Cedeao : Retrait des 3 pays de l'AES, raisons, réactions et impacts
Dr Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la CEDEAO (ph)
La Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a connu le dimanche 28 janvier 2024, pour la première fois depuis son existence, le retrait simultané de trois pays à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces trois pays avaient créé l’Alliance des États du Sahel (AES).
L'annonce du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO « avec effet immédiat » a provoqué une onde de choc dans toute la sous-région et au-delà, auprès de hauts diplomates, de parties prenantes et d'Organisations de la société civile (OSC).
Raisons du retrait des 3 pays
Les trois pays enclavés qui ont décidé « en toute souveraineté » de se retirer de la CEDEAO ont justifié leur décision.
La déclaration des 3 pays commune se lit comme suit « Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme.
Ils ont relevé que « De plus, la CEDEAO, sous l'influence des puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur ».
Les trois pays sortants ont prétexté que la CEDEAO « n’a pas apporté d’assistance à nos États dans le cadre de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité ; pire, lorsque ces Etats ont décidé de prendre leur destin en main. elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ...».
Réactions
Sitôt après l’annonce de retrait de la CEDEAO, l’institution sous régionale a déclaré qu'elle n'a pas encore reçu de lettres de retrait de ces pays.
Dans une déclaration faite par la Commission de la CEDEAO hier dimanche, l’organisation a assuré n’avoir « pas encore reçu de notification formelle directe des trois États membres concernant leur intention de se retirer de la Communauté ».
Dans l’espoir de ramener ces pays à de meilleurs sentiments au sein de la Communauté, la CEDEAO a déclaré que « Le Burkina Faso, le Niger et le Mali restent des membres importants de la Communauté et l'organisation reste déterminée à trouver une solution négociée à l'impasse politique »,
Sur un autre ton toujours en ce qui concerne les réactions, les Organisations de la société civile (OSC) au Nigeria se sont fait entendre. Le responsable des OSC, Awwal Musa Rafsandjani, a estimé auprès de nos confrères de Guardian au Nigeria que la mauvaise gestion de la crise de leadership dans ces pays a particulièrement affecté le Nigeria.
D’un autre côté, l'ancien député nigérian et sénateur, Shehu Sani, s’est prononcé hier dimanche avec un regret en ces termes « Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO constitue un sérieux revers pour l’Afrique de l’Ouest. Cela signifie l’échec de la diplomatie et du dialogue. Nous avons perdu nos frères de sang africains à cause de nos amis conditionnels occidentaux… ».
Pour Abdourahamane Chegou, directeur de l’information de l’Agence nigérienne de presse, la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter la CEDEAO porte un coup contre son autorité.
« Au plan diplomatique, la crédibilité de l’institution prend un grand coup avec le départ de trois de ses membres fondateurs. En plus, la décision de l’Alliance des États du Sahel risque de faire tache d’huile, chaque État acculé par la CEDEAO peut être tenté de prendre son indépendance », a-t-il indiqué.
Au Togo, le président de l'Institut Tamberma pour la Gouvernance (ITG) et ex Directeur résident NDI, Paul Amegakpo, après être revenu sur le communiqué de retrait des trois pays et entrevoit un nouvel épisode dans le bras au sein de la CEDEAO.
Amegakpo a déclaré en avant-gout que « Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il vaut mieux une CEDEAO diminuée en nombre d'États membres qu'une CEDEAO qui tolère les putschs, la dictature militaire ou toute forme de dictature dans la gestion des affaires publiques de ses États membres ».
Impacts
D’un point de vue économique, l’impact de ce retrait pourrait risque d’affecter négativement le commerce intra-régional, la circulation des personnes et des biens, ainsi que des projets d’infrastructures et l’introduction d’une monnaie unique ouest-africaine.
En termes d’impacts sociaux, le retrait pourrait altérer les relations culturelles et historiques entre les populations de ces pays et celles du reste de la région. Cela pourrait également exacerber les défis humanitaires, affectant notamment les réfugiés, les déplacés internes et les migrants.
Dans l’histoire de la CEDEAO, il est à noter que la Mauritanie a été le premier pays à quitter le bloc en décembre 2000, après avoir donné un préavis d'un an en décembre 1999. La Mauritanie a cependant réintégré la CEDEAO en décembre 2019.
En tenant compte de la décision de retrait des pays sans référence aux procédures prévues à l'article 91 (1) du Traité Révisé de la CEDEAO qui prévoient que la notification de retrait prend effet après un an, soulignons qu’à la date de ce jour 29 janvier 2024, l ;organisation est réduite aux Etats de la côte ouest africaine.
Avec la réactualisation, les Etats membres de la CEDEAO sont le Bénin, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, le Libéria, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra-Léone et le Togo.
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria
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