la qualité de l'usage communicationnel qui en ait fait. Comme le disait Dominique Wolton et je cite : « Informer n'est pas communiquer », a mentionné, Professeur Bogui Jean-Jacques.

Par ailleurs, bien que conscient que l'auteur ne puise aborder tous les aspects d'une question aussi large, il regrette qu'il n'est pas porté un intérêt plus grand à la question de la fracture numérique en général, et plus particulièrement de la fracture numérique du second degré qui met l'accent sur la qualité de l'usage que peuvent faire les citoyens de la technologie numérique car incontestablement l'accès seul à une technologie, même numérique ne suffit certainement pas à garantir un usage citoyen pertinent et de qualité.

Conclusion, il estime que, ces observations n'entachent en rien la qualité indéniable de ce livre dont la pertinence pour le monde universitaire que pour les professionnels de la communication est indiscutable.

Les technologies socio-numériques dans une assertion plus large, prennent en compte les infrastructures digitales et de données en passant par les terminaux, (smartphones, ordinateurs, tablettes) pour arriver au mode de diffusion donc d'Internet.

Le Professeur Tahirou Koné, a rappelé que la Côte d'Ivoire a ratifié en 2015, la convention sur l'OGP et certains éléments de cette ratification donnent la possibilité aux citoyens, aux acteurs médiatiques d'accéder aux informations d'intérêt public.

Selon lui, d'importants efforts ont été faits, des efforts continuent d'être faits et il lui a semblé donc assez important d'encourager ces efforts de sorte que les citoyens les journalistes, les acteurs médiatiques, les acteurs civils et même les acteurs politiques puissent accéder à un certain nombre d'informations dans leur pratique au quotidien, mais cela surtout pourrait aboutir à une gouvernance transparente.

L'auteur a indiqué que son ouvrage s'adresse aux étudiants en communication bien entendu aux enseignants chercheurs, aux professionnels de la communication, aux journalistes, mais à tout lecteur qui est intéressé ou qui est désireux de comprendre l'intégration évolutive qu’il a de ces technologies dans les pratiques au quotidien de communication.

« Dans cet ouvrage, nous n'oublions pas le fait que nous avons abordé les cadres de régulation, les cadres normatifs qui devaient donc favoriser l'encadrement de l'usage de ces différentes technologies de l'ouvrage. Alors le message que je souhaite faire passer, c'est que nous voyons, nous constatons qu'il y a certaines pratiques mais qui malheureusement ne sont pas les bonnes pratiques. En 2023, nous sommes à près de 5 millions donc environ 17 à 18% de la population active sur les réseaux sociaux avec une population internet estimée à environ, 12 millions donc 45%. C'est assez important. Mais certaines pratiques ne sont pas majoritaires. Si on a 5 millions par exemple d'utilisateurs de ces réseaux sociaux, les quelques pratiques qui sont des pratiques peut-être d’individus sans scrupules ne devaient pas venir ternir la grande promesse, les importants espoirs. Sinon la volonté de conscience socio-démocratiques", a déploré, le Professeur Tahirou Konė.

«La société civile a conduit des caravanes, le gouvernement depuis l'année dernière a initié une importante action qui a été dénommée stop aux Fakes news, sauf à l'intention récemment, la campagne a été relancée avec davantage d'éléments pour encore insister auprès de notre jeunesse pour dire que ces réseaux sociaux sont extrêmement importants dans nos différentes pratiques de communication. Mais attention, il faut faire attention, à ne pas tomber dans certains travers. Et je vous ai donné l'exemple du grand appel d'un homme politique important qui demandait à ce qu'il faut détoxifier le discours sur ces plateformes notamment le flot de la désinformation, les théories du complot et surtout la haine en ligne ou l'injure facile etc », a-t-il poursuivi.

Au cours de cette présentation, l’auteur s'est prononcé sur l'impact de l'intelligence artificielle sur l'Afrique. Il a affirmé que l'IA n'est pas une menace et ne peut pas être une menace pour l'Afrique.

« Ce n'est pas une panacée, mais il y a la peur de la perte des emplois. Cependant, il y a une adaptation. L'Afrique peut tirer beaucoup de ces nouvelles techniques. Il y a beaucoup d'espoir avec le numérique. Les risques existent, il faut en faire un usage responsable. L'IA mettra l'homme au cœur des débats », a conclu, le Professeur écrivain, Tahirou Koné.

Wassimagnon