Alassane Ouattara et Tiémoko Koné mercredi à Abidjan

Soucis d'autorité, tout le monde est unanime, la relation entre Alassane Ouattara et son ancien premier ministre Patrick Achi était devenue exécrable ces derniers mois au point de plomber les ambiances des conseils des ministres et autres cérémonies. Exécrable jusqu'à faire user de l'article 70 de la Constitution le 6 octobre dernier pour une révocation radicale.

Divisions, intrigues, clans, étaient à leurs paroxysmes au sein de l'exécutif, principalement en raison d'attitudes empreintes d'ambitions personnelles de la part de l'ancien pensionnaire de la primature, rapporte-t-on, malgré le fait qu'Alassane Ouattara lui avait octroyé un grand pouvoir et de larges marges de manœuvres exécutives et financières.

Un niveau de tension qui allait jusqu'à la rupture des conversations entre les deux hommes, Alassane Ouattara s'en remettant alors à son homme lige Tiémoko Koné pour passer les directives à suivre à Patrick Achi. De sources bien introduites, alors que la primature prenait l'allure d'un cabinet présidentiel bis, ce dernier n'aurait pas réellement pris le numéro deux constitutionnel au sérieux et aurait fait fi de ses injonctions pour le déblocage de certains dossiers, comme hier révélé par KOACI. Avait-il conscience qu'elles auraient pu venir d'Alassane Ouattara, mesurait-il réellement le degré de complicité entre les deux hommes ?

Une chose est néanmoins sûre, des confidences reçues, depuis la prise de fonction de Robert Beugré Mambé, c'est un autre Alassane Ouattara qui est apparu au conseil des Ministres, détendu, souriant, comme lesté d'un poids qui le paralysait, voire le manipulait, comme l'affirment certains observateurs. En effet, si Patrick Achi a tout fait pour être maintenu jusqu'à ses dernières forces visibles chez lui au lendemain du tirage au sort de la CAN 2023, ils affirment qu'il a failli réussir jusqu'à ce que le Président tranche dans les derniers instants sur l'option Beugré Mambé, option politique finement jouée au regard du contexte local et de l'agenda immédiat ( organisation de la CAN, chantiers en cours, métrologie, inflation..., ndlr).

D'ailleurs, à ce propos, toujours d'informations concordantes reçues, les premières réunions avec Beugré Mambé ont déjà accouché de solutions au grand bonheur de ceux qui, hier, étaient mis de côté ou "bloqués", à l'image du Ministre Bouaké Fofana, étrangement pas associé aux réunions d'alors de préparation de la CAN à la primature alors que l'assainissement et la question de la distribution d'eau est essentielle.

Si Patrick Achi, qui s'est envolé mercredi pour la France après la passation de charges, n'a peut-être pas dit son dernier mot, en mai, nous informions déjà sans les citer que certains parlaient du Président au passé. Peut-être s'y voyaient-ils déjà, pensaient-ils que leur plan allait fonctionner, avaient-ils déjà enterré politiquement Alassane Ouattara. À cette heure, nul doute qu'ils doivent méditer tant le patron du Palais présidentiel et son numéro deux semblent avoir une longueur d'avance et plus d'un tour dans leur sac.

Ak