Cedeao : Projet monnaie unique ECO, la ZMAO incertaine pour l'horizon 2027, raisons et contours
Dr Olorunsola Olowofeso, le directeur général de la ZMAO (ph)
Le directeur général de la Zone Monétaire Ouest Africaines (ZMAO), Dr Olorunsola Olowofeso, a déclaré que l'attente de voir la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) adopter une monnaie unique d'ici 2027 n'est plus réaliste.
A la faveur d’une interview accordée à l’Agence nigériane de presse (NAN) hier lundi à Abuja au Nigeria, Dr Olowofeso, est revenu sur l’échéance de 2027 qui est intenable et a justifié que les États membres de la ZMAO ne sont pas en mesure de répondre à tous les critères requis. L’ECO devait être lancé en 2020 mais a été reporté par la CEDEAO sur 2027.
Selon le directeur général de la ZMAO qui s’est exprimé en marge de la 48è réunion du Comité des gouverneurs des banques centrales des États membres de la ZMAO, il est peu probable qu’un État membre satisfasse aux quatre principaux critères de convergence entre 2024 et 2026.
La ZMAO est un groupe de six pays (le Nigeria, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone) au sein de la CEDEAO n'utilisant pas le franc CFA. Ce groupe a été créé le 20 avril 2000 à Accra au Ghana dans le but de créer une monnaie unique.
Les quatre critères définis
Le projet de la monnaie unique exige que chaque État membre satisfasse à quatre critères principaux, notamment un taux d’inflation de 5 % ; un ratio de déficit budgétaire et de PIB de 4 % ; limiter le financement du déficit par la banque centrale à 10 % et maintenir un niveau suffisant de réserves officielles de change brutes d'au moins 6 mois d'importations.
Raisons du doute
Sur les perspectives de la monnaie unique de la CEDEAO qui ne seront plus réalisables dans les délais suite à l'incapacité de tous les États membres de la ZMAO de répondre à tous les critères de convergence, Dr Olowofeso a déclaré qu’il est peu probable qu’un des États membres satisfasse aux quatre principaux critères de convergence de manière durable au cours des trois années consécutives restantes (2024-2026).
En justifiant la projection selon laquelle il faut plus de temps pour l’avènement de l’ECO, Dr Olowofeso a révélé que l’évaluation des performances des États membres révèle qu’à la fin juin 2023, tous les États membres doivent encore satisfaire aux quatre principaux critères de convergence et a ajouté que « le score de performance de la zone est tombé à 29,2 %, contre 41,7 % au cours de la même période en 2022 ».
Pour l’atteinte de la mission assignée, il a annoncé que « la quête d’une monnaie unique par la ZMAO prendra beaucoup plus de temps car les indicateurs de convergence ont considérablement baissé ».
Optimisme du Nigeria
En dépit du ralentissement économique qui a eu un impact sur le projet de la monnaie unique de la CEDEAO, le ministre des Finances et ministre coordonnateur de l'économie, Wale Edun, a déclaré que le Nigeria reste déterminé à atteindre les objectifs de la ZMAO.
En ce sens, Edun a déclaré « Ce que nous cherchons tous à réaliser en termes d’intégration économique régionale est peut-être difficile mais pas impossible. Je suis sûr que nous avons les moyens et la résilience nécessaires pour réaliser cette ambition … Nous devons, en tant que bloc, travailler ensemble pour renforcer et améliorer les économies de la zone ».
Evolution du projet dans l’UEMOA
La CEDEAO regorge en son sein une autre organisation économique qu’est l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Cette institution sous régionale créée le 10 janvier 1994 à Dakar au Sénégal regroupe huit États côtiers et sahéliens : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Ces huit pays ont en partage une monnaie commune, le Franc de la Communauté Financière Africaine (F CFA),
Lors du 55e sommet de la CEDEAO en juillet 2019, le bloc régional avait convenu de lancer l’ECO en janvier 2020 mais cette échéance a été décalée.
Il est à rappeler qu’au niveau de la zone UEMOA, en décembre 2019, les Présidents ivoirien et français respectivement Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont annoncé que le, une annonce qui avait suscité une controverse.
En réaction à l’époque, le Nigeria, la Sierra Leone, le Ghana, le Libéria et la Gambie, tous anglophones, ainsi que la Guinée, pays francophone, ont rejeté l'adoption de l'ECO prétextant que la démarche détournerait le projet de la monnaie unique. Le Ghana, après avoir soutenu l’annonce du passage du F CFA à l’ECO, avait fait volte-face pour s’aligner sur la position du bloc anglophone.
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria
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