Côte d'Ivoire : Conflit foncier à Eloka-To, des propriétaires terrains rejettent les explications de la chefferie et exigent la restitution de leurs parcelles spoliées
Suite à la réaction de Jean-Daniel Agoua, intervenant au nom de la chefferie du village d'Eloka-To dans le conflit foncier auquel fait face ce village depuis quelques semaines, la réplique du côté des propriétaires terriens ne s'est pas fait attendre. Au cours d'un point de presse animé, mercredi 04 septembre, ces propriétaires terriens, par la voix de Danho Danho Richmond, leur porte-parole, ont qualifié de contre-vérités les propos avancés par le représentant de la chefferie d'Eloka-To.
Le conférencier au cours de cette rencontre avec les médias est revenu sur chaque point abordé par Jean-Daniel Agoua lors de son intervention.
"En réaction aux faits tels qu’exposés, Monsieur Jean-Daniel Agoua, intervenant au nom de la chefferie d’ELOKATO a cru bon justifier ces abus. Pour une meilleure compréhension de cette intervention inopportune, il convient de se prononcer sur chaque point de cette intervention", a-t-il annoncé, avant de démonter point par point les arguments de celui-ci.
"Monsieur Jean-Daniel AGOUA soutient qu’il y aurait vice de procédure au motif que le groupe WENINCY n’aurait pas pris attache avec les personnes-ressources, sans indiquer de qui il s’agit. Le disant, il nie toute liberté aux véritables propriétaires terriens de disposer de leurs biens comme ils l’entendent. Cet argument ne tient pas, dans la mesure où les terres concernées appartiennent exclusivement aux propriétaires terriens présents qui ont la liberté de conclure avec l’opérateur de leur choix sans que la chefferie ne leur impose sa volonté ou n’agisse pour eux alors qu’ils ne lui ont donné aucun mandat", assène-t-il.
Sur le fait que seule une famille sur les 33 personnes plaignantes serait habilitée à avoir accès aux droits coutumiers sur les parcelles en question, comme déclaré par Jean-Daniel Agoua, le porte-parole des propriétaires terriens s'inscrit totalement en faux.
" Monsieur Jean-Daniel AGOUA soutient que parmi les 33 personnes qui se plaignent, seule une seule serait chef de famille de sorte que les 32 autres n’auraient aucun droit coutumier sur les parcelles mises à la disposition de WENINCY GROUP. Cela est totalement faux. Et pour le prouver, chacun va décliner son identité et sa qualité", a-t-il mis au défi.
Par ailleurs, concernant l'attestation signée par le défunt chef d'Eloka-To au profit de Monsieur Kragbé avec l'accord de tout le village, Danho Danho Richmond a battu en brèche une telle allégation.
"Monsieur Jean-Daniel Agoua prétend que le défunt chef aurait signé une attestation en 2015 au profit de Monsieur Kragbé avec l’accord de tout le village. Non seulement, cela est faux, puisque les propriétaires ici présents n’ont jamais donné leur accord pour qu’une attestation globale soit délivrée sur leurs parcelles à un opérateur qu’ils ne connaissent pas, mais en plus, la chefferie a outrepassé son pouvoir en mettant dans le commerce des biens qui ne lui appartiennent pas", a-t-il récusé.
Le représentant de la chefferie d'Eloka-To, dans sa réaction, a fait savoir que l'opérateur immobilier Wenincy Group aurait produit des attestations anti-datées. Là encore, les propriétaires terriens ont tenu à démentir.
" Monsieur Jean-Daniel Agoua soutient que WENINCY GROUP aurait produit des attestations anti-datées du 22 octobre 2019 alors que le chef Dogba Koutouan est décédé en février 2019. Cette affirmation est de pure mauvaise foi. Monsieur Jean-Daniel Agoua sait pertinemment que les attestations de propriété coutumière sont pré-signées et délivrées à la date du paiement des droits y liés. C’est d’ailleurs la pratique dans les villages ébriés. Sur ce point, si tant est que les attestations délivrées à WENINCY GROUP sont fausses en raison de la date de leur signature, alors quelle serait la réponse de Monsieur Jean-Daniel AGOUA à la question de savoir pourquoi la demande d’ACD à l’initiative de la chefferie date de novembre 2019 alors que celui qui était censé porter cette demande est décédé en février 2019 ? Il est évident qu’une personne décédée ne peut pas exprimer de volonté de sorte que c’est en pure fraude que cette demande d’ACD lui est attribuée", a-t-il argumenté.
S'agissant de la parcelle de 64 ha détenue par la chefferie, Danho Danho Richmond au nom des propriétaires terriens a déclaré : " Monsieur Jean-Daniel Agoua déclare que la chefferie détient une parcelle de 64 ha. La vérité est là. C’est un aveu qui met fin au débat et qui confirme que la chefferie a outrepassé ses droits et est disqualifiée à contester les faits qui lui sont reprochés. La chefferie a obtenu un titre sur plus de 300 ha alors qu’elle reconnaît qu’elle n’est propriétaire que de 64 ha au titre de la communauté villageoise. Dans ces conditions, qu’est-ce qui l’autorise à se faire établir un titre englobant plus de parcelles qu’elle n’en a et qui de surcroit ne lui appartiennent pas ?", s'est-il interrogé.
Sur la plainte déposée par la chefferie en l'encontre de l'opérateur Adangbo Dogbo Franck, Danho Danho Richmond s'est aussi prononcé.
"Monsieur Jean-Daniel Agoua invoque, enfin, une plainte que la chefferie aurait formalisée contre Monsieur Adangbo Dogbo Franck devant Monsieur Procureur de la République. C’est le lieu de préciser que Monsieur Adangbo Dogbo Franck n’est pas propriétaire terrien et ce n’est pas lui qui s’oppose présentement à la chefferie. Ce sont eux les propriétaires qui réagissent à la forfaiture de la chefferie et ce sont eux qui ont contracté avec Monsieur Adangbo Dogbo Franck. Le sort de Monsieur Adangbo Dogbo Franck n’est pas à lier à leur qualité de propriétaires des parcelles dont on veut les spolier. En fait, la plainte contre l’opérateur qu’ils ont librement choisi est faite pour les inciter à cesser toute revendication", a-t-il relevé.
Comme on le voit, ces propriétaires terriens, en dépit de tout, ne sont pas prêts à se laisser intimider dans ce litige foncier où plusieurs de leurs parcelles sont en jeu.
"Les parcelles concernées nous appartiennent à nous, propriétaires terriens ici présents. Nous nous retrouvons ainsi dépossédés de nos parcelles de terre au profit de la Communauté villageoise de ELOKA-TO, alors même que nous ne les avons jamais cédées. Nous n’avons, au grand jamais, signé de convention avec l’opérateur Monsieur Kragbé, les sociétés RIIA et CIFIAP, encore moins donné notre accord pour toute autre exploitation ou transaction", rappellent-ils à quiconque tentera de les spolier de leurs parcelles.
Wassimagnon
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