Côte d'Ivoire : Mise en œuvre de la CMU, le gouvernement s'inspire des modèles thaïlandais et indonésiens
Dans l’optique de garantir aux populations résidant sur le territoire ivoirien un égal accès à la santé dans des conditions financières soutenables, le gouvernement a institué en 2014, la Couverture Maladie Universelle (CMU). Pilotée en 2016 avec les étudiants, le passage à échelle de la CMU a été lancé au premier trimestre de 2018 avec le démarrage du recouvrement des cotisations et l’identification des personnes économiquement faibles. A l’instar de tous les processus innovants, la mise en œuvre a été un apprentissage émaillé de nombreuses difficultés qui ont été levées au fur et à mesure pour atteindre aujourd’hui soit sept (07) ans après, une accélération avec plus de 12 millions de personnes enrôlées et potentiellement 20 millions d'ici décembre 2024.
Malgré ces avancées notables, des défis restent encore à être relevés notamment au niveau de la production et la distribution des cartes CMU, l’élargissement du réseau des structures publiques à l’échelle nationale conventionnées ; l’intégration des établissements privés dans la CMU ; la couverture des populations du secteur informel ; l’adoption du numéro de sécurité sociale CMU comme identifiant unique du secteur de la santé ; etc.
Conformément à ses missions de préserver et renforcer le capital humain, la Banque mondiale se positionne comme un partenaire clé pour le gouvernement Ivoirien ; apporte un appui technique et financier pour l’opérationnalisation de la CMU à travers les différents financements mis à disposition depuis 2015 : Projet PRSSE (2015-2020) ; Projet SPARK-Santé (2019-2024) et le Programme multiphasique de Santé Nutrition et Développement de la Petite Enfance (PSNDPE 2023-2033).
La phase 1 du programme (PSNDPE 1), dénommé « extension et innovation, est financée grâce à un prêt de 200 millions de dollars USD de l’IDA, un don d’un montant de 20 millions de dollars USD du Global Financing Facility (GFF), 5 millions de dollars USD du Partenariat d'Apprentissage Précoce (PEL) et 6,5 millions dollars USD via le Fonds Mondial pour une durée de 5 ans (2023-2028). L’accord de financement a été signé le 18 avril 2023 et le projet a été mis en vigueur le 12 octobre 2023.
L’objectif de développement est d’accroître l'utilisation des services de qualité en matière de santé, de nutrition et de développement de la petite enfance, en particulier pour les femmes, les enfants et les populations économiquement faibles dans les régions cibles.
La CMU a été retenue comme principal levier à actionner pour atteindre cet objectif en étendant, à l’ensemble des districts sanitaires du pays, un paquet intégré de services à impact rapide à même de contribuer durablement à infléchir la mortalité maternelle et infantile.
Afin de permettre aux acteurs clés des ministères en charge de la protection sociale santé et de la santé de disposer des outils pour adresser les enjeux, un voyage d’étude a été planifié en Thaïlande et en Indonésie qui sont des pays avec un profil socio-sanitaire similaire à la Côte d’Ivoire, mais qui se sont démarqués par la mise à l'échelle rapide de l'un des programmes nationaux d'assurance maladie les plus réussis au monde.
Au cours de ce voyage qui se tient du 8 au 12 juillet 2024, il s’agira de façon spécifique d’identifier et d’analyser de manière objective les défis rencontrés dans la mise en œuvre et les goulots de l’opérationnalisation de la CMU en Côte d’Ivoire ; comprendre les modèles de mise en œuvre de la CMU en Thaïlande et en Indonésie, partager l’expérience et les bonnes pratiques de la Thaïlande et de l’Indonésie sur les facteurs clés de succès relativement à ces défis; tirer les leçons apprises et les innovations pour une meilleure implémentation de la CMU en Côte d'Ivoire ; comprendre le rôle des acteurs clés dans la gouvernance de la CMU ; analyser le financement de la CMU dans les deux pays ; étudier les mécanismes de prestation de soins et de tarification ; étudier les mécanismes de recouvrement des cotisations de tous les secteurs en particulier le secteur informel ; étudier les mécanismes d’identification des populations vulnérables et leur inclusion dans la CMU ; et évaluer l'impact de la CMU sur l'accès aux soins et la santé des populations.
A partir des modèles de la Thaïlande et de l’Indonésie et leurs expériences vécues, les acteurs du MEPS et du MSHP CMU vont alors disposer des outils et avoir une meilleure connaissance des stratégies à développer pour accélérer l’opérationnalisation de la CMU en Côte d’Ivoire.
Prennent part à ce voyage d’étude, 19 participants au nombre desquels les ministres Pierre Dimba N’Gou de la santé, de l’hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Maitre Adama Kamara en charge de l’emploi et de la protection sociale, la primature et des représentants de la Banque mondiale. Leur retour à Abidjan est prévu pour le 14 juillet.
Il faut noter que la Thaïlande jouit d'un système de santé qui a fait des progrès remarquables en fournissant des soins accessibles et de haute qualité tout en garantissant sa viabilité financière. Grâce à sa couverture universelle des soins de santé et à l'accent mis sur les soins primaires, la Thaïlande est devenue un modèle pour les autres pays qui cherchent à obtenir des résultats de santé équitables.
Un an après son lancement en 2001, l'UCS couvrait 47 millions de personnes, soit 75 % de la population thaïlandaise, dont 18 millions de personnes qui n'étaient pas assurées auparavant. Les 25 % restants étaient des fonctionnaires, des retraités et des personnes à charge, qui continuaient à bénéficier du régime de prestations médicales des fonctionnaires (CSBMS), et des employés du secteur privé, dont les frais de santé continuaient à être pris en charge par le régime contributif de la sécurité sociale (SSS).
La couverture maladie universelle de la Thaïlande en 2002 a entraîné une augmentation significative des dépenses de santé publique, qui sont passées de 63 % en 2002 à 77 % en 2011. Les frais à la charge des patients ont diminué de 27,2 % à 10,5 %. Les dépenses de santé des administrations publiques ont également augmenté, passant de 8 % à 11 % en 2002-2003, puis de 11 % à 13 % en 2006-2011. Environ 70 % des dépenses totales de santé étaient dominées par les dépenses curatives.
Il en est de même pour l’Indonésie. En 2014, ce pays a introduit un régime national d'assurance maladie, le Jaminan Kesehatan Nasional (JKN), dans le but d'atteindre la couverture sanitaire universelle d'ici 2019. Bien que l'objectif n'ait pas été atteint, le régime a enregistré plus de 220 millions de participants, soit 82 % de la population nationale, ce qui en fait l'un des plus grands régimes d'assurance maladie à payeur unique au monde.
En Indonésie, le financement des soins de santé repose sur une combinaison de sources publiques et privées. Le gouvernement indonésien impose la participation à un programme d'assurance maladie, dont les primes sont largement couvertes par les employeurs et l'État. L'État paie 69 % de toutes les primes, couvrant ses employés ainsi que les pauvres et les quasi-pauvres. Cependant, environ 30 millions de travailleurs non-salariés sont censés payer leurs propres primes, bien que beaucoup ne le fassent pas. Les primes commencent à 25 500 IDR (1,80 USD) et peuvent atteindre 80 000 IDR (5,52 USD) pour un service de première classe. Plus de 2 300 hôpitaux, dont 1 700 privés, acceptent les patients dans le cadre de ce programme. Le programme couvre les soins primaires et de nombreux traitements complexes à tous les niveaux.
Wassimagnon
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