Cameroun : Persécuté pour ses supposées ambitions politiques, Eto'o, «je ne suis pas candidat à la présidence du Cameroun»
Samuel Eto’o (Ph)
Dans un climat politique tendu et à l'approche de l'élection présidentielle camerounaise de 2025, Samuel Eto’o, l'une des figures les plus emblématiques du football mondial, se retrouve au centre d'une cabale orchestrée par deux poids lourds du pouvoir en place : Narcisse Mouellé Kombi, le ministre des Sports, et Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République. Accusé de nourrir des ambitions politiques, Eto’o dément fermement tout projet de candidature à la présidence tout en dénonçant une campagne de diffamation qui vise à ternir sa réputation et à fragiliser sa sécurité personnelle.
Jeudi soir, sur sa page Facebook, Samuel Eto’o a pris la parole pour clarifier sa position : « Moi, Samuel Eto’o fils, je ne suis pas candidat à la présidence du Cameroun ». Par cette mise au point, Eto’o cherche à mettre un terme aux rumeurs persistantes concernant ses supposées aspirations présidentielles. Il a exprimé son indignation face aux mensonges et à la diffamation dont il est victime, soulignant les souffrances infligées à sa famille et la peur qui envahit ses proches. Ce harcèlement constant a atteint un tel niveau qu'il ne se sent plus en sécurité dans son propre pays.
Une campagne de diffamation bien orchestrée
Les accusations portées contre Samuel Eto’o ne viennent pas de nulle part. Depuis plusieurs mois, Ferdinand Ngoh Ngoh et Narcisse Mouellé Kombi se montrent ouvertement opposés à lui. La nomination de Marc Brys, un entraîneur belge de 62 ans à la tête des Lions Indomptables, a été l'une des pommes de discorde. Brys a publiquement défié Eto’o en affirmant qu'il travaille pour le ministère des Sports, non pour la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) dont Eto’o est le président. Cette déclaration a renforcé la perception d'une lutte de pouvoir entre Eto’o et certaines autorités du pays.
En parallèle, des lanceurs d'alerte, dont certains sont soupçonnés d'être financés pour discréditer Eto’o, multiplient les attaques contre lui. Les proches de l’ancien footballeur ne comprennent pas l'acharnement dont il est victime. Pour beaucoup d’observateurs, la popularité de l'ancien attaquant, qui a brillé dans des clubs européens tels que le FC Barcelone et l'Inter Milan, fait de l'ombre à ceux qui nourrissent des ambitions présidentielles.
L’Impact Politique de la popularité de Samuel Eto’o
Le Cameroun se prépare à une élection présidentielle cruciale prévue en octobre 2025. À 92 ans, Paul Biya, qui dirige le pays depuis 42 ans, semble approcher la fin de son règne, ce qui ouvre la porte à de nombreuses spéculations sur sa succession. Dans ce contexte, la figure de Samuel Eto’o, avec sa notoriété et son influence, apparaît menaçante pour certains membres de l'élite politique, bien qu'il ait déclaré ne pas être candidat.
Eto’o a suscité des critiques parmi les opposants politiques pour avoir soutenu Paul Biya lors de l'élection présidentielle de 2018. Dans sa déclaration sur Facebook, il a réitéré son soutien au président en place : « Oui, en 2018, j’ai voté pour le président Biya et je lui conserve mon soutien indéfectible. Je l’assume. Et non, je ne laisserai personne me priver de mes droits de citoyen. » Cette position ferme a alimenté les spéculations sur ses intentions politiques, malgré ses dénégations répétées.
Les enjeux de la prochaine élection présidentielle
L'élection présidentielle de 2025 se profile comme un tournant décisif pour le Cameroun. Après plus de quatre décennies au pouvoir, Paul Biya laisse derrière lui un pays en proie à de nombreux défis économiques, sociaux et sécuritaires. La question de sa succession est au cœur des débats, et de nombreuses figures politiques commencent à se positionner en vue de cette échéance.
Dans ce climat, Samuel Eto’o, malgré son absence de toute ambition déclarée pour la présidence, reste une personnalité incontournable. Sa popularité dépasse largement le cadre du football, et son influence pourrait jouer un rôle non négligeable dans les jeux d'alliances et les stratégies électorales à venir. Les attaques dont il est l'objet pourraient être perçues comme une tentative de neutraliser un potentiel faiseur de rois, un leader d'opinion capable de peser sur l'issue du scrutin.
La campagne de diffamation contre Samuel Eto’o illustre également le pouvoir des médias et des réseaux sociaux dans la fabrication de l'opinion publique. Les lanceurs d'alerte, véritables bras armés de cette cabale, utilisent des plateformes numériques pour répandre des informations biaisées et orientées. Ces manœuvres visent à affaiblir la position d'Eto’o, à semer le doute parmi ses partisans et à influencer la perception du grand public.
Cependant, la réponse directe d’Eto’o via sa page Facebook montre aussi la capacité des personnalités publiques à utiliser ces mêmes canaux pour se défendre et rétablir la vérité. En prenant la parole, il s’adresse directement à ses millions de fans et de supporters, contournant les filtres traditionnels des médias.
Un avenir Incertain pour Samuel Eto’o
La persécution que subit Samuel Eto’o met en lumière les défis auxquels sont confrontées les personnalités influentes dans les régimes autoritaires ou semi-autoritaires. Malgré ses dénégations, l'ombre de la politique continue de planer sur lui, exacerbée par les ambitions des uns et les craintes des autres. La question de savoir si Samuel Eto’o pourra un jour jouer un rôle politique officiel reste en suspens, mais ce qui est certain, c’est que sa voix et son influence ne peuvent être ignorées dans le paysage politique camerounais.
Enfin, Samuel Eto’o, en dépit de ses affirmations répétées de ne pas vouloir se lancer en politique, demeure une figure centrale et controversée au Cameroun. Harcelé pour ses choix politiques et sa popularité, il incarne malgré lui les espoirs et les frustrations d'une nation en quête de renouveau. La cabale menée contre lui par Narcisse Mouelle Kombi et Ferdinand Ngoh Ngoh reflète les tensions profondes qui agitent le Cameroun à la veille d'une élection présidentielle déterminante. Et au-delà des querelles personnelles, c’est l’avenir même du pays qui se joue, avec Samuel Eto’o en spectateur malgré lui, voire en acteur involontaire.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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