Côte d'Ivoire : La Suisse finance la construction et l'équipement du premier Musée archéologique Singrobo-Ahouaty, plus de 51,8 millions d'investissements
Lugon-Moulin et Remarck jeudi à Abidjan
C’est un grand jour qui se lève sur l’amitié entre la Côte d’Ivoire et la Suisse en cette date du jeudi 21 décembre 2023 ! Un accord de demande de financement pour l'équipement du Musée archéologique Singrobo-Ahouaty a été co-signé entre les deux pays au Musée des Civilisations entre l'Ambassadrice du royaume Suisse et la ministre de la Culture et de la francophonie en présence de l’Ambassadeur de Côte d'Ivoire en France.
Pour la première fois en Afrique sub-saharienne depuis plus de 10 ans, le gouvernement suisse va affecter un montant considérable à la conservation du patrimoine. Et il a choisi la Côte d’Ivoire !
Avant de passer à la signature proprement dite des documents, Anne Lugon-Moulin, Ambassadrice de Suisse, a indiqué que le co-financement de la construction et l’équipement du premier Musée archéologique de Côte d’Ivoire, se fera sous l’égide d’un Partenariat entre le ministère de la Culture et de la Francophonie, l’Office fédéral de la Culture, organe compétent de la Confédération suisse et l’entreprise privée Ivoire Hydro Energy SAS.
Il s’agit d’ailleurs de l’un des premiers musées du genre en Afrique de l’Ouest. Selon la diplomate suisse, la contribution de son pays s’élève à 51.825.000 de FCFA et vise à, d’une part, contribuer à la préservation du patrimoine culturel mobile de l’humanité, et, d’autre part, prévenir le vol, le pillage et le transfert illicite de biens culturels.
L'Ambassadrice a souligné que son pays signe de tels accords uniquement avec des pays ayant ratifié la Convention de l’UNESCO concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (de 1970).
« Jusqu'ici, l’accent fut mis sur l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud. Je me réjouis infiniment que, pour la première fois depuis 10 ans, l’Office fédéral de la Culture, qui est l’organe compétent à l’intérieur de la Confédération suisse, s’engage en Afrique subsaharienne », a-t-elle expliqué.
Ce musée d’archéologie accueillera des pièces couvrant l’histoire de la Côte d’Ivoire du Paléolithique jusqu’à l’époque coloniale. Or, ces pièces, comme l'a indiqué l'Ambassadrice, ne sont actuellement pas accessibles au public, parce qu'elles sont conservées au département d’archéologie de l’Université Houphouët-Boigny (UHB) d’Abidjan ou directement chez des archéologues, ce qui soulève à terme des questions de conservation et empêche le public et les touristes d’accéder à un patrimoine essentiel de l’histoire civilisationnelle du pays.
« Le premier but de ce projet est donc de rendre accessible audit public un trésor de biens archéologiques nationaux. Henri Bergson ne disait-il pas : « L’homme doit s’appuyer sur le passé et tendre vers l’avenir. » Pour chacun de nous, connaître et comprendre son passé est essentiel pour, non seulement comprendre le présent, mais aussi construire son avenir. Le deuxième but de ce musée est de créer un cadre de formation pour les étudiants de la faculté d’archéologie de l'Université Félix Houphouet Boigny. Le Professeur Kienon-Kaboré, qui est la référente du Ministère de la Culture dans ce contexte, avait d’ailleurs collaboré avec l’Université de Genève et avait co-rédigé avec le Professeur Eric Huysecom de l’Université de Genève un livre sur la recherche archéologique en Côte d’Ivoire. Les étudiants pourront donc se former en ayant un accès centralisé et sécurisé à des pièces couvrant une très large partie de la riche histoire du pays », a-t-elle ajouté.
« Les vestiges entreposés aux domiciles des archéologues viendront enrichir la collection muséale issue des fouilles archéologiques en cours dans la zone du projet hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty. Etant donné que plusieurs fouilles ont lieu dans le pays actuellement, ce musée pourra aussi, à terme, accueillir des pièces provenant d’autres sites », a poursuivi l'Ambassadrice de Suisse, Anne Lugon-Moulin.
Selon elle, ce « cadeau de Noël » que la Suisse offre à la Côte d’Ivoire vient clore une série de collaborations et de soutiens innovants en matière culturelle tout au long de cette année.
Pays francophone, membre de la Francophonie, ayant des liens diplomatiques avec la Côte d’Ivoire dès l’indépendance, la Suisse attache une grande importance à nouer de fructueuses collaborations dans le domaine culturel avec le pays ami et frère.
Ainsi, dans la promotion de la culture contemporaine, elle a cité trois initiatives phares, que la Suisse a soutenues. Il s'agit du festival d’humour francophone organisé par le Dycoco/Montreux Comedy, qui a permis à de nombreux humoristes et stand-upers ivoiriens et de la sous-région de se produire devant un large public, du festival Genève Abidjan qui a vu des écrivains et performeurs suisses se produire aux côtés d’artistes ivoiriens réputés à l’Institut français et à la Fondation Amadou Hampaté Ba, de la contribution au festival Babi Slam d’octobre.
L'Ambassadrice a affirmé que ce partenariat de grande ampleur avec le gouvernement de la Côte d’Ivoire « que nous initions aujourd’hui me réjouit beaucoup ».
«Ce partenariat nous oblige aussi et je formule tous mes vœux de succès aux acteurs ivoiriens privés et publics qui œuvreront à sa réalisation », a conclu, l'Ambassadrice.
Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la francophonie s'est réjouie de la richesse de l'archéologie de la Côte d'Ivoire qui, dans quelque temps, va consolider l’identité des ivoiriens, leur histoire et qui sera cimenté dans leur mémoire pour des années.
« Ce musée d'archéologie sera, un lieu d'excellence, le Premier en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest francophone », a-t-elle souligné.
La ministre de la Culture et de la francophonie a témoigné la gratitude de la Suisse pour le financement qu'elle apporte à la Côte d'Ivoire pour la sauvegarde et la valorisation de son patrimoine archéologique. « Vous avez compris les enjeux et les défis et cette signature était effectivement une première à laquelle nous tenions. Depuis, nos deux pays entretiennent plus de soixante ans des relations bilatérales marquées par l'amitié, la coopération et le dialogue », a conclu, Françoise Remarck.
Wassimagnon
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