Au Plateau ce mardi matin (ph KOACI)

Des années durant, on leur a vendu une communication d'un Abidjan à la fête omniprésente et après y avoir débarqué, ils s'étonnent du calme qu'il y règne à quelques jours de l'ouverture de la CAN 2023.

Une situation contextuelle qui localement n'étonne personne et on vous l'explique.

1 - Janviose

Au sortir des fêtes de fin d'année couteuses, d'ordinaire les mois de janvier et février sont financièrement difficiles pour un grand nombre et "calme", de fait. On a surnommé cette période de disette, la "janviose" et elle n'est pas aidée par l'inflation (cherté de la vie, ndlr).

2 - Communication anachronique

Le marketing extérieur de la Côte d'Ivoire était fondé sur la démesure festive aussi excessive que permanente qui renvoyait une image assez désinvolte pour ne pas dire anarchique. L'impression qu'en Côte d'Ivoire, on passait le temps à chanter, boire et danser a construit une espèce d'inconscient collectif associé au succès international du titre phare "1ᵉʳ gaou" de Magic System, joué jusqu'à présent. De 1999, date de sortie du morceau à 2024, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts ivoiriens et les bulldozers ont, au grand dam de certains, rasé une Côte d'Ivoire populaire faite de petits commerces de rue qui participaient à l'animation et à la cohésion sociale au regard des disparités salariales. Même la musique locale s'est globalement "ramollie" et l'engouement actuel pour "le coup du marteau", remake de coupé-décalé, en dit long sur la nostalgie des rythmiques "arafatisées" (DJ Arafat).

3 - Ivoirien nouveau

Dès son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara a bâti la philosophie de sa politique sur le concept de l'"ivoirien nouveau". Fini la légèreté, l'oisiveté et le vulgaire dénoncés, place à l'exemplarité morale et aux ambitions personnelles encouragées. "Rue princesse" cassée, tel un symbole qui sonnât le glas d'une époque pour en ouvrir une autre de prise de conscience collective sur l'aspect "responsabilité", dans un cadre dynamique de pays en reconstruction avec son lot de chantiers et de réformes.

4 - Internet et la télé

De plus en plus d'Ivoiriens sont concentrés devant leur smartphone ou leur télévision. Hier, on passait beaucoup de temps dehors à socialiser, de nos jours, au constat, de moins en moins.

5 - Ça n'a pas commencé

En Côte d'Ivoire, sur le segment de la passion sportive et principalement footballistique, on vit au rythme des résultats, il n'y a pas véritablement d'engouement par défaut. En clair, si les éléphants brillent, l'ambiance montera d'un cran.

TK Emile, Abidjan